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Cattet+Forzani=Orgasm


The ABC of death, O for Orgasm (2012) Hélène Cattet & Bruno Forzani

Ed Lachman, photos / montage

Depuis le 30 novembre, la Galerie Cinéma (rue Saint Claude, Paris) propose pour la première fois en France un aperçu du travail du chef opérateur Ed Lachman au travers d'une exposition intitulée Photos / Montage.


Quarante ans que ce célèbre chef op arpente les génériques et les plateaux de cinéma. Adepte du circuit indépendant (Stryker, Ken Park) ou Hollywoodien avec Steven Soderbergh (L'Anglais, Erin Brockovich), Ed Lachman semble être devenu depuis Loin du paradis de Todd Haynes le spécialiste de la lumière rétro puisqu'on le retrouve sur la série Milred Pierce ou sur le biopic sur Allen Ginsberg, Howl.

A travers son travail photographique et une installation vidéo, tout le charme et le travail de Ed Lachman transpire dans le choix des cadres comme dans l’esthétique scénique des instants sélectionnés par l'artiste.


Deuxième exposition après celle de Kate Barry, tragiquement disparue il y a peu, la galerie cinéma d'Anne Dominique Toussaint s'affirme comme un lieu important pour une autre vision du cinéma.

Cinémathèque de Nice : Décembre 2013

Malgré le nombre conséquent de films disponible en dvd et diffusé ce mois-ci à la Cinémathèque de Nice, nous avons réussi à vous dégoter trois oeuvres rares voire inédites en dvd. Au programme, Asie, Amérique et hexagone. Bon voyage et bonnes fêtes.

POUSSIÈRE DANS LE VENT / Hou Hsiao Hsien / 1986

Taïwan, 1965 - A-Yuan et A-Yun, deux amis d'enfance, quitte l'un après l'autre leur petit village de mineurs pour Taipei afin d'y travailler et d'y faire des études. Ils découvrent le mal du pays…
>Vendredi 20 décembre à 14h00

YOLANDA ET LE VOLEUR / Vincente Minnelli / 1945


Yolanda Aquaviva, jeune et riche héritière, sort du pensionnat de religieuses qui lui ont donnée une éducation. Elle devient la cible de Johnny, petit escroc, qui décide d'endosser le rôle de l'ange gardien qu'elle prie si vivement de venir à elle…
> Vendredi 20 décembre à 19h30

MAIGRET VOIT ROUGE / Gilles Grangier / 1963

Pigalle - Sous les yeux de l'inspecteur Lognon, un homme est blessé puis enlevé. Maigret prend l'affaire en main et découvre avec l'aide d'un diplomate américain que les deux tueurs font partie du FBI…
>Mardi 17 décembre à 14h00
> Jeudi 19 décembre à 18h00

Retrouvez toute la programmation sur le site internet de la Cinémathèque de Nice

Arrietta : retour de flamme

Parfois les cinéastes d'avant garde ont les mêmes problèmes que certains réalisateurs de films de genre. Si Adolpho Arrieta a la même nationalité que Jesus Franco, on ne peut pas dire qu'ils ont connu le même traitement en dvd. Pourtant, Arrietta a bénéficié d'une reconnaissance critique de son travail très tôt. Dans le sillage de cinéaste devenu culte aujourd'hui (Mekas, Schroeter, Garrel, Eustache, Warhol), Adolpho Arrietta est resté comme un secret de cinéphile, exception faite de son Flammes (repris en salle l'année dernière par Capricci).

Il était donc plus aisé de découvrir un Franco qu'un Arrietta et ce, depuis de nombreuses années. Mais cela va changer grâce à Re:voir qui propose pour la première fois au monde un coffret regroupant l'intégrale de ses œuvres réalisées entre 1965 et 2008.

Une box qui se révèle plus proche d'un coffre renfermant des trésors inestimables et singuliers pour une œuvre à la fois poétique et mystérieuse.


