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The Mephisto Waltz / Satan, mon amour

Couteau suisse de la production Hollywoodienne, Paul Wendkos (1925-2009) a signé de nombreux épisodes de séries TV (Les envahisseurs, Les incorruptibles) et des films au genre très disparates, western (Les colts des sept mercenaires, 1969), guerre (Les canons de Cordoba, 1970) ou film fantastique comme ce Satan, mon amour de 1971.

Myles Clarkson, jeune journaliste et pianiste en plein devenir, réalise le reportage de sa vie auprès d’un pianiste légendaire expirant. À sa grande surprise, le vieux Maître s’avère être un adepte du satanisme, qui tente de l’ensorceler…

Dernier film de cinéma, The Mephisto Waltz, (titre original) est peut-être son "chef d’œuvre". Ambiance (musique de Jerry Goldsmith), mise en scène, acteurs, Satan mon amour est une (petite) série B efficace et divertissante. Une vraie curiosité.

Mais de là à le voir intégrer la mythique collection Les Introuvables de Wild Side, nous vous avouons que cela fut une surprise. En effet, précédemment édité en dvd par la Fox, le film n'est pas ce que l'on peut appeler un introuvable. Pour autant, bénéficié du traitement Wild Side est le gage d'avoir au minimum un module vidéo venant décortiquer le film, en l’occurrence, ici, Alain Schlokoff  (créateur et rédacteur en chef de la revue L’Écran Fantastique) pour treize minutes intitulées "La Valse de la chair".

Les deux raisons pour que vous découvriez ce film sont : ce superbe générique et une fête de jour de l'an pour le moins originale.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


Rétro-viseur : White lightnin' (2009)

Une fois n'est pas coutume, nous allons évoquer non pas un film des années 60 ou 70 comme nous avons l'habitude de le faire dans cette rubrique mais au contraire, revenir sur une œuvre de 2009 passée (un peu) inaperçue et toujours inédite en dvd, (du moins en France car le film est disponible depuis un an sur theendstore.com, qui plus est avec des sous-titres français), White lightnin' de Dominic Murphy.

A film exceptionnel, traitement exceptionnel, puisque ce n'est pas un article mais une revue de presse de trois critiques afin d'avoir le panorama le plus large possible pour une œuvre radicale, étonnante et hallucinante.

Au coeur des montagnes Appalaches, en Virginie Occidentale, où tout homme possède une arme et de quoi distiller de l’alcool de contrebande, vit une légende : Jesco White.
De sa jeunesse trempée dans les effluves d’essence en passant par de nombreux séjours en maison de redressement ou en hôpital psychiatrique, la vie tumultueuse et incandescente de Jesco se consumait dangereusement. Pour le sauver, son père tente de lui apprendre au moins une chose dans la vie : la danse ou plutôt une version frénétique de claquettes sur de la musique country. Propulsé sur le devant de la scène, applaudi aux quatre coins du pays, Jesco goûte à la vie et tombe amoureux. Mais, obsédé par la vengeance du meurtre son père, il réveille les démons qui sont en lui !

Avant d'être un film admirable, White lightnin' raconte le destin incroyable de Jesco White car oui, Jesco White existe comme l'indique Jean-Luc Douin dans Le Monde. Né en 1956, il est fils du danseur de claquettes Donald Ray, qui fut assassiné par deux ivrognes. Ce film évoque sa vie. Et d'abord une enfance obsédée par les paradis artificiels (dès 6 ans, le môme n'a de cesse de se coller sous le nez un mouchoir imbibé d'essence), rythmée par des séjours en maison de redressement à cela Bruno Icher et Marie Lechner précise dans Libération qu'il est né et élevé dans un patelin boueux de Virginie-Occidentale dont l’unique talent est de savoir danser le clogging, un truc bizarre, entre danse de Saint-Guy et numéro de minstrel reprenant ainsi le chemin de son père.

Si le réalisateur prend quelques libertés vis-à-vis de son matériau originel, Jesco White est pour autant un personnage fascinant, véritable icône du "Poor White Trash" tantôt habité par le démon et défoncé à n’importe quoi, tantôt esclave d’une bigoterie hors d’âge, Jesco ne connaît plus d’équilibre et dérive inexorablement vers la folie meurtrière et l’autodestruction dénote Icher et Lechner.

