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Shirley Clarke, l'expérience américaine

Depuis lundi (16 septembre 2013) le Centre Pompidou - dans le cadre du festival d'Automne - rend hommage à la réalisatrice américaine Shirley Clarke (1919-1997), grande oubliée du cinéma indépendant US. Ces trois principaux longs métrages sont inédits en dvd.

Présentation du Centre Pompidou :
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Figure majeure du cinéma indépendant Américain, Shirley Clarke laisse derrière elle une filmographie riche de ses engagements dans une société américaine en plein bouleversement. Signataire du manifeste pour le New American Cinema et co-fondatrice de la Film-Makers’ Cooperative à New-York avec Jonas Mekas, Shirley Clarke compte parmi les acteurs les plus actifs dans la défense d'un cinéma libéré du modèle de production Hollywoodien. Danseuse de formation, c'est en 1953 que la cinéaste réalise ses premières expérimentations avec une série de films courts inspirés des chorégraphies pour caméra de Maya Deren. Bien que la danse constitue un élément central dans son oeuvre, c'est en travaillant à la croisée du documentaire et de la fiction qu'elle obtient une reconnaissance internationale. Avec The Connection (1961), The Cool World (1963) et Portrait of Jason (1967), Shirley Clarke développe un cinéma en prise directe avec la réalité sociale de son pays pour dresser le portrait de ses marges : musiciens de Jazz, drogués, afro-américains ou encore prostitués. Après une longue période d'expérimentations vidéo, la cinéaste signe avec Ornette: Made in America (1985) son retour au long-métrage et renoue avec son intérêt toujours avéré pour le Jazz. Après Jonas Mekas et à l’occasion de la ressortie en salle de The Connection et Portrait of Jason en version restaurée, le Centre Pompidou consacre, du 16 au 29 septembre, une rétrospective à Shirley Clarke. Son œuvre, qui reste à ce jour un témoignage poignant sur la culture américaine, y est mise en perspective avec les films de quelques contemporains, amis et compagnons de route qui, comme elle, ont montré une autre Amérique et contribué à créer un cinéma indépendant.
Née en 1919, Shirley Clarke s’est éteinte le 23 septembre 1997 à New York, la ville qui l’aura vu naître et travailler. Fille d’un riche entrepreneur d’origine juive-polonaise et d’une mère issue de la grande bourgeoisie newyorkaise, Shirley Brimberg Clarke se passionne très tôt pour la danse moderne et envisage durant de nombreuses années une carrière de danseuse professionnelle. Contre l’avis de son père, elle suit, tout au long de sa scolarité en cachette divers cours de danses au cours desquels elle se familiarise avec les styles avant-gardistes dominants de l’époque, particulièrement celui de Martha Graham. Elle s’émancipe du cadre familial en épousant Bert Clarke, un lithographe, en 1944 avec lequel elle aura deux ans plus tard sa fille Wendy. Encouragée par son mari, Shirley Clarke intègre divers groupes de danseurs et se produit à de nombreuses reprises. Elle abandonne ses espoirs de devenir un jour danseuse au tournant des années cinquante, moment où elle commence à réaliser ses premiers films à l’aide d’une caméra Bolex 16mm reçue en cadeau de mariage. Elle s’impose très rapidement dans le genre du film de danse en entretenant un lien avoué avec les travaux pionniers de Maya Deren. Elle obtient son premier succès avec Bridges-Go-Round en 1958, film avec lequel elle s’affirme comme une figure montante du cinéma d’avant-garde américain. Contactée par le célèbre documentariste Willard Van Dyke, avec lequel elle co-réalise Skyscraper en 1959, Shirley Clarke s’expérimente à la pratique du film documentaire et multiplie les collaborations avec les auteurs les plus représentatifs de la nouvelle génération : D.A. Pennebaker, Albert Maysles ou encore Richard Leacock (Brussels Loops , 1957 ; Opening in Moscow, 1959). Elle intègre la scène du cinéma indépendant newyorkais sous l’égide de Jonas Mekas et co-signe en 1960 le manifeste pour le New American Cinema. Très engagée dans la promotion d’un cinéma libéré des contraintes de l’industrie hollywoodienne, elle crée avec Mekas la New York Film-makers’ Coop, première coopérative de distribution dédiée à cette production. C’est en adaptant une pièce de théâtre à succès de Broadway qu’elle signe en 1961 son premier long-métrage, The Connection. Ce film, qui constitue à ce jour un des plus grand succès du cinéma indépendant américain, fit l’ouverture de la semaine de la critique à Cannes et permit à Shirley Clarke d’obtenir une visibilité internationale. Censuré à New York, The Connection posait un regard inédit pour l’époque sur les marginaux en réunissant, le temps d’un huis-clos brechtien, musiciens de jazz, afro-américains et toxicomanes. Son attention à l’égard des minorités trouve une nouvelle configuration, dans The Cool World , premier film réalisé intégralement dans le ghetto noir d’Harlem en 1964 avec des acteurs non-professionnels et l’indispensable apport de son nouveau mari, Carl Lee, acteur afro-américain déjà présent dans The Connection. Avec ce film la cinéaste brouille encore plus le rapport entre fiction et documentaire, une méthode qui aboutira pleinement avec Portrait of Jason tourné une nuit de décembre 1966 dans une chambre du mythique Chelsea Hotel à New York. Le protagoniste du film, Jason Holliday, un prostitué noir et gay, acteur génial mais sans carrière s’engage, seul face à la camera, dans un long monologue autobiographique. Portrait of Jason demeure à ce jour le film le plus personnel et le plus radical de Shirley Clarke. Avec l’arrivée de la vidéo dans les années soixante-dix et la frénésie créative qui entoure ce nouveau médium, Shirley Clarke abandonne sa camera 16mm pour se consacrer à l’expérimentation vidéo au sein du collectif Teepee Videospace Troupe. Influencée par le travail de Nam Jun Paik, elle produit des installations - Video Totem - axées essentiellement sur un caractère de simultanéité. Son dernier long-métrage, Ornette: Made in America , réalisé en 1985, puise sa singularité dans l’hybridation de la vidéo et du cinéma. Shirley Clarke reprend à travers ce portrait du musicien de jazz Ornette Coleman la majorité des thèmes de son œuvre et témoigne de son inépuisable volonté d’échapper aux formes figées. The Connection Adapté d’une pièce de théatre du living theater écrite par Jack Gelber, le The Connection, premier long-métrage de Shirley Clarke, reste à ce jour un des plus grand succès du New American Cinema. Film d’ouverture de la semaine de la critique à Cannes The Connection permit à la cinéaste d’obtenir une visibilité internationale... Censuré à New York pour obscénité, le film pose un regard inédit pour l’époque sur la marginalité en réunissant, le temps d’un huis-clos brechtien, un cinéaste blanc, des musiciens de jazz et des toxicomanes. 

