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Potemkine, le sens de l'orientation

Chaque année le nombre de sortie salles semble augmenter à un rythme frénétique et forcément certains films restent sur le carreau. Parfois les distributeurs laissent trainer des films sur leurs étagères pour trouver le "bon moment" afin qu'il puisse exister au cinéma. Derniers exemples en date, Mud et Post Tenebrae Lux dont il a fallu presque un an pour les découvrir en salle, et ce, malgré un passage et une récompense à Cannes en 2012.

D'autres n'ont pas cette chance (on pense à Lord of Salem de Rob Zombie qui ne connaitra malheureusement pas d'exploitation salle en France), quantité d’œuvres tombent dans l'oubli, se perdent avec le temps. Ce qui est valable aujourd'hui l'est également depuis des décennies. Mais grâce à des éditeurs comme Potemkine, des merveilles comme De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites trouve le chemin jusqu'à nos lecteurs de dvd / blu-ray. Rappelons que le film avait bénéficié d'une ressortie en salle en septembre 2008 par Splendor Films.

Malgré le relatif anonymat de ce troisième long-métrage de Paul Newman,  De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites a tout pour figurer en bonne position dans les meilleurs œuvres du Nouvel Hollywood. Scénarisé par Alvin Sargent, qui a travaillé sur de nombreux fleurons des seventies (Le pays de la Violence de John Frankenheimer ; La Barbe à papa de Peter Bogdanovitch ; Le Récidiviste de Ulu Grosbard), comme sur les derniers Spider-man, De l'influence des rayons... est dans la veine des meilleurs Cassavetes. Entre les marqueurs du cinéma classique Hollywoodien (adaptation d'une pièce de théâtre de Paul Zindel) et description ultra réaliste d'une cellule familiale monoparentale au bord de l'implosion, De l'influence des rayons gamma... irradie le spectateur de sa superbe simplicité visuelle et d'une complexité scénaristique envoutante.

Béatrice Hunsdorfer, abandonnée par son mari, élève seule ses deux filles et se démène pour faire face au quotidien. Elle oscille entre l'amertume de sa condition, une fantaisie débridée et une émotivité qui la submerge. Ses deux filles, Ruth et Matilda, se protègent à leur manière. L'une, 17 ans, délurée, se rebelle, tandis que la timide Matilda, 13 ans, étudie le comportement des Marguerites exposées aux rayons gamma...

Outre cette sortie événement, l'occasion est toute trouvé afin de faire le point sur les dernières nouveautés de l'éditeur disponible sur theendstore.com et des prochaines sorties à venir.

A l'instar des frères Safdie, Alex Ross Perry est l'une des sensations du cinéma américain indépendant. The Color Wheel, également diffusé en salle par Potemkine, reinterpretre le road movie version low-fi mais avec un esprit Do it yourself étonnant.

JR, une fille qui rêve de travailler à la télévision, entreprend avec son jeune frère, le déplorable Colin, un voyage en voiture pour récupérer les affaires qu'elle a laissées chez son prof et ex-amant. Le problème est que ces grands enfants ne s'entendent guère et sont bien trop odieux pour essayer de mieux se connaître. Le chaos et toutes sortes de catastrophes collent aux basques de leur Honda déglinguée. Il faudra du temps et des résolutions des plus curieuses pour que JR et Colin mettent enfin de côté leur immature rivalité de frère et soeur...


Autre sortie salle de Potemkine, God Bless America de Bobcat Goldthwait se voit offrir une sortie blu-ray et dvd pour cette critique acide de notre société débilisé par la télévision.

Seul, sans boulot, gravement malade, Frank sombre dans la spirale infernale d'une Amérique déshumanisée et cruelle. N'ayant plus rien à perdre, il prend son flingue et assassine les personnes les plus viles et stupides qui croisent son chemin. Bientôt rejoint par Roxy, lycéenne révoltée et complice des plus improbables, c'est le début d'une équipée sauvage, sanglante et grandguignolesque sur les routes de la bêtise made in USA.

Avec Genpin de la réalisatrice japonaise Naomi Kawase (Shara, Hanezu), Potemkine ouvre une collection dédié au documentaire. Un acte éditorial fort, tant seul quelques labelont le courage de se lancer dans ce domaine.

