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Philippe Garrel, en substance

En 1964, quand j'ai commencé, le cinéma avait 80 ans et quand quelqu'un faisait un film quelque part dans le monde, ou je voyais le film ou j'entendais parler de lui. C'est devenu impossible de connaître le nom de tous les gens qui font un film de nos jours. Les Cahiers jaunes écrivaient qu'un cinéaste avait une signature. On voit bien que ce film est un film de Godard, celui-là de Varda, cet autre de Resnais. Il y a un effet de signature chez tous les cinéastes. Il y a eu une époque où si l'on prend tous les auteurs, il n'y en a pas un qui n'ait pas de signature. C'est ce qui le fait auteur, il invente un genre d'images, de plans et de scènes. Maintenant, le cinéma est complètement dilué dans l'histoire qu'il raconte. Il n'y a absolument pas d'attitude qui fait que les gens prennent un style personnel dès le premier plan [...]
Philippe Garrel in Cahiers du Cinéma #671, octobre 2011, p.74
Garrel fait parti des rares cinéastes français à posséder cette fameuse "signature". Si son style a certes évolué au cours de la dernière décennie, son cinéma lui, n'a pas cédé à une quelconque veine commerciale. Autant exigeant que passionnant, l’œuvre de Philippe Garrel n'a pas encore révélé tous ses secrets. Mais le journaliste Philippe Azoury (Obsession) et auteur de divers ouvrages soulève un coin du voile mystique que renferme la filmographie de Garrel à travers cet ouvrage qui s'annonce déjà comme incontournable.


Riche d’une trentaine de titres, l’œuvre de Philippe Garrel s’étend de 1964 à aujourd’hui. Elle est la seule de tout le cinéma français à avoir filmé une adolescence dans les années soixante (Les Enfants désaccordés, Droit de visite), puis la révolution de Mai 68 et ses retombées (Marie pour Mémoire, Le Révélateur…), la seule aussi à avoir rendu en films l’essence d’un amour fou et la substance d’un exil chimique (Les Hautes Solitudes, Un Ange passe…). 

En 1979, Garrel tourne le sublime Enfant secret, avec lequel il quitte les rivages de l’expérimental pour entamer le second temps, plus narratif, de son œuvre. Comment se retourner sur ces années d’expériences, les retraverser et en ramener la puissance au présent ? C’est désormais la question de ce cinéma qui, depuis dix ans, s’invente et se réinvente dans la compagnie des stars : Le Vent de la nuit avec Catherine Deneuve, La Frontière de l’aube avec Laura Smet, Un été brûlant avec Monica Bellucci

Ce livre est le premier essai consacré en France à Philippe Garrel. Il est accompagné d’un entretien inédit avec le cinéaste dans lequel il évoque sa méthode. Tournant en prise unique, Garrel crée une dialectique complexe entre l’acteur au présent et le passé enfoui du personnage, souvent inspiré de ses compagnes ou compagnons de route (Nico, Jean Seberg, Jean Eustache…). Philippe Azoury retrouve par les part d’intangible, d’invisible, de silence que recouvrent les films de Philippe Garrel.

Outre ce livre, THE END a le plaisir de proposer sur theendstore.com les deux films mythiques de la période "Zanzibar"  de Philippe Garrel, Le Lit de la vierge et Le Révélateur.

Tourné au lendemain de mai 68, sans scénario et sous l'influence de stupéfiants, Le Lit de la Vierge, le cinquième film de Philippe Garrel, reprend en de longs plans séquences la trame de l'Évangile mettant en scène un Christ douloureux refusant la volonté de son Père. Il s'agit d'un film désormais incontournable dans l'histoire du cinéma d'avant-garde.
Un couple et son enfant fuient devant une menace informe et pourtant indicible. Un film sans rires et sans murmures. Dans un paysage de désolation, d'humidité et d'humiliation...
 
Livre : 264 pages | 19 euro
dvd : 31 euro pièce

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