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Toshio Matsumoto : sur mes films

A côté des Akira Kurosawa, Kenzo Mizogughi, Ozu, voire Hideo Gosha, bien représenté en dvd dans l'hexagone, d'autres ont beaucoup plus de mal à percer dans notre beaux pays. Si on peut jeter la faute aussi bien à certains éditeurs pour avoir saturés le marché de films de piètre qualité, on peut également souligner la frilosité des consommateurs à l'égard du cinéma nippon "underground".
Pour autant, estimons nous chanceux (même si tout est perfectible) car avec des coffrets Koji Wakamatsu, Seijun Suzuki et autres Shohei Imamura, la France reste l'une des terres les plus accueillantes pour le cinéma japonais.


Espérons qu'un jour, un éditeur se penche sur la carrière cinématographique de Toshio Matsumoto, auteur du remarquable Funeral Parade of Rose en 1969 et dont voici un des rares articles en français. Ironie de l'histoire celui-ci provient non pas d'une revue sur le cinéma mais sur la photographie.
Depuis quelque temps, alors que le cinéma commercial reste dans une situation stagnante, on voit naître dans le domaine du cinéma expérimental des tentatives pleines d'intérêt, apportent des idées stimulantes, une imagination sans bornes, une personnalité originale et des recherches techniques. Les occasions de voir ces films sont assez rares pour les cinéphiles  A Tokyo, à part les représentations régulières de l'Underground Cinémathèque qui restent limitées aux cinéphiles avertis, il n' y a guère qu'une ou deux programmations par mois, organisées ponctuellement par des groupes divers. Seulement une ou deux fois par an, est organisée une projection "ouverte" de ce genre de films.
C'est pourquoi la présentation qui s'est tenue à Tokyo pendant deux semaines à l'automne 1976, présentait un caractère exceptionnel vu qu'y a été montré un panorama des films expérimentaux les plus importants - et de leurs auteurs - depuis 1970.
En regardant ces soixante-treize films, à raison de deux réalisateurs par soirée, je ne pouvais m'empêcher de constater que le cinéma japonais d'avant-garde est arrivé à constituer, par la qualité et la quantité, "un autre royaume du cinéma".
Quant à moi, ce qui me pousse à faire du cinéma expérimental, c'est, dans la plupart des cas, mon attirance vers les éléments étranges, irrationnels, mystérieux et magiques. Je voudrais exposer ici ma méthode de travail, en prenant pour exemple mon film Atman, crée en 1975.
Atman signifie dans la philosophie hindoue le "soi" non cartésien qui s'identifie avec le Brahmane ou origine de l'univers absolu.
La première image que j'ai conçue de ce film est celle d'une nature s'étendant à l'infini dans laquelle la caméra tourne autour de moi. Pour pousser cette image jusqu'à l'extrême limite - afin de démontrer la décomposition du "moi" qui est supposé être le centre de tout ça - mon plan de tournage est devenu quelque chose à proprement parler d'"affolant". Le champ circulaire du mouvement est composé de dix cercles concentriques réguliers que j'ai divisés en quarante-huit rayons. Les quatre cent quatre-vingts points ainsi obtenus signifient "les positions décomposées du matériel de tournage" qui vont servir à reconstruire le mouvement de la caméra dans la deuxième tournage, plan par plan.