Chorégraphies pour Caméra (1)
Au début des années cinquante, Shirley Clarke - danseuse de formation - réalise une série d’essais de danse filmée en privilégiant, dès son premier film Dance in the Sun (1953), l’effacement de la scène de représentation. Influencée par le cinéma de Maya Deren, la cinéaste obtient avec Bridge-Go-Round (1958), un film de danse sans danseurs, la reconnaissance de la scène expérimentale.
Dance in the Sun – 1953 – Shirley Clarke – 16mm – coul – son – 9min
Bullfight – 1955 – Shirley Clarke – 16mm – coul – son – 11min
A Moment in Love – 1956 – Shirley Clarke – 16mm – coul – son – 11min
A Study in Choreography for Camera – 1945 – Maya Deren – 16mm – nb – sil – 2min
The Very Eye of Night – 1958-1959 – Maya Deren – 16mm – nb – son – 15min
In Paris Parks – 1954 – Shirley Clarke – 13min – 16mm – coul – son
> mercredi 18 septembre 2013 à 19h00

Chorégraphies pour Caméra (2)
Après s’être retirée d’une scène où elle était omniprésente dans les années soixante, Shirley Clarke s’essaie à l’expérimentation vidéo. En complète rupture avec ses premiers essais de danse filmée, Four journeys into mystic time (1978-79) rassemble quatre films de danse au style épuré, quasi minimaliste. 
Four Journeys into Mystic Time – Initiation – 1978 – Shirley Clarke – 16mm – coul – son – 28min
Four Journeys into Mystic Time – Mysterium – 1979 – Shirley Clarke – 16mm – coul – son – 12min
Four Journeys into Mystic Time – Trans– 1979 – Shirley Clarke – 16mm/video – coul – son – 9min
Four Journeys into Mystic Time – One-2-3 – 1979 – Shirley Clarke – 16mm/video – coul – son – 6min Bridges-Go-Round – 1958 – Shirley Clarke – 16mm – coul – son – 7min
> jeudi 19 septembre 2013 à 20h00

The Connection (1961)

Adapté d’une pièce de théatre du living theater écrite par Jack Gelber, le The Connection, premier long-métrage de Shirley Clarke, reste à ce jour un des plus grand succès du New American Cinema. Film d’ouverture de la semaine de la critique à Cannes The Connection permit à la cinéaste d’obtenir une visibilité internationale... Censuré à New York pour obscénité, le film pose un regard inédit pour l’époque sur la marginalité en réunissant, le temps d’un huis-clos brechtien, un cinéaste blanc, des musiciens de jazz et des toxicomanes.
> 23 septembre 2013 à 20h00

The Connection ressort en salle le 18 septembre 2013.

The Cool World (1963)

Adapté du roman de Warren Miller et tourné à Harlem en 1962, The Cool World dresse un portrait singulier, entre fiction et réalisme documentaire, du ghetto noir et de ses habitants. Entourée d’acteurs non-professionnels repérés dans la rue, Shirley Clarke privilégie l'improvisation et radicalise une méthode amorcée avec The Connection. Dans The Cool World la liberté formelle s'accompagne d’un regard sur le réel inédit, au point que Miles Davis a pu affirmer que le sous-titre du film aurait dû être simplement The Truth, la Vérité. 
> 20 septembre 2013 à 20h00  

Portrait of Jason (1967)

Portrait of Jason a été tourné une nuit de décembre 1966 dans une chambre du mythique Chelsea Hotel à New York. Durant de longues heures, la réalisatrice enregistre l’histoire de Jason Holliday, un prostitué noir et gay, acteur génial mais sans carrière, engagé dans un monologue autobiographique, pathétique et histrionique. Seul face à la caméra, Jason se remémore une vie qu’il s’est inventé depuis son enfance. Tout autant que le portrait d’un homme, Portrait of Jason dresse en filigrane et depuis ses marges, un tableau sombre de la société américaine des années soixante, homophobe et raciste, hantée par le maccarthysme et la guerre du Vietnam. 

Portrait of Jason ressort en salles le 16 octobre prochain.

source : Centre Pompidou

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