Genpin nous parvient comme un secret doux et profond tant Naomi Kawase a su recueillir le souffle mystérieux de la femme au moment de donner la vie.
Lorsqu'elle gagne la caméra d'or au festival de Cannes en 1997 pour Suzaku, Naomi Kawase est une jeune réalisatrice de 28 ans, mais elle a déjà tourné une quinzaine de journaux filmés. Depuis, elle a construit une oeuvre intimiste et sensorielle, partagée entre le documentaire et un travail de fiction internationalement reconnu (Shara, La Forêt de Mogari). Avec Genpin, Naomi Kawase revient à ses motifs de prédilection - l'enfance, la vieillesse, la renaissance, le cycle de la nature - et nous offre un film contemplatif qui contient certainement l'une des plus belles scènes d'accouchement jamais filmée par le cinéma. 

Un choix d'autant plus à saluer et à soutenir que Potemkine proposera non seulement des documentaires récents mais également des raretés qui jusqu'ici n'était disponible sur support vidéo. Ainsi les films Nous les enfants du XXème siècle de Vitali Kaneski et ceux de Victor Kossakovski,  Belovy et Tishe pourront espérer une (re)connaissance auprès d'un plus large public.

Nous, les enfants du XXème siècle met en scène des enfants des rues de Saint-Petersbourg : vagabonds inoffensifs, "fumeurs précoces", mais aussi cambrioleurs et mêmes meurtriers. L'effondrement des tabous et de l'autorité établie a considérablement diminué leurs inhibitions. Même leurs parents ne placent plus aucune ambition en eux. Dans ce néant social, qui va montrer à ces enfants ce à quoi la vie doit ressembler ?
Vitali Kanevski accompagne le spectateur dans une descente aux enfers et explore l'âme de criminels, petits et grands : bien que victimes de la société, ces derniers peuvent-ils être absous de toute responsabilité morale ?
Vitali Kanevski est apparu sur la scène internationale en 1990 avec Bouge pas, meurs, ressuscite (caméra d'Or au festival de Cannes). Deux ans plus tard, avec Une vie indépendante (Prix du Jury), il confirme un style lyrique et cru, à la fois sublime et provocateur, nourri par le souvenir d'une enfance extrêmement rude passée à Soutchan, dans l'Extrême-Orient russe, pendant la seconde guerre mondiale. Avec Nous les enfants du XXème siècle, son troisième et dernier film à ce jour, il continue son travail d'exploration du mal dans une oeuvre où la violence des témoignages se conjugue à une grande force visuelle.

Voyage sur la rivière... Filmé depuis un bateau, ce voyage nous amène vers "l'origine de la rivière" et dans un petit village russe où Michail vit pauvrement avec sa soeur Anna.
Victor Kossakovski est né en 1961 à Leningrad. D'abord assistant-opérateur et monteur, il devient cinéaste en 1989 avec Losev. En quelques années, il s'est imposé comme l'un des plus grands représentants de la comédie documentaire. Belovy, son troisième film, confirme la veine burlesque de son cinéma, et frappe par la tendresse du regard qu'il porte sur chacun de ses personnages.


Victor Kossakovski observe une petite rue de Saint-Pétersbourg depuis sa fenêtre. En permanence, la chaussée est cassée puis repavée. Il pleut souvent, parfois il neige, les saisons défilent et la population s'adapte. Sous la pluie torrentielle, certains courent, d'autres rasent les murs ou se couvrent la tête d'un sac plastique. Un couple investit la chaussée, patauge dans les flaques, s'embrasse, créant une atmosphère comique imprégnée de la poésie printanière du square...
Victor Kossakovski est apparu sur la scène internationale dans les années 1990, en même temps que deux autres brillants représentants du documentaire russe : Sergeï Dvortsevoy et Sergeï Loznitsa. Ses films, souvent comiques, sont influencés par la photographie abstraite, et frappent par leur sens du burlesque et de la démesure. Avec le dispositif minimaliste de Tishe ! Victor Kossakovski semble nous adresser une profession de foi : les histoires sont dans le monde - à notre porte, sous notre fenêtre. Reste à les voir, les comprendre et les mettre en scène.

Depuis septembre 2007 et leur premier dvd, Potemkine n'a jamais changer de direction, celle de proposer un cinéma d'auteur, un cinéma indépendant. L'éditeur a franchi des caps qui lui ont permis de proposer des rééditions et asseoir une politique de sortie de qualité comme en attestent De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites ou les prochaines sorties ( coffret Alan Clarke 2, coffret Jean Epstein, coffret Kenneth Anger, intégrale Rohmer).


Tous les films de Potemkine sont à commander par mail à theendstore(at) g m a i l . c o m ou sur theendstore.com

source : Potemkine

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