En regardant le graphique (voir le plan 1), d'autres idées importantes me sont apparues. Le "moi" au centre des cercles devient d'abord très abstrait et flou, mais soudain se transforme en une image de "hannya".
Le centre du champ qui devrait exprimer le conflit intérieur du "moi" est représenté par le hannya. Cette image m'attirait par le fait qu'elle est en même temps le symbole de l'amour propre et de la sagesse. Dans cette dualité contradictoire, je vois une signification profonde. Ma deuxième idée a été d'utiliser de la pellicule à infrarouge, ce qui n'avait jamais été fait au Japon. J'ai donc dû répéter les essais de filtres et le développement. J'ai utilisé exprès des filtres verts et bleus déconseillés sur le mode de l'emploi Kodak : c'était pour rendre le film plus étrangement fantasmagorique.
La projection d'Atman m'a soudain rappelé mon premier film, Poème de la pierre (1963). J'y ai retrouvé les mêmes tentatives. Je m'étais inspiré de deux idées : prendre comme matière première la pierre et composer ce film uniquement avec des photos. Je voulais faire refléter, par la pierre et la photo, l'image de la mort et y faire revivre la vie. Depuis ma première œuvre, il me semble que je m'obstine à m'imposer des conditions draconiennes et une matière qui permet de pousser l'imaginaire jusqu'à ses limites extrêmes. Partant d'une simple dispositive représentant une cuvette de WC - et en m'y limitant - j'ai voulu montrer dans Metstasis la naissance et la disparition d'un être vivant. Dans Autonomy, par le rythme des vagues déferlantes, j'ai voulu méditer sur le battement profond de l'univers ; de même pour d'autres de mes films, comme Mona Lisa, Fly, Shikisoku.

Toshio Matsumoto in Zoom #45 (1977) p.6
Les films évoqués dans l'article sont visibles sur internet "grâce" à des cinéphiles qui les ont posté sur un fameux site de partage.

ATMAN / 1975 / 11 minutes

 
MONA LISA / 1973 / 3 minutes
SIKI SOKU ZE KU / 1975 / 7 minutes

Le film Les Funérailles des Roses est en vente sur theendstore.com

Artus Films tire encore

Après les trois western édités en mai dernier (Texas, Un train pour Durango et Joe l'implacable), Artus films vide leur barillet (pour cette année ?) avec trois nouveaux westerns inédits et en version intégrale.

LES COLTS DE LA VIOLENCE / Mille dollari sul nero / Alberto Cardone / 1966
Avec : Anthony Steffen, Gianni Garko, Erika Blanc

Après avoir purgé une longue peine de prison pour un crime qu’il n’a pas commis, Johnny rentre chez lui. Il se rend vite compte que son frère, Sartana, est devenu un bandit redoutable, à la tête d’une bande de pillards, dictant sa propre loi dans la région. Il a, de plus, fait sienne la femme que Johnny aimait, et couvre leur mère de bijoux volés. Johnny va barrer le chemin à Sartana et entreprendre sa vengeance fratricide.

Les suppléments : 1000$ sur le noir, par Curd Ridel, diaporama d'affiches et photos, bandes-annonces.

Comme très souvent (toujours ?) lorsqu'il s'agit de découvrir des "western all'italiana", on ressort la bible de Jean-François Giré, le Western Européen, afin d'en apprendre davantage sur ces longs-métrages.
"Les Colts de la violence, sans être un grand film, possède moult qualités qui méritent d'être soulignées. Une forte tension, dramatiquement bien soutenue, maintient la pression durant toute l'histoire [...] Développé sur le mode de la démesure théâtrale, le film de Cardone s'articule autour du thème haine / amour dans lequel ne cesse d'évoluer le triangle familiale [...] l'ensemble reflète l'évolution du western européen assumant de plus en plus son exubérance latine, ses excès visuel et théâtraux. Sur le plateaux de tournage, Gianni Garko et Anthony Steffen ,e s'appréciaient guère, ceci a peut-être inconsciemment influencé l'agressivité qui règne dans les scènes de confrontation entre les deux frères."
Mais ceci sera le seul extrait puisque ni Bandidos, ni Killer Kid n'ont bénéficié d'avis dans la première édition de l'ouvrage. Si Killer Kid a droit à un générique technique, Bandidos doit se contenter d'une simple évocation lors de l'index des réalisateurs. Le cinéphile connait pourtant la carrière de Massimo Dallamano (1917-1976), réalisateur de La Lame Infernale, Mais qu'avez vous fait à Solange ou sa version de Venus in furs. Dallamano était un véritable artisan de la série B italienne que se soit en tant que metteur en scène ou en directeur photo (Duel au Texas, Et pour une poignée de dollars).
Nul doute que cette absence de commentaire s'explique en partie par la rareté des films et non par un choix éditorial de Jean-François Giré (si vous nous lisez, n'hésitez pas à poster votre avis dans les commentaires du message).