Quand on évoque le cinéma d'Arrietta, on parle rarement d'histoire mais plutôt des moments sublimes qui les traversent et qui marquent le spectateur indélébilement. Autant donner la parole à l'artiste qui dans l'ouvrage de Philippe Azoury, Un morceau de ton rêve, s'est épanché sur plus de quarante ans de cinéma

DVD 1 :
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LE CRIME DE LA TOUPIE / 1965 / 18mn
"Biette disait que mon premier court-métrage [...] contenait déjà la métaphore de tout mon cinéma, cette façon de faire touner le sens. Peut-être qu'il y a une morale de la toupie, et j'aie bien faire tourner le sens en bourrique, ou faire des films changeants, virevoltants, où il y a toujours des surprises à attendre."
JOUET CRIMINEL / 1969 / 37 mn

"Le Jouet Criminel, le film que j'ai tourné avec Jean Marais. C'est un film complètement illogique, absolument absurde, teinté de beaucoup de lyrisme. C'est de loin le plus fou de ma filmographie."

Inclus LA IMITACION DEL ANGEL / 1966 / 21mn

DVD 2 :
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LES INTRIGUES DE SILVIA COUSKI / 1974/ 71mn
"Les Intrigues sont fantasmagoriques et documentaire à la fois. Ces travestis et leur façon de marcher dans Paris existaient bel et bien. Ces fêtes existaient. On ne les as pas inventées pour le film. [...]
On considère Les Intrigues de Silvia Couski comme un film plus érotique parce qu'il est peuplé de travestis. Mais les travestis ne sont pas érotiques, ils sont innocents. Ils sont comme les anges. C'est une chose complètement mentale, complètement spirituelle, le travestissement."
TAM TAM / 1976 / 57 mn
"Douze heures de rushes, si je me souviens bien. Des images très belles, que je ne savais où placer, des plans de visages [...] Des séquences qui ne correspondaient plus à ce que devenait le film au montage. Ça, plus les multiples prises de vues sous d'autres angles. J'ai tendance à beaucoup tourner."
DVD 3 :
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POINTILLY / 1972 / 39 mn
"Pointilly était un film que j'avais beaucoup coupé au montage, qui devait avoir une durée plus longue, mais dont il ne reste au final que trente minutes. On ne coupe pas à ce point, on n'arrive pas à une durée aussi sèche, sans une certaine frustration : celle de n'avoir pas su dire les choses."
FLAMMES / 1978 / 82 mn
"Une fois, j'étais resté seul dans la maison de Flammes, les autres étaient allées dormir, je travaillais au plan du lendemain quand soudain j'ai perdu la séparation entre le film et la réalité. J'ai eu le sentiment que le film était la réalité, je cherchais le père, la fille, les habitants de la maison, je ne savais plus qu'il s'agissait d'acteurs...Ça a duré quelques secondes, peut-être un peu plus, mais je crois à ce moment-là que j'étais au bord du délire."
DVD 4 :
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GRENOUILLES / 1984 / 35mn
Après Flammes, [...] j'ai écrit Grenouilles, que j'ai tourné en 1983 sur un mois, en Catalogne, à côté de la mer, sur la Costa Brava. Mais le scénario n'était pas très clair, et j'ai tourné le film dans une situation très délirante, totalement paranoïaque : la productrice acceptait que j'aie mon équipe, mais elle avait aussi emmené son équipe ! Ingérable. [...] Mais il y a dans Grenouilles quelques scènes, notamment une scène entre Elisabeth Bourgine et Pascal Greggory dans une piscine, qui est une des choses les plus belles, les plus érotiques, que j'aie jamais réalisées.

MERLIN / 1990 / 58mn
"Merlin, qui était plus compliqué, je sentais qu'il fallait que j'aie en plus du scénario un appui ; j'ai tout story-boardé, de façon si précise qu'ils étaient obligés de faire comme ça et pas autrement - et comme j'étais en conflit avec toute l"équipe, c'était un supplice pour eux et un délice pour moi."

Inclus KIKI / 1989 / 22mn

DVD 5 :
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Dans ce cinquième dvd sont regroupés les dernières oeuvres d'Adolpho Arrietta réalisées en DV :

ECO Y NARCISO / 2003 / 19mn
VACANÇA PERMANENTE / 2006 / 29mn
DRY MARTINI / 2008 / 7mn
"Au lieu de me demander pourquoi je filme, vous feriez mieux de me demander pourquoi je ne filme pas. Maintenant, il y a beaucoup de temps entre chaque film. L'idéal serait de filmer tout le temps. Filmer, c'est une envie que je ne peux discuter, ce n'est pas une raison, c'est une envie."

Adolpho Arrietta in Libération, 1983.

"J'attendais le digital. Maintenant il est là."