Esthétiquement, le film traduit cette folie par une mise en scène dont chaque plan est selon Bruno Icher et Marie Lechner, une hallucination tantôt ultraréaliste, tantôt déjantée, et il devient peu à peu impossible de discerner les contours de la réalité et ceux de la bouffée délirante de ce personnage aux images fragmentée(s) et trafiquée(s) à souhait comme pour mieux naviguer à l’intérieur de ce cerveau malade souligne Alexis Campion dans le Journal du Dimanche. Pour Douin dans Le Monde, le film baigne dans une atmosphère religieuse, une mythologie morbide mêlant extases (divine ou psychédélique) et rédemption christique par le crime
A cela, Campion dans le JDD évoque l'univers musical dont le son, pétri par l’obsédante musique country de Hasil Adkins, et de folk sombre  vient renforcer l'univers glauque du long-métrage. Pour Jean-Luc Douin le film est saturé de country folk, de honky tonk, de rockabilly quant à Icher et Lechner, le film est un torrent de décibels que l’on doit à Black Rebel Motorcycle Club, les Ozark Mountain Daredevils ou Nick Zinner.

Bef, vous l'aurez compris White lightnin' est un film rare et habité pour le JDD qui carbure à la drogue dure pour Libé et Le Monde souligne un trip gothique dans un crâne défoncé. White Lightnin' est le genre de film qu’on aime ou qu’on déteste, et qui a toutes les chances de devenir culte, et nous sommes du même avis que Campion dans le JDD, c'est pourquoi nous l'avons classé dans cette catégorie sur theendstore.com.


source :
White Lightnin' : les hallucinations d'un pantin trépidant - Jean-Luc Douin / Le Monde
White Lightnin' : Les Psychos pairs blancs  par Bruno Icher, Marie Lechner / Libération
Autobiographie d’un désaxé - Alexis Campion / Le Journal du Dimance
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UK / 2009 / Dominic Murphy
Avec : Edward Hogg, Carrie Fisher, Stephanie Astalos-Jones, Kirk Bovill, Owen Campbell, Clay Steakley, Allison Varnes
Durée : 88mn
Langue : Anglais
Sous-titres : Français
Format : 16/9
Zone : 2

Chine Extreme Cinema

Non, il ne s'agit pas d'un nouveau magazine sur le cinéma asiatique (en référence à la revue HK Orient Extreme Cinema) et non il ne s'agit pas d'une (nouvelle) collection dvd sur la Catégorie III. Chine Extreme Cinema est la nouvelle proposition du ciné-club de la Villa Arson, L'Eclat.

Présentation :
Sous le titre ambitieux de « Chine, extrême cinéma », des films invitent à la découverte d’un double univers, celui de la Chine contemporaine et celui du cinéma qui s’est donné pour tâche de la filmer. Depuis que le bouleversement économique des années 2000 a définitivement ringardisé l’expression « extrême orient », la Chine incarne de plus en plus ce que Chung Kuo, à la lettre, veut dire: «l’empire du centre». Notre intitulé sonne alors comme un paradoxe : le pays «au centre» de notre époque vu par un cinéma «extrême». Mais que veut dire «extrême»? C’est l’une des questions que l’on posera au cinéaste Wang Bing, qui sera présent à la Villa Arson pour accompagner cette programmation. Anticipons ceci : les cinéastes qui filment la Chine aujourd’hui semblent se partager en deux catégories. D’une part, ceux qui disent : ce qui existe disparaît. D’autre part, ceux qui disent : ce qui résiste n’apparaît pas. Ces deux catégories sont évidemment «extrêmes». La réalité est plus nuancée. Un mélange la compose toujours de choses qui disparaissent tout en laissant des traces ou qui survivent tout en ne résistant que partialement et par intermittence. Mais le rôle du cinéma ne se borne pas à raconter une histoire, un lieu, une trajectoire – aussi exemplaires soient-ils. S’il existe bien, en Chine et ailleurs, un certain cinéma qui s’occupe à filmer le centre du monde, ce n’est pas celui-là qui est visé ici. Cette programmation réunit plutôt un échantillon d’un cinéma qui arpente l’extrémité du monde et, par là, définit tout ce qui se trouve à l’intérieur de ces extrêmes.
Eugenio Renzi 