BANDIDOS / Massimo Dallamano / 1967
Avec : Enrico Maria Salerno, Terry Jenkins, Venantino Venantini



Richard Martin, un remarquable tireur, se fait attaquer par des bandits à la solde de Billy Kane, qui a jadis été son élève. Billy lui laisse la vie sauve, pour ne plus rien lui devoir, mais meurtrit ses deux mains. Richard se retrouve comme une moitié d’homme, et devient alcoolique. Pour assumer sa vengeance, il décide de former un nouvel élève : Ricky Shot.

Les suppléments : Tu meurs, mais je reste en vie, par Curd Ridel, diaporama d'affiches et photos, bandes-annonces.

KILLER KID / Leopoldo Savona / 1967
Avec : Anthony Steffen, Fernando Sancho, Luisa Barratto

Lors de la révolution mexicaine, des trafiquants américains pillent l’armée pour revendre les armes aux révolutionnaires, commandés par Vilar. Pour arrêter ce trafic, l’état envoie le capitaine Morrison, en le faisant passer pour le bandit Killer Kid. Mais devant les atrocités commises par l’armée, Morrison se range du coté des mexicains, et tombe amoureux de la belle Mercedes, une des chefs de la révolution. 

Les suppléments du DVD - Je suis un tueur, par Curd Ridel - Générique international - Diaporama d'affiches et photos - Bandes-annonces

Petit à petit, l'amateur de "western spaghetti" voit sa collection s'agrandir grâce au dévouement d'éditeurs désireux de combler l'attente des fans et de participer dans la reconnaissance d'un patrimoine européen. Croisons les doigts pour qu'un jour le péplum, autre genre italien emblématique soit traité de la même manière.

coming soon : theendstore.com 

source : Artus Films

L'Etrange Festival 2013

Pour la première fois en trois ans, l'auteur de ces lignes ne se rendra pas dans la capitale pour vivre la XIXième édition de l’Étrange Festival, manifestation emblématique qui a révélé bon nombre de cinéaste alors peu ou pas connu du tout (on pense à Wakamatsu, Ishii ou José Mojica Marins). Mais on garde le sourire avec la programmation et on prépare dès aujourd'hui la XXième qui risque d'être mémorable.
(Cliquez sur les images pour les agrandir)

FILM D'OUVERTURE :
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THE BERLIN FILE / THE AGENT / / 2013
Pyo Jong Suk est un agent double nord-coréen en mission à Berlin. Son identité compromise, il cherche à fuir avec sa femme Jung Hee, traductrice à l’ambassade nord-coréenne. Commence une course-poursuite effrénée tandis que Corée du Nord et Corée du Sud envoient leurs agents pour les éliminer.


COMPÉTITION INTERNATIONALE :
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WHY DON'T YOU PLAY IN HELL ? / SONO SION / 2013
Muto et Ikegami sont deux gangsters qui se détestent : l’un tente de réaliser le rêve de sa femme en cherchant un rôle de cinéma pour sa fille, l’autre est amoureux de cette dernière. Un réalisateur indépendant décide de la prendre comme actrice principale de son film. Évidemment, rien ne se passe comme prévu…

THE MAJOR / Yuri Bykov / 2013
Un jour d’hiver, Sergey Sobolev, commandant de police locale,est en route vers l’hôpital où sa femme s’apprête à accoucher. Surexcité, il renverse un enfant qui meurt à la suite de l’accident. Le commandant a deux options : aller en prison ou cacher le crime. Sobolev décide alors de compromettre sa conscience et appelle un collègue pour l’aider. Mais l’affaire se complique et quand Sobolev change d’avis et décide de se racheter, il est déjà trop tard... 

BLUE RUIN  / JEREMY SAULNIER / 2013
Un vagabond solitaire voit sa vie bouleversée par une terrible nouvelle. Il se met en route pour la maison de son enfance afin d’accomplir sa vengeance.