Le coffret 5 dvd - digipack cartonné est en vente sur theendstore.com

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L'ouvrage de Philippe Aoury est également en vente sur theendstore.com

Moins connu que Jean Eustache, Philippe Garrel ou Marguerite Duras, dont il fut l’ami, Adolpho Arrietta est pourtant l’un des grands cinéastes underground des années 1970-1980. L’univers de ce magicien du cinéma, digne héritier de Jean Cocteau, va de Madrid à Paris, mais aussi de Jean Marais à Enrique Vila-Matas, des Cahiers du cinéma aux Gasolines : toute une histoire légendaire, à la fois glamour et fauchée, qui revit ici avec brio.

Katsu Kanai, surréaliste nippon

"Pour ces cinéastes qui se désignent eux-mêmes comme "l'avant-garde" du nouveau cinéma japonais indépendant, les audaces de langage se limitent souvent à des expérimentations techniques (longue focale, caméra à la main, flou artistique, ralentis, arrêt sur l'image, etc.) qui doivent plus aux opérateurs qu'aux metteurs en scène, et dont le systématisme est vite fastidieux, parce que très superficiel, sans " méthode esthétique' comme chez Terayama, Yoshida ou Matsumoto, par exemple. Il existe pourtant au Japon des indépendants "absolus" (c'est-à-dire sans producteurs ni distributeur), qui poursuivent des directions très personnelles sans tomber dans ces pièges toujours renouvelés du formalisme photographique.
Le plus original est sans doute Katsu Kanai (1936), qui connait le prix de cette indépendance, puisqu'il a dû interrompre sa production après trois films tournés de 1969 à 1973, Mujin Retto (L'Archipel désert, 1969) est un film complètement surréaliste, où Kanai donne libre cours à sa fantaisie grotesque, où il crée un univers fantastique à partir d'éléments très concrets de la vie japonais [...] Le "héros" échappé d'un couvent de religieuses en folie, donne lui-même naissance à un fils qui a poussé dans son dos, et qu'il porte ainsi jusqu'à l'adolescence [...]. Dans ce poème visuel étrange et fascinant, Katsu Kanai évoque certes Arrabal ou certains espagnols, mais avec un sens formel plus typiquement japonais, et des idées qui ne sont qu'à lui, cruelles et absurdes. Après Good-bye (1972) évocation symbolique des relations entre Japonais et Coréens, dans un arsenal fantastique hérité des "manga" (bandes dessinées), Kanai s'est affirmé comme un maître de l'insolite poétique avec Okoku (Le Royaume, 1973), où l'intrusion de la couleur lui permet de compléter son univers, autour d'un personnage éminemment "pervers" d'ornithologue (rôle tenu par Atsushi Yamatoya, un des condisciples de Wakamatsu), qui n'a de cesse de vaincre le roi Chronos : pour pénétrer dans son royaume (filmé aux Galapagos, pendant que Kanai tournait un documentaire...), il passera par l'anus d'un canard, passant du microcosme au macrocosme, en défiant Chronos. Le Royaume est un des voyages les plus étranges et excitants que le cinéma, japonais ou autre, nous ait permis de faire. Le cinéma de Kanai, par nature même, ne se prête pas à l'analyse mais à une adhésion (où a un rejet) totalement subjectif."
Ce paragraphe de Max Tessier extrait de Cinema d'Aujourd'hui, Le cinéma Japonais 1956-1979 publié au début des années 80 est la dernière trace journalistique que l'on trouve sur le réalisateur japonais.
Pourtant l'auteur a bénéficié de rétrospective au début des années 2000 en Allemagne. C'est grâce au LUFF que l'auteur de ces lignes a eu la chance de rencontrer le cinéaste en août dernier pour une après-midi exceptionnelle.

Filmé, cette rencontre doit être traduite et sous-titrée... du moins lorsque l'on aura trouvé quelqu'un pour traduire les quarante minutes. Avis aux bénévoles !

Au-delà de ce moment passionnant dont nous sérions très heureux de partager avec vous via notre partenaire 1kult.com, nous avons pu ramener dans nos bagages quelques exemplaires du coffret dvd édité par le metteur en scène en totale indépendance.