LE FOSSE / WANG BING / 2012

A la fin des années 1950, le gouvernement chinois expédie aux travaux forcés des milliers d’hommes, considérés comme droitiers au regard de leur passé ou de leurs critiques envers le Parti communiste. Déportés au nord-ouest du pays, en plein désert de Gobi et à des milliers de kilomètres de leurs familles pour être rééduqués, ils sont confrontés au dénuement le plus total. Un grand nombre d’entre eux succombent, face à la dureté du travail physique, puis à la pénurie de nourriture et aux rigueurs climatiques. Le Fossé raconte leur destin – l’extrême de la condition humaine. 
> mardi 26 mars à 20h30 (disponible en dvd sur theendstore.com)

La projection du film sera précédée par une Masterclass de Wang Bing à 18h30.

L'ARGENT DU CHARBON / WANG BING / 2009
Sur la route du charbon, qui va des mines du Shanxi au grand port de Tianjin, en Chine du Nord, des chauffeurs au volant de camions de cent tonnes chargés jusqu’à la gueule font la noria, de nuit et de jour. Au bord de la route : prostituées, flics, rançonneurs à la petite semaine, garagistes, mécaniciens. Les chauffeurs roulent à travers montagnes et plaines et échappent de peu aux accidents. Ils s’enivrent la nuit en vitesse avec quelques filles, n’ont pas le temps de dormir et se retrouvent au port pour vendre leur chargement contre une poignée de yuan. Ils repartent aussitôt vers la mine, réconfortés par les conversations au téléphone portable avec leurs épouses, qui vivent dans des masures disséminées au bord de la route. 
> mercredi 27 mars à 18h30

BLACK BLOOD / MIAOYAN ZHANG / 2010

Xiaolin et sa femme vendent leur sang pour payer l’école de leur fille. Ils finissent par créer une petite banque du sang qu’ils nomment Ali-Baba. Avec ces profits importants, la cour autrefois déserte se remplit de moutons. Au-delà la dénonciation d’un système sanitaire déliquescent, le film sonne en filigrane une charge virulente contre un capitalisme sauvage dont la doxa pose l’enrichissement personnel comme la voie royale (moyen, signe, et objectif) de son développement. 
> mercredi 27 mars à 20h30

AI WEIWEI : NEVER SORRY / ALISON KLAYMAN / 2012

Ai Weiwei, artiste dissident de l’ère numérique, inspire l’opinion publique internationale et brouille les frontières entre art et politique. Arrêté par les autorités chinoises le 3 avril 2011, libéré sous caution le 22 juin, Ai Weiwei est, à ce jour, interdit de sortie du territoire. Ai WeiWei : Never sorry est le portrait d’un artiste engagé qui affronte sans relâche l’Etat chinois et nous rappelle de manière essentielle notre besoin de liberté individuelle, politique et artistique.
> jeudi 28 mars à 20h30

Pour compléter cette offre cinématographique, une conférencev - jeudi 28 mars à 18h30 - de Luc Richard suivi du documentaire Zone of initial Dilution d’Antoine Boutet viendront explorer l'envers d'une Chine méconnue.




Plus d'informations sur le site de L'Eclat ou sur le site de la Villa Arson

Hollywood Babylone réédité !

Indisponible depuis plus de trente ans, le livre culte (oui, de nos jours tout est culte mais pour le coup entre la personnalité de l'auteur et le sujet même, ce mot prend toute son ampleur) Hollywood Babylone de Kenneth Anger se voit enfin réédité dans son intégralité (une première en français) aux éditions Tristram.

Si les camarades de Peeping Tom avaient eu l'heureuse initiative de proposer une lecture sur leur blog, posséder un exemplaire à un prix plus que dérisoire (12 euro contre une cinquantaine pour l'édition des années 70) est un moment intense pour quiconque s’intéresse de près à ce cinéaste de légende, personnage occulte du septième art.