UGLY / Anurag Kashyap / 2013
Rahul et Shalini, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Mumbai. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît.Commence alors une enquête où tout le monde devient suspect…


BELENGGU / / 2013
Elang se consume de solitude dans son appartement et gagne sa vie comme barman dans un nightclub. Sa routine est bouleversée lorsqu’un soir il rencontre Jingga, une mystérieuse jeune fille qui cache un lourd secret. Pendant ce temps, un tueur déguisé en lapin rôde dans le quartier, semant la paranoïa parmi les habitants.  

CONFESSION OF MURDER / Byeong-gil Jeong / 2012
Lorsque le délai de prescription de quinze ans applicable à l’un des crimes commis par un tueur en série expire, un membre de la famille victime se jette du haut d’un immeuble, sous le regard impuissant du détective Choi Hyeong Gu. Deux ans plus tard, un homme publie un livre autobiographique dans lequel il s’attribue la responsabilité des meurtres.

THE RESSURECTION OF A BASTARD / Guido Van Driel / 2013
Trois récits convergents : l’histoire d’un fermier des Frises qui veut se venger, celle d’un criminel d’Amsterdam qui survit par miracle à un attentat et celle d’un immigré clandestin au futur incertain.

WE ARE WHAT WE ARE / Jim Mickle / 2013
Les Parker sont connus dans le village pour leur grande discrétion. Derrière les portes closes de leur maison, le patriarche, Franck, dirige sa famille avec rigueur et fermeté. Après le décès brutal de leur mère, Iris et Rose vont devoir s’occuper de leur jeune frère Rory… 

BIG BAD WOLVES /Aharon Kkeshales & Navot Papushado / 2013
Tabassé par la police afin de lui soutirer des aveux, Dror, un jeune enseignant religieux, est finalement relâché. La police continue de traquer un tueur en série qui s’attaque à de jeunes filles. Seul Miki, un flic renvoyé pour son erreur, persuadé de sa culpabilité, continue de le suivre et découvre que Dror est également la cible de Gidi, le père de la dernière victime du tueur, bien décidé à faire justice lui-même... 

A FIELD IN ENGLAND / Ben Wheatley / 2013
Pendant la guerre civile, un petit groupe de déserteurs s’échappe. Ils sont capturés par deux hommes. L’un d’entre eux, un alchimiste, force le groupe à l’aider à trouver un trésor enterré dans un champ. En franchissant un vaste cercle de champignons, le groupe sombre dans la paranoïa et devient victime d’énergies terrifiantes…

CONTRACTED / Eric England / 2013
Persuadée d’avoir contracté une maladie sexuellement transmissible lors d’une soirée sans lendemain, Samantha se rend chez son médecin. Le diagnostic s’avère bien plus redoutable…


OMNIVORES / Oscar Rojo / 2013
Marcos, critique gastronomique, accepte une enquête sur les restaurants clandestins. Au fil de son investigation, il rencontre Eva, une femme qui l’aide dans ses recherches et découvre un restaurant servant à ses clients de la viande humaine pour une somme prohibitive. Sûr de son scoop, il demande à l’éditeur l’ayant missionné de mettre le prix pour accéder aux mets.

VHS 2 / Simon Barrett, Jason Eisener, Gareth Evans, Gregg Hale, Eduardo Sanchez, Timo Tjahjanto, Adam Wingard / 2012
Deux officiers de police enquêtent sur la disparition d’un élève. Pendant leur enquête, ils tombent sur une étrange collection de cassettes VHS... 

THE RAMBLER / Calvin Lee Reeder / 2013
Un homme qui sort de prison doit composer avec le monde réel. Au gré de ses pérégrinations, il perd progressivement le sens de la réalité et bascule dans un univers cauchemardesque où tout peut arriver. Absolument tout...

THE STATION / Marvin Kren / 2013
Janek est technicien dans une station de ski. La découverte d’un liquide rougeâtre s’échappant d’un glacier génère des effets toxiques sur les animaux de la région et bouleverse son existence paisible, soudainement confrontée à des hordes de monstres...

O HOMEN DO FUTURO / Claudio Torres / 2011
Joao est un professeur de physique aigri qui enseigne la mécanique quantique. Durant son temps libre, il travaille sur une forme d’énergie alternative. Mais une erreur de manipulation va le renvoyer vingt ans auparavant, le jour même où il s’est fait publiquement humilier lors d’une soirée où il perdit l’amour de sa vie, Helena... 

