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Tariq Teguia | L’Éclat - Villa Arson

La cartographie actuelle des cinéastes (importants) se limitent bien souvent à quelques zones géographiques bien déterminées : les États-Unis (Terrence Malick, James Gray, Jeff Nichols), la France (Philippe Grandrieux, Gaspar Noé), le Danemark ( Lars Von Trier, Nicolas Winding Refn), l'Espagne (Almodovar), l'Allemagne (Werner Herzog si on peut encore le considérer comme allemand), le Japon (Kurosawa), la Chine (Wang Bing). Mais parfois quelques films en provenance de pays dont on ne soupçonne même pas la qualité de production viennent "s'incruster" dans ce paysage comme l’algérien Tariq Teguia. L’Éclat (Villa Arson - Nice) propose trois jours exceptionnels autour de son cinéma (en sa présence) ainsi qu'un panorama des jeunes pousses du cinéma algérien.

Présentation du cycle "Jeune Algérie" :
A la fois furieux mais heureux créateur d’un maquis cinéma, Tariq Teguia est né en 1966, en Algérie, a obtenu un diplôme de philo à Paris (théorie esthétique, doctorat sur l’œuvre de Robert Frank), a travaillé un temps comme journaliste à Alger, y a