Présentation de l'éditeur :
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Livre d’une très grande originalité de propos et de facture, Hollywood Babylone présente toutes les caractéristiques de ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler un « livre culte ». On pourrait même dire qu’il constitue un prototype du genre. Longtemps resté inédit dans les pays anglo-saxons, et d’abord publié — dans une version embryonnaire — par Jean-Jacques Pauvert à Paris, Hollywood Babylone invente, dès les années 1950, ce qui deviendra au cours des décennies suivantes l’approche « people », voire « trash », de la célébrité et du show-business.
Petit-fils d’une grand-mère costumière à Hollywood, fils de starlette, Kenneth Anger a grandi dans les studios où il fut enfant acteur. Il a toujours collectionné, dans des albums, les coupures de presse révélant la face noire de l’industrie du rêve et du divertissement : débauches, chantages, manipulations, addictions, meurtres. Cette matière fascinante est à l’origine du « work in progress » que Kenneth Anger poursuit depuis maintenant un demi-siècle dans Hollywood Babylone.  

Un complément idéal pour l'intégrale des films de Kenneth Anger disponible sur theendstore.com

Philippe Garrel, en substance

En 1964, quand j'ai commencé, le cinéma avait 80 ans et quand quelqu'un faisait un film quelque part dans le monde, ou je voyais le film ou j'entendais parler de lui. C'est devenu impossible de connaître le nom de tous les gens qui font un film de nos jours. Les Cahiers jaunes écrivaient qu'un cinéaste avait une signature. On voit bien que ce film est un film de Godard, celui-là de Varda, cet autre de Resnais. Il y a un effet de signature chez tous les cinéastes. Il y a eu une époque où si l'on prend tous les auteurs, il n'y en a pas un qui n'ait pas de signature. C'est ce qui le fait auteur, il invente un genre d'images, de plans et de scènes. Maintenant, le cinéma est complètement dilué dans l'histoire qu'il raconte. Il n'y a absolument pas d'attitude qui fait que les gens prennent un style personnel dès le premier plan [...]
Philippe Garrel in Cahiers du Cinéma #671, octobre 2011, p.74
Garrel fait parti des rares cinéastes français à posséder cette fameuse "signature". Si son style a certes évolué au cours de la dernière décennie, son cinéma lui, n'a pas cédé à une quelconque veine commerciale. Autant exigeant que passionnant, l’œuvre de Philippe Garrel n'a pas encore révélé tous ses secrets. Mais le journaliste Philippe Azoury (Obsession) et auteur de divers ouvrages soulève un coin du voile mystique que renferme la filmographie de Garrel à travers cet ouvrage qui s'annonce déjà comme incontournable.


Riche d’une trentaine de titres, l’œuvre de Philippe Garrel s’étend de 1964 à aujourd’hui. Elle est la seule de tout le cinéma français à avoir filmé une adolescence dans les années soixante (Les Enfants désaccordés, Droit de visite), puis la révolution de Mai 68 et ses retombées (Marie pour Mémoire, Le Révélateur…), la seule aussi à avoir rendu en films l’essence d’un amour fou et la substance d’un exil chimique (Les Hautes Solitudes, Un Ange passe…). 

En 1979, Garrel tourne le sublime Enfant secret, avec lequel il quitte les rivages de l’expérimental pour entamer le second temps, plus narratif, de son œuvre. Comment se retourner sur ces années d’expériences, les retraverser et en ramener la puissance au présent ? C’est désormais la question de ce cinéma qui, depuis dix ans, s’invente et se réinvente dans la compagnie des stars : Le Vent de la nuit avec Catherine Deneuve, La Frontière de l’aube avec Laura Smet, Un été brûlant avec Monica Bellucci

Ce livre est le premier essai consacré en France à Philippe Garrel. Il est accompagné d’un entretien inédit avec le cinéaste dans lequel il évoque sa méthode. Tournant en prise unique, Garrel crée une dialectique complexe entre l’acteur au présent et le passé enfoui du personnage, souvent inspiré de ses compagnes ou compagnons de route (Nico, Jean Seberg, Jean Eustache…). Philippe Azoury retrouve par les part d’intangible, d’invisible, de silence que recouvrent les films de Philippe Garrel.

Outre ce livre, THE END a le plaisir de proposer sur theendstore.com les deux films mythiques de la période "Zanzibar"  de Philippe Garrel, Le Lit de la vierge et Le Révélateur.