EUROPA REPORT / Sebastian Cordero / 2013
Une équipe internationale de six astronautes, envoyée en mission vers la quatrième lune de Jupiter, enquête sur une possible existence extraterrestre...

IT'S SUCH A BEAUTIFUL DAY / Don Hertzfeldt / 2012
Dernier volet d’une trilogie composée de Everything Will Be OK et I Am so Proud of You, mettant en scène Bill, un personnage souffrant de troubles mentaux, obligé à reconsidérer le sens de sa vie.
WRONG COPS / Quentin Dupieux / 2013
Los Angeles 2014. Duke, un flic pourri et mélomane, deale de l’herbe et terrorise les passants. Autour de lui, un chercheur de trésors ; un obsédé sexuel; une femme flic maître chanteur; un borgne difforme se rêvant star.




FILM DE CLÔTURE :
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HAUNTER / Vincenzo Natali / 2013

Lisa est décédée en 1986 dans des circonstances étranges, aux côtés de sa famille, après qu’ils furent tous piégés dans leur propre maison. Devenue un fantôme, elle va alors tenter de protéger une jeune fille qui vient habiter dans cette même bâtisse et qui risque de subir le même sort.



Outre ces 20 films en compétion L’Étrange Festival proposera une vingtaine de films en avant-première ou en première française

> 9 mois ferme d’Albert Dupontel
> Tik tik Aswang Chronicles d’Erik Matti
> A little bit zombie de Casey Walker
>Blood C: the last dark de Naoyoshi Shiotani
> Les dépravés de Philippe Barassat
> The last supper de Lu Chan
> Frankenstein’s army de Richard Raaphorst
> Miss Zombie de Sabu, alias Hiroyuki Tanaka
> Borgman d’Alex Van Warmerdam
> El Santos VS la tetona mendoza d’Alejandro Lozano et Andrés Couturier
> Dark touch de Marina De Van
> Wasteland de Rowan Athale
> Tore tanzt de Katrin Gebbe
> Worm d’Andrew Bowser
> Bad film de Sono Sion
> The taking de Cezil Reed et Lydelle Jackson
> Found de Scott Schirmer
> Ghost graduation de Javier Ruiz Caldera
> Northwest de Michael Noer

Ajoutez à tout cela, deux cartes blanches à Albert Dupontel et Jello Biafra, deux hommages à Martine Beswick ( Dr Jekyll & Sister Hyde, El Chuncho, The penthouse) et Caroline Munro (Le Voyage fantastique de Sinbad, Maniac, Starcrash), plus deux nuits (Bad Girls et Divine) plus des documentaires (That’s Sexploitation de Frank Henenlotter ; L’autre monde et The secret glory de Richard Stanley,...), plus un focus sur Stephen Sayadian (Night dreams, Café Flesh, Saya Party doll A go-go!, Dr Caligari) et bien entendu les pépites de l'étrange (La Belladonne de la tristesse, Joe, Murder party, Caravane vers le soleil, Parents, Blood diner,...). Bref vous l'aurez compris ces dix jours (du 5 au 15 septembre) s'annoncent dantesque et il sera très difficile de tout voir.

Retrouvez tous les autres films et les horaires sur le site de l’Étrange Festival.

The Works of Jonas Mekas

Dans le sillage du coffret édité par Re:voir et Potemkine pour les 90 ans de Jonas Mekas, Re:voir, le label de Pip Chodorov, et distributeur officiel des œuvres de Mekas en France, a continué de sortir parmi l’innombrable quantité de films du cinéaste cinq dvd constituant aujourd'hui un "pack".


Si on retrouve The sixties quartet, Guns of the trees, et Sleepness Nights Stories, déjà évoqué dans ces lieux, deux titres viennent complétés une offre unique au monde et une reconnaissance pour ce symbole de l'avant garde.