Présentation du Lausanne Underground Film Festival :
Sous la fragile écorce du cinéma indépendant japonais se dissimulent quelques artistes mystérieux, rares et fascinants, ombragés par de nobles leaders nommés Koji Wakamatsu, Shuji Terayama, ou par l’entité Art Theatre Guild (groupement de cinéastes liés à la distribution et production d’œuvres rejetées par les gros studios et surnommé Nouvelle Vague Japonaise). Katsu Kanai est de ceux-ci. Cinéaste rebelle et visionnaire, il est considéré comme « l’empereur du cinéma underground » dans son pays natal. Bien que ses premiers films aient connu l’honneur des festivals internationaux en leur temps, Kanai a disparu des radars des cinéphiles au point de ne figurer dans quasiment aucune littérature. La redécouverte de l’œuvre de ce fils de paysans n’en est que plus précieuse, et son parcours exemplaire ; caméraman pour le studio Daei en 1960, il est formé par les chefs opérateurs Takahashi Michio (« Hiroshima mon amour ») et Kobayashi Setsuo (« La bête aveugle ») avant d’œuvrer en freelance dès 1964. En 1968, il fonde Kanai Katsumaru Production et travaille d’arrache-pied à la production, réalisation et distribution du premier volet de sa trilogie « Smiling Milky Way ». (JB)
THE DESERTED ARCHIPELAGO / 1969

 « Le jour où la guerre se termina, […] la réalité que je connaissais se renversa, et je fus marqué par le fait que je ne pourrais plus jamais croire en quoi que ce soit. Je partis alors à la recherche d’une forme de salut spirituel que j’ai finalement trouvé dans l’existentialisme d’Albert Camus. Dès lors, je fus capable de construire mon propre existentialisme, et ce film doit être vu comme la base de ‹ L’existentialisme de Katsu Kanai. » On y suit le passage à l’âge adulte d’un ado manipulé par des nonnes. En filigrane, c’est de sa propre expérience et du Japon d’après-guerre que parle le réalisateur, tout en y ajoutant une bonne dose de fantasme. Il en résulte un objet multi-facettes, purement surréaliste. Prix du meilleur film à la deuxième édition de ce qui allait devenir le festival Visions du réel. (JB)

GOOD-BYE / 1971
Un idiot du village, être solitaire sans attache réelle, rencontre une femme sur la plage. Ce qui s’apparente à une rencontre chaleureuse et accueillante se mue en rapport conflictuel et incestueux. Ainsi s’ouvre une critique acerbe sur le Japon et ses origines coréennes si souvent vilipendées. Sur la trace de ses racines (le nom de Kanai rappelle les travaux métallurgiques propres aux immigrés coréens ; sa région d’origine s’appelait autrefois Koguryo, du nom d’un ancien royaume coréen), le réalisateur finit par se mettre en scène et plonge dans une Corée vivant à l’heure de la loi martiale, questionnant ainsi le regard qu’il porte sur ses origines, de même que le regard du spectateur sur ses doutes, jusqu’à une conclusion sans équivoque. (JB)

THE KINGDOM / 1973 

Pour Katsu Kanai, « The Deserted Archipelago » reflète son vécu et ses fantasmes dans le Japon d’après-guerre, tandis que « Good-bye » se rattache plus à la terre qu’au sang. Pour clore sa trilogie, il lui restait à s’attaquer à une dimension supérieure: le divin ! Et selon lui, qu’on le veuille ou non, que l’on soit croyant ou non, s’il y a une divinité dont on ne peut nier l’existence, c’est le dieu du temps ! « The Kingdom » est son pied de nez à cette divinité. Ce sont les mots de Nagisa Oshima qui ont encouragé Katsu Kanai à s’attaquer à ce singulier long métrage: « Je ne qualifierai de cinéma que ce qui est fondé sur une histoire totalement neuve et une méthodologie totalement neuve ». Porté par ce leitmotiv, Kanai met en scène les aventures de Goku, un poète réalisant malgré lui qu’il n’est ce qu’il est qu’à temps partiel. C’est au travers de la rencontre de personnages décalés, tels que des pick-pockets du temps ou un docteur pour oiseau, qu’il tente de devenir poète à plein temps… et que Kanai gagne en légèreté comme en absurdité. (JB)