Tourné au lendemain de mai 68, sans scénario et sous l'influence de stupéfiants, Le Lit de la Vierge, le cinquième film de Philippe Garrel, reprend en de longs plans séquences la trame de l'Évangile mettant en scène un Christ douloureux refusant la volonté de son Père. Il s'agit d'un film désormais incontournable dans l'histoire du cinéma d'avant-garde.
Un couple et son enfant fuient devant une menace informe et pourtant indicible. Un film sans rires et sans murmures. Dans un paysage de désolation, d'humidité et d'humiliation...
 
Livre : 264 pages | 19 euro
dvd : 31 euro pièce

Jean-Claude Brisseau à Nice

Cinéaste de l'émoi pour les uns, réalisateur sulfureux pour les autres, Jean-Claude Brisseau est une figure rare dans le cinéma hexagonal. Capable d'allier philosophie et érotisme, son cinéma l'a entrainé dans des territoires à la limite de la légalité.

Jean-Claude Brisseau viendra présenter mardi 19 mars 2013 à 20h30 son dernier film, La Fille de nulle part, récompensé du Léopard d'or au festival de Locarno au cinéma Le Mercury à Nice .


Michel, professeur de mathématiques à la retraite, vit seul depuis la mort de sa femme et occupe ses journées à l’écriture d’un essai sur les croyances qui façonnent la vie quotidienne. Un jour, il recueille Dora, une jeune femme sans domicile fixe, qu’il trouve blessée sur le pas de sa porte et l’héberge le temps de son rétablissement. Sa présence ramène un peu de fraîcheur dans la vie de Michel, mais peu à peu, l’appartement devient le théâtre de phénomènes mystérieux.

La séance sera suivi d'un débat avec le réalisateur de Noce Blanche, A l'aventure, de Bruit et de fureur, Les Anges exterminateurs,...

So Film #8


Depuis le mois dernier, So Film a fait peau neuve et confirme que le magazine avait un problème identité...visuelle. Aujourd'hui la revue semble avoir trouvé son style et s'inscrit encore plus du côté du Mook (Mag+Book= article de fonds) et une mise en page plus claire (police plus grosse, images pleine pages ou moins imposantes inutilement).

Alors pourquoi en parler ce mois-ci ? Réponse : Michael Cimino. A l'occasion de la ressortie au cinéma en version intégrale de La Porte du Paradis (Heaven's gate, 1981), le cinéaste a donné quelques entretiens.

Une interview de Michael Cimino est toujours un moment intense, l'impression de lire une légende vivante se dévoiler. Quelques pages qui viennent égailler la journée et apporter son coup de blues. Michael Cimino a 74 ans. Son dernier film Sunchaser date de 1996.

Egalement au sommaire de ce numéro :

Gonzalo Garcia Pelayo / Tina Fey / Kristen Wigg / Lena Dunham / Amy Poehler / Dennis Woodruff / Terrence Malick / Camille Claudel 1915 / Slimane Dazi / Ricou Browning / Pedro Almodovar / Isabella Rossellini / Philippe Sollers / Woody Allen & Diane Keaton / Christophe Lambert...

Independenza ! Part 22 : Zylo

Dans le milieu de l'édition le gâteau se divise bien souvent entre les "gros" labels et les indépendants. Si les (vrais) indépendants n'ont ni le portefeuille, ni la visibilité, ils compensent en participant à l'éclosion et /ou à la confirmation de nouveau talent.

Zylo fait partie de ces éditeurs présents depuis des années mais qui ont trouvé une reconnaissance depuis peu grâce à la sortie de films artistiquement réussis. Une belle raison pour acceuillir cet éditeur sur THE END.

Leur principale nouveauté du mois de mars est le film Guilty of Romance de Sono Sion qui sort enfin en vidéo, deux ans après sa présentation à l’Étrange Festival de Paris (quid de Cold Fish ?) et son exploitation en salle l'été dernier.

Izumi est mariée à un célèbre romancier romantique mais leur vie semble n'être qu'une simple répétition sans romance. Un jour, elle décide de suivre ses désirs et accepte de poser nue et de mimer une relation sexuelle devant la caméra. Bientôt, elle rencontre un mentor et commence à vendre son corps à des étrangers, mais chez elle, elle reste la femme qu'elle est censée être. Un jour, le corps d'une personne assassinée est retrouvé dans le quartier des "love hôtels". La police essaie de comprendre ce qui s'est passé.

"Sono Sion retrouve la grande dimension formaliste et expérimentale du cinéma japonais des années 60 et 70 : c'est le visible lui-même qui cède et les couleurs qui explosent sur les corps." Stéphane du Mesnildot / Cahiers du cinéma
"Un reboot érotique et bruyant des romans porno japonais des années 70, éclaboussé par la fureur noire de Sono Sion, dont le cinéma n'avait jamais paru si violemment désespéré, intensément nihiliste." Romain Blondeau / Les Inrockuptibles
Jusqu'à présent l’œuvre du cinéaste japonais se faisait rare en dvd, du moins en ce qui concerne la France car l'étranger ne s'était pas privé de nous donner de quoi patienter en attendant d'éventuelles sorties. Notre patience a été récompensé puisque après Suicide Club et Suicide Club 0 (également disponible sur theendstore.com), Guilty of Romance amorce un changement que l'on espère durable. La prochaine édition en combo blu-ray / dvd de Love Exposure chez HK Vidéo et la diffusion en salles de Land of Hope le 27 avril laisse penser que le réalisateur se voit enfin offrir un peu de reconnaissance dans notre pays.

L'édition dvd Zylo est dépourvue de bonus mais propose les deux montages du film. Une version courte, celle exploitée en salles cet été et la version longue que l'auteur de ces lignes a pu découvrir à l’Étrange Festival en 2011.

Pour accompagner cette nouveauté déjà disponible sur notre boutique en ligne, nous avons sélectionné les  meilleurs titres de leur catalogue dont certains évoqueront de très bons souvenirs aux festivaliers de l'étrange festival et du PIFFF.

Lauréat du Meilleur Film de la première édition du Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF), Bellflower est un premier film bluffant d'inventivité et d'ingéniosité (les divers trucages, voire la création de caméra ont été faite par le réalisateur) mais surtout un grand film d'amour et d'amitié.

Deux meilleurs amis Woodrow et Aiden passent tout leur temps libre à la construction de lance-flammes et d’armes de destruction massive en vue d'une apocalypse mondiale. Mais quand Woodrow rencontre une jeune femme charismatique et tombe follement amoureux, lui et Aiden vont rapidement être intégrés dans un nouveau groupe d'amis, et partir pour un voyage mêlant amour et haine, trahison, infidélité, et une extrême violence plus dévastatrice que n'importe lesquels de leurs fantasmes d'apocalypse.
"Météore romantique et anarchique, "Bellflower" possède toute la générosité et l'énergie que l'on peut attendre d'un premier film." Stéphane du Mesnildot/ Cahiers du Cinéma
En supplément, nous retrouvons un making of, une présentation de la Medusa (voiture qui a contribuer à populariser le film) et les différentes affiches refusées. Une belle édition pour un film au potentiel culte indéniable.

Autre film a avoir bénéficié d'une projection en avant première lors d'un festival, en l’occurrence l’Étrange Festival en 2011, Walk away Renée de Jonathan Caouette, second long-métrage du réalisateur après Tarnation en 2003.

« Je suis né et j’ai été élevé à Houston, Texas, où j’ai grandi pour la plus grande partie avec mes grands-parents pendant que ma mère Renée, atteinte de psychose schizophrénique, faisait des allers / retours dans les hôpitaux. J’ai aussi passé du temps dans des familles d’accueil où j’ai souffert de négligence et de maltraitance. Filmer et raconter sont devenus une façon de dissocier, et de m’évader de ma vie. En prenant une caméra quand j’étais enfant et en l’utilisant comme un bouclier pour illuminer mon univers, j’ai trouvé une façon de survivre. Filmer les choses était une manière de dialoguer avec moi-même. » « Adolescent, mes premiers essais de cinéma étaient de grossières, violentes, horribles et atmosphériques mésaventures que je tentais d’investir d’une certaine qualité hallucinogène. J’ai essayé de les rendre drôles, parce que je pense que l’humour est une manière de surmonter les obstacles de la vie (mon travail est également inspiré par des chanteuses soul comme Mavis Staples ou des comédiens comme Richard Pryor et des réalisateurs tels que John Cassavetes, Lars Von Trier et Alejandro Jodorowsky). Ces différentes obsessions m’ont mené par hasard vers les films d’auteurs européens que j’estime et qui m’influencent. J’y ai inclus des compositions harmonieuses mais tranchantes avec une mise en scène néo-réaliste et de l’humour. Mes premiers travaux étaient basés sur des légendes urbaines, des slashers, mes cauchemars, mes rêveries diurnes. Mon travail est de diriger mes films vers des lieux mystérieux et de leur donner vie. Je considère tous mes films comme des fictions documentaires, des « histoires vraies » rêvées. Mon but est de faire des films qui soient un happening, une rencontre, une conversation et je l’espère, un signal émotionnel. »
"Au rythme d'un road-movie qui mène la petite famille de Houston à New York, le film déplie ainsi les grandes étapes de la vie de Renée, brouillant les frontières temporelles dans un montage bouleversant où les chromos heureux d'hier viennent heurter les images d'un présent exsangue." Romain Blondeau / Les Inrocks
"Le meilleur de ce documentaire, c'est sa science-fiction qui tient aux séquences où le jeune Américain injecte des chimères psychédéliques, mais aussi et surtout à son propos de fond : toutes nos vies sont des vies parallèles, et aucune ne peut prétendre être un modèle dominant." Gérad Lefort / Libération
Enfin pour finir, retour au Japon avec Hanezu, l'esprit des montagnes de Naomi Kawase, réalisatrice de Shara en 2003.

Dans la région d’Asuka, berceau du Japon, Takumi mène une double vie : tranquille avec Tetsuya son mari, passionnée avec son amant Kayoko, sculpteur qui lui fait découvrir les plaisirs simples de la nature. Takumi apprend qu’elle est enceinte. L’arrivée de cet enfant est l’occasion pour chacun de prolonger son histoire familiale et ses rêves inassouvis. Mais bientôt, Takumi devra choisir avec qui elle veut faire sa vie. Comme au temps des Dieux qui habitaient les trois montagnes environnantes, la confrontation est inévitable. 


"Comme elle sait si bien le faire, Naomi Kawase dessine ces personnages à travers des gestes quotidiens, trajets à pied ou à bicyclette à travers des paysages délicats ou grandioses, tâches quotidiennes filmées au plus près." Thomas Sotinel / Le Monde

Retrouvez toutes les informations et spécifications dans notre boutique en ligne theendstore.com

Damiano Damiani (1922-2013)

Qui d'autre que Jean-François Giré (peut-être Jean A. Gili), spécialiste en western européen, pour parler de Damiano Damiani, cinéaste italien qui vient de nous quitter à l'âge de 90 ans. On ressort pour l'occasion le livret inclus dans la première édition dvd de son film le plus emblématique El Chuncho.


"Dans l'imposante production du western made in Cinecittà, les réalisateurs ont été à la fois des artisans consciencieux, d'habiles faiseurs ou de médiocres tâcherons ; la plupart ont touché à tous les genres du cinéma populaire transalpin. De temps à autre, des auteurs aux ambitions plus éclairées s'y sont brillamment illustrés, tel a été le cas de Damiano Damiani. Réalisateur de El Chuncho (sorti en Italie pour la première fois sous le titre espagnol Quien Sabe ?), il a débuté sa carrière par des films intimistes (Jeux précoces - 1960, l'île des amours interdites - 1962, L'ennui - 1963). A la suite du succès de son premier western, il a continué sur la lancée du film politique. En 1968, il a  été l'auteur d'une réalisation passionnante consacrée au phénomène de la mafia : La Mafia fait la loi, réunissant Franco Nero, Claudia Cardinale, Lee J. Cobb et Serge Reggiani.[...] En 1970, puis en 1971, Damiani a signé deux films politiques importants avec pour vedette Franco Nero (devenu entre temps une des stars du western) : Confession d'un commissaire de police au procureur de la république, et Nous sommes tous en liberté provisoire. En 1977, il a engagé Gian Maria Volonte pour Un Juge en danger, film d'une puissante force dramatique."

"El Chuncho demeure l'une des réussites majeures du western politique réalisé en Europe au cours des années 60. De plus, son message a résisté au temps. Il fait encore écho aux manipulations politiques qu’exercent toujours les services secrets américains à travers le monde.
Le scénario a été adapté par Franco Solinas, scénariste engagé de films politiques particulièrement éclectiques ; certains d'entre eux souffraient d'une écriture didactique et d'une mise en scène démonstrative qui étaient dans l'air du temps. Solinas a été l'auteur des scripts de : La Bataille d'Alger (1965), Queimada (1969), État de Siège (1974), Mr Klein (1976), ainsi que de westerns-Zapata qui ont marqué l'épopée du western latin : El Mercenario (1968), Trois pour un massacre (1968)".
Une bonne nouvelle vient adoucir la peine avec la prochaine édition de la série TV, inédite en dvd et réalisé par Damiani, La piovra (1984).



You Talkin' To Me?

Il y a des films qui  ne nécessitent aucun commentaire. Tout ou presque a été dit sur Taxi Driver mais tout n'a pas été montré comme le témoigne les photographies de Steve Schapiro, seul photographe a avoir été accepté sur le plateau du film de Martin Scorsese. On peut connaitre un film de manière intime sans jamais percer le mystère qui en fait sa réussite. La contemplation de ses prises de vues réussies a crée une émotion équivalente à l'ampleur de ce chef d’œuvre artistique.




 
 
Autre livre sur Scorsese et aujourd'hui devenu rare en librairie, sobrement intitulé Martin Scorsese, propose une belle approche de l'univers du cinéaste italo-américain et contenant son lot d'anecdotes. En voici un exemple :
Taxi Driver est le fruit d'une alchimie résultant de l'union de quatre grands talents : Martin Scorsese le réalisateur, Paul Schrader le scénariste, Robert De Niro, le comédien et Bernard Herrmann. Mais c'est également le fruit du destin. En effet, ce violent scénario écrit en 1972 intéresse d'abord Robert Mulligan qui souhaite confier le rôle du chauffeur à Jeff Bridges. Lorsque le couple de producteurs Julia et Michael Phillips rachètent le script, ils se mettent à considérer Brian De Palma mais son emploi du temps rend finalement la concrétisation du projet impossible.
Ce n'est que trois années plus tard que la conjonction du succès des diverses parties va permettre de constituer un lot artistique étonnant : Schrader vient de toucher 350 000 $ pour les droits de son scénario The Yakuza, Alice doesn't live here anymore remporte l'Oscar de la meilleure comédienne pour Ellen Burstyn, Robert De Niro l'Oscar du meilleur second rôle pour The Godfather Part II (Le Parrain 2ième partie,  F.F. Coppola, 74) et les Phillips, celui du meilleur film (en autres) avec The Sting (L'arnaque, Georges Roy Hill, 73).
Le tournage de Taxi Driver s'effectue dans les limites d'un petit budget de 1,3 M$, budget qui essuiera un large dépassement de 40% à cause de conditions extrêmement difficiles. Afin de parer toute perte de temps, Scorsese dû dessiner tous les plans du film. Dans son livre "You'll never eat lunch in this town again", la productrice Julia Phillips se rappelle que pour surmonter les problèmes, "grosse pression, planning étroit, peu d'argent, New York l'été, tournage de nuit... ils sniffaient tous". Les années 70.
Extrait du livre de Nicolas Schaller et Alexis Trosset in Martin Scorsese - p.78 - Éditions Dark Star
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Une plongée dans l'univers du réalisateur de films mythiques tels que Taxi Driver, Raging Bull, After Hours, La Dernière Tentation du Christ, Les Affranchis, Casino et Gangs of New York. Période par période, sa carrière est retracée. Film par film, son œuvre est racontée et étudiée. Thème par thème, son apport au Septième Art est analysé, de ses influences cinéphiles à sa mise en scène, de son utilisation de la musique à son travail avec ses fidèles collaborateurs. Le tout illustré d'une riche iconographie. Un portrait exhaustif et passionnant de Martin Scorsese

45 euro | 256 pages en vente sur theendstore.com