Présentation de l'éditeur :
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Cet ensemble est la continuation du coffret réunissant les oeuvres clefs de Jonas Mekas, l'un des plus importants cinéastes d'avant-garde new yorkais. Né en Lituanie en 1922, chassé par les armées soviétiques et nazies, Mekas arrive à New York avec son frère en 1949, après avoir passé quatre ans dans un camp de réfugié en Allemagne. Il s'achète aussitôt une caméra 16mm et commence, au jour le jour, à filmer le monde qui l'entoure. Il invente ainsi le journal filmé et affirme un style lyrique et profondément personnel, qui sublime le quotidien tout en témoignant de l'exil, de l'oppression politique et des forces vitales de la poésie.
Ce pack comprend son tout premier film "Guns of the Trees" (1962), son "Sixties Quartet" de films sur ses amis artistes - Warhol, Lennon, Ono ; Maciunas, la fondation du mouvement Fluxus ; et son amitié avec la famille de JFK - ainsi que trois de ses oeuvres vidéos des années récentes : la mort d'Allen Ginsberg, son déménagement de Manhattan vers Brooklyn, et son opus de 2011 "Sleepless Nights Stories", version mékassienne des 1001 Nuits.

Présentation  des deux autres films :
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A letter from Greepoint (2004 - 80 minutes - VOSTF)
En février 2004, après trente ans passés à SoHo, j'ai décidé de quitter le quartier pour m'installer à Greenpoint, à Brooklyn. Cette vidéo est sur ce que l'on ressent en quittant un lieu où on a passé plus de temps que n'importe où ailleurs, et qui était aussi celui de ma vie en famille. Je suis ailleurs maintenant. C'est une vidéo sur la création de racines dans un nouveau lieu, une nouvelle maison, avec de nouveaux amis, de nouvelles pensées et expériences. Mais c'est aussi une vidéo sur la vidéo. Je vais laisser Dominique Dubosc, mon bon ami parisien, en parler pour moi, dans une de ses récentes lettres : « Je crois que tu as enfin réussi à apprivoiser cette satanée caméra vidéo qui n'a été pendant si longtemps (et l'est toujours pour la plupart d'entre nous) qu'un simple enregistreur. Maintenant, c'est ta caméra-oeil, celle dont rêvaient les Kinoks. Bien sûr, il ne s'agit pas que de maîtriser la caméra. Le plus important, c'est l'énergie derrière. Le mouvement de la vie qui embrasse même la mort. Ça m'a donné un tel élan que je me sens à nouveau sur les rails. Merci. » Ce que voulait dire Dominique, et ce que je veux dire par là, c'est que lorsque en 1949, j'ai commencé à filmer avec ma Bolex, il m'a fallu quinze ans pour la maîtriser de telle sorte qu'elle fasse pour moi tout ce que je voulais. Quand en 1987, j'ai acheté ma première caméra Sony, j'ai pensé que ce serait différent. Mais non. C'est seulement aujourd'hui, après avoir travaillé quinze ans avec, que je sens qu'elle est devenue une extension de mon oeil, de mon corps. A Letter from Greenpoint est donc mon premier travail vidéo abouti.
 Jonas Mekas
Scenes from Allen's last three days on earth as a spirit (1997 - 67 minutes - VOSTF)

Enregistrement vidéo de la veillée mortuaire bouddhiste d'Allen Ginsberg, dans son appartement. Endormi maintenant pour toujours, on voit Allen dans son lit, entouré de ses amis proches, les moines bouddhistes chargés de la cérémonie, préparant Allen pour son voyage. La levée de son corps. Je parle avec Peter Orlovsky des derniers jours d'Allen. Puis, c'est le dernier adieu au Temple bouddhiste, 118 West 22ème Rue à New York, en présence de ses amis : Patti Smith, Gregory Corso, Peter Orlovsky, Le Roy Jones-Baraka, Hiro Yamagata, Anne Waldman et de beaucoup d'autres venus dire un dernier adieu à Allen.
Jonas Mekas

Encore une fois, on est frappé par la capacité de Mekas a passé du plus "futile" (un déménagement), à quelque chose d'intime (un enterrement), a saisir dans ces deux événements toute l'importance des étapes de sa vie et donc de la vie de chacun d'entre nous. Plus qu'un cinéaste, Jonas Mekas est l'oeil caméra qui a enregistré la (contre) culture du XXième siècle.