THE STORMY TIMES / 1991

Katsu Kanai fut grandement marqué par la perte de son ami Jonouchi Motoharu, réalisateur expérimental et acteur de « The Kingdom », fauché par une voiture. Jonouchi était apparu dans son court métrage « Dream Running » (1987): un film « Tanka » (poésie Japanesee classique) en costume remarqué, de l’Australie aux États-Unis en passant par l’Europe. Le décès de son ami lui inspira « Grasshopper’s One-Game Match » (1988) un film Haiku (court poème caractérisé par la juxtaposition de deux idées) se résumant à une bobine de Bolex imprimant l’image de son propre appartement à la recherche de ces instants d’amitié évanouis. En 1989, il mit en boîte « We Can Hear Joe’s Poem » (1989), un film poétique, au sens occidental du terme, où ses hallucinations l’entraînent de sa chambre à son jardin, sur les paroles du poème « Shinjuku Station », écrit par Jonouchi lui-même. Ces trois films réalisés indépendamment, et tous présentés au Image Forum Festival de Tokyo, forment ensemble « The Stormy Times », un hommage touchant à Jonouchi Motoharu. (JB)

 HOLY THEATRE / 1993

« Il est dit que l’on meurt deux fois. La première mort est la mort physique, la seconde survient lorsqu’il n’y a plus personne pour se souvenir de nous. » Lorsque Katsu Kanai entame cette vidéo tournée dans un jardin situé derrière sa maison, quatre de ses acteurs de « The Kingdom » avaient déjà rendu l’âme. Quatre amis chers à qui il rend hommage dans un film dont le premier acte n’est autre que la contemplation d’un univers bucolique, avant de bifurquer vers ses si chers amis. (JB)
SUPER DOCUMENTARY : THE AVANT GARDE SENJUTSU / 2003
Conscient de son grand âge, Katsu Kanai –devenu entre-temps producteur télé– laisse place à son alter-ego Katsumaru, un magicien (Senjutsu) bien décidé à en montrer à une jeunesse ayant tendance à oublier les bienfaits de la nature au profit de l’ère technologique. Tournant en pur amateur dans son jardin, Kanai s’amuse à réaliser de petits miracles « naïfs » qui sont autant d’instants humoristiques. (JB)

Coffret 5 dvd en vente sur theendstore.com

 source : LUFF

L'étrange couleur des larmes de ton corps



Une semaine. C'est le temps qu'il aura fallu a notre cerveau pour laisser le second film du duo Cattet Forzani se décanter après sa projection au Paris International Fantastic Film Festival (PIFFF). L’expérience pourrait se résumer en quelque mot, cauchemardesque, enivrant, éprouvant, énervant, fascinant.

Si L'étrange couleur des larmes de ton corps est présenté comme le versant masculin - Amer serait le pendant féminin - du giallo version Forzani Cattet, ce second effort apparaît plus comme le buvard des expériences cinématographique passées, presque comme un premier film.

Il serait aisé pour le cinéphile averti d’identifier tous les motifs emprunter ici ou là. Leur parfaite intégration, leur parfaite assimilation témoigne davantage de l'inspiration que du clin d’œil et rend la vision de L'étrange couleur des larmes de ton corps unique. Une richesse visuelle contribuant à nous perdre dans ce labyrinthe sensoriel.

Ne cédant jamais à la facilité du récit policier, en cassant la narration jusqu'à l’incompréhension Hélène Cattet et Bruno Forzani brisent les règles, pervertissent le genre et offrent par la même occasion ce que l'on était en droit d’espérer après Amer un film encore plus irrespectueux vis-à-vis du genre.

Sexy hier

Si l'érotisme franchouillard est plutôt présent en dvd grâce à divers éditeurs hexagonaux. On pense bien évidemment à Le Chat qui fume et sa collection Jean-Marc Pallardy, LCJ éditions avec José Bénazeraf et Max Pécas ou Bach Films avec sa collection L'érotisme à la française.

Pour autant, le genre sexy, en dehors de nos frontières reste (à l'exception de la collection Roman Porno Japonais et la collection Sexploitation chez Bach Film) encore trop peu distribué à notre gout en France.

Heureusement l'ours polaire de Artus Films a décidé de se réchauffer sous les latitudes des États-Unis et nous déniche une rareté.

LE JOURNAL SECRET D'UN MANNEQUIN / John & Lem Amero / 1967


Présentation de l'éditeur :
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Jenny, une jolie jeune fille de 21 ans, vit avec ses parents dans une ferme de la Nouvelle Angleterre. Un matin, alors qu’elle se promène, elle se fait surprendre par un garçon qui la viole. Une fois remise de cette tragédie, elle fait ses valises et part gagner sa vie. D’abord secrétaire dans une agence, elle va parvenir à être l’un des plus célèbres mannequins de haute couture de sa génération. Entre amours impossibles et désillusions, Jenny va se battre jusqu’au bout pour réaliser ses rêves. 