Disponible sur commande : contact[at]theeendstore[point]com / theendstore[at]gmail[point]com

Prix : 80 euro [pack 5 dvd]
Prix : 24 euro à l'unité

Nikkatsu : 100 ans de rebellion

Un nom, un logo emblématique, la Nikkatsu, crée en 1912, a fêté son centenaire l'année dernière. A cette occasion une grande rétrospective a circulé tout autour du monde. Tokyo, Hong-Kong, Londres, Nantes, Paris et Montréal. Un arrêt dans la "capitale" Québecoise organisé par le festival Fantasia et le festival du nouveau cinéma qui a donné l'idée au site canadien Panorama cinéma d'éditer dans la foulée un ouvrage retraçant les grandes étapes du studio nippon.


Pour beaucoup de cinéphile, la Nikkatsu évoque avant tout la maison qui a donné ses lettres de noblesse au pinku eiga sous l’appellation du Roman Porno, contraction de Romance et de Pornographie. La Nikkatsu a en effet produit 1134 films de ce genre à partir de novembre 1971 permettant au studio de redresser sa situation économique alors dramatique.

Mais la Nikkatsu a aussi abrité des grands cinéastes comme Mizoguchi à partir de 1920, Seijun Suzuki ou encore Shohei Imamura dans les années 60.

Dans cette ouvrage de 242 pages, il sera principalement question des iconoclastes, Imamura et Suzuki donc mais aussi des "petits" maîtres de films pop comme Yasuharu Hasebe (Le violeur à la rose).

Présentation de la table des matières :
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Sommaire
Introduction
L’évolution tranquille par Mathieu Li-Goyette

Première partie
Le pauvre coeur des hommes par Mathieu Li-Goyette
Passions juvéniles par Alexandre Fontaine Rouseau
Seul sur le Pacifique par Alexandre Fontaine Rouseau
Espace et culture dans le cinéma de Shohei Imamura par Marie-Josée Rosa Cochons et cuirassés par Maxime Monast
Profonds désirs des dieux par Mathieu Li-Goyette

Deuxième partie
Action à l’américaine : l’âge d’or de la Nikkatsu par Alexandre Fontaine Rouseau
A Colt Is My Passport par Alexandre Fontaine Rouseau
Les tueuses en collants noirs par Alexandre Fontaine Rouseau
Blind Woman’s Curse par Alexandre Fontaine Rouseau
Boulevard des chattes sauvages par Alexandre Fontaine Rouseau
Un renégat parmi les rebelles (sur Seijun Suzuki) par Alexandre Fontaine Rouseau
La jeunesse de la bête par Mathieu Li-Goyette
La barrière de la chair par Guillaume Fournier
Le vagabond de Tokyo par Alexandre Fontaine Rouseau
La marque du tueur par Alexandre Fontaine Rouseau
Quelques grains d’un sablier (sur Koreyoshi Kurahara) par Mathieu Li-Goyette
Intimidation par Ariel Esteban Cayer
Les amants désaxés par Alexandre Fontaine Rouseau

Troisième partie
Les secrets derrière le mur (sur Koji Wakamatsu) par Simon Laperrière
Femmes à sacrifier (sur le pinku/roman porno) par Mathieu Li-Goyette
La véritable histoire d’Abe Sada par Simon Laperrière
La femme aux cheveux rouges Maxime Monast
La femme aux seins percés par Simon Laperrière
Nikkatsu de ma jeunesse (sur l’expérience du visionnement en salles des pinkus au début des années 70) par Claude R. Blouin

Quatrième partie
Les filiations paradoxales de Kiyoshi Kurosawa par Suzanne Beth

Conclusion
Engloutis par la mer par Mathieu Li-Goyette

Nous ne pouvions finir ce message sans remercier chaleureusement Mathieu Li-Goyette pour sa disponibilité, sa gentillesse et ses efforts pour que ce passionnant livre soit accessible sur theendstore.com.
Sachez que le premier opus littéraire de Panorama Cinéma dédié à L'humanisme d’après-guerre japonais est de nouveau disponible dans notre boutique.
Quant au best-seller Vies et morts du giallo, actuellement en rupture de stock, une réédition corrigée (et augmentée ?) serait prévue pour la fin de l'année.

D'ici là, délectons-nous de ce premier ouvrage en français sur la Nikkatsu.

En vente sur theendstore.com

Le polar version Fulci

Quand "le poète du macabre" réalise son seul et unique poliziesco (film policier), cela donne La Guerre des gangs (1980), une oeuvre extrême et gore. On connaissait le sadisme de Umberto Lenzi (Le cynique, l'infame et le violent, Brigade Spéciale, La rançon de la peur) avec Fulci, on (re)découvre la violence, brutale et sanglante.


Longtemps attendu en dvd par tous les adorateurs de Lucio Fulci (1927-1996), La Guerre des gangs débarque dans une édition double dvd limitée à 1000 exemplaires gorgé de bonus.
Repoussé pour cause de problèmes techniques, La Guerre des gangs ne saurait satisfaire les plus pointilleux. En effet, si certains pourront reprocher l'absence d'une version italienne (à cette époque les films italiens étaient post synchronisés après le tournage) et des suppléments sur Fulci un peu frugal, l'éditeur The Ecstasy Of Films compense la possible frustration de l'acheteur en offrant une belle visibilité aux "jeunes pousses" du cinéma de genre hexagonal avec deux courts-métrages signés François Gaillard (Die Die my Darling) et Yann Danh (A tout Prix) accompagnés de leurs lots conséquents de suppléments. 

Loin de nous l'idée de critiquer le travail abattu par le jeune label mais face à un tel film, l'exigence de certain est accrue et c'est compréhensible. Mais, il faut avoir conscience du coût de production (élevé) d'un éventuel commentaire audio, d'une interview de Fabio Testi ou de tout autre documentaire. L'éditeur garde la tête froide pour ne pas commettre des erreurs qui mettraient en péril sa structure. Pour cela, nous ne pouvons que féliciter l'éditeur de faire la part des choses entre réaliser l'édition ultime et un produit haut de gamme comme celui-ci pour continuer l'aventure The Ecstasy Of Films.

En ce qui nous concerne, nous ne boudons pas notre plaisir car, avec une présentation du rédacteur en chef du magazine Mad Movies, un module intitulé "Lucio Fulci : cinéaste en guerre, une archive de l'INA et un livret de 16 pages écrit par Lionel Grenier, co-auteur de l'ouvrage Le poète du Macabre, The Ecstasy of Films remplit haut la main son cahier des charges et nous offre la plus belle édition, à l'heure actuelle, de Luca il contrabbandiere.

On se quitte avec un extrait du livre Lucio Fulci, le poète du macabre  :
L'une des grandes spécialités de Fulci a été de faire surgir le gore et la barbarie dans des genres où on ne les attendait pas forcément. C'est d’ailleurs devenu l'un des gros plaisirs de ses fans qui sont venus à ses gialli, westerns et autres après avoir fait le tour de ses films d'horreur. Si dans certains cas, on sent un peu le clin d’œil complice (cela concerne quelques bandes tournées durant les années 80, comme 2072, les mercenaires du futur, la plus part du temps, on attribuera plutôt ces présences au manque de foi en la nature humaine et au pessimisme profond du cinéaste. Ca commence par des pointes de gore dans ses gialli (un cadavre en décomposition dans Perversion Story, les chiens étripés du Venin de la peur, pour trouver son paroxysme dans Luca le contrebandier. Nul autre polar ne peut se vanter d'aligner un tel étalage de sévices en tous genres [...] : impacts de balles ravageurs, boite cranienne explosée, gorge éclatée, visage criblé de balles ou complaisamment brûlé au bec benzène, corp rongé par le souffre, viol gratuit... Du jamais vu !
Mathias Ulrich in Lucio Fulci, le poète du macabre - Bazaar & Co - 2009 - p.57

Tous les détails de La Guerre des gangs sont sur theendstore.com

Prix : 25 euro