Au milieu de la vague du cinéma érotique américain, les frères Amero réalisent un film atypique. Alors que le public se fiche de l’histoire pour préférer voir des actrices de plus en plus dénudées, « Journal secret d’un mannequin » développe la psychologie d’une jeune fille en quête de réussite dans un milieu plus que dépravé, aidé par une mise en scène au réalisme érotique le plus troublant.  

En supplément une présentation des frères Amero par Eric Peretti, un diaporama d'affiches et photos  et la traditionnelle bandes-annonce. 

Le plaisir continue avec Bach Film qui a décidé de nous offrir un nouveau film de Mac Ahlberg(1931-2012), Molly l'ingénue perverse (1977). Ce qui porte à quatre le nombre de film disponible de cet auteur scandinave après Flossie, Justine et Juliette et Bel-ami.

Présentation de l'éditeur :
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Une jeune orpheline découvre la sexualité au sein de sa famille adoptive.

Réalisé sous le pseudonyme de Bert Torne, cette adaptation de Heurs et Malheurs de la fameuse Moll Flanders de Daniel Defoe, auteur de Robin Crusoe, permet de retrouver au générique Marie Forså vu dans les précédents films de Ahlberg cités ci-dessus mais aussi dans Le Château des Messes de Joe Sarno (1921-2010) qui fut l'autre grand auteur de cinéma érotique à la diriger dans sa courte carrière (1972-1979).

En vente sur theendstore.com (prochainement)

I am a ghost | H.P. Mendoza | 2012

Jusqu'à présent, le seul Mendoza que l'on connaissait était Brillante, réalisateur philippin de Kinatay et du récent Captive avec Isabelle Hupert. Mais à partir d'aujourd'hui il faudra compter avec le non moins brillant H.P.Mendoza dont le I Am a Ghost diffusé au festival La Samain du cinéma fantastique à Nice et au LUFF  à Lausanne à ravi notre recrue de choc Edward Pretorius dont vous retrouvez la première critique sur THE END ci-dessous.


L’histoire : un fantôme qui revit indéfiniment les mêmes situations cherche ce qui le retient dans ses souvenirs.

Ce petit bijou d’ambiance et de mise en scène est la révélation et le chef d’œuvre du festival ! L’histoire nous introduit dans l’univers clôt et familier d’une maison où une femme reproduit à l’infini certains moments de sa vie passée. Un éternel retour qui n’ennuie jamais et qui réussit même à intriguer tant les scènes, pourtant simples, sont porteuses d’interrogations. A de multiples reprises on se demande : « pourquoi fait-elle cela ? », « qu’y a-t-il dans cet escalier ? ». Et comme dans tous les bons films de peur, il arrive un moment on l’on voit l’étau se resserrer et où l’on a de moins en moins envie de savoir… En effet, du moment que ce sympathique fantôme est tiré de sa torpeur mécanique, tous les repères du quotidien qui nous rassuraient finissent par tomber et on pressent que les choses vont vraiment mal tourner. Un film à voir donc absolument pour des tas de raisons. L’actrice principale est exceptionnelle et tient une bonne part du film sur ses épaules. La mise en scène privilégie la plupart du temps des plans fixes très beaux, pleins d’ambigüité et composés de manière à évoquer des toiles peintes figeant le souvenir dans l’espace et le temps (on a encore les images précises en tête longtemps après). Le son enfin, à la fois dépouillé et terriblement efficace, nous ouvre les portes de l’au-delà en utilisant notamment les bruits des éléments (air et eau) qui suggèrent une immersion complète dans cette roue intemporelle. Sublime.

Edward Pretorius

Looking for Mr. Goodbar : Sex in the city

Dans les années 1970, une enseignante pour sourds, célibataire et sage en apparence, s'aventure chaque nuit dans les quartiers chauds en quête d'expériences sexuelles débridées et sans lendemain avec toutes sortes de marginaux.

Curieux film de Richard Brooks (1912-1992), réalisateur d'Une Chatte sur un toit brulant (1958). Commençant comme une étude de moeurs et finissant comme un slasher, Looking for Mr Goodbar (1977) navigue entre les décors carton patte de studio et des inserts de réalité très "Nouvel Hollywood" déchirant le récit conte de fée en cauchemar moralisateur sur la liberté des femmes.

Une rareté à découvrir au Reflet Medecis (3 rue Champollion 75005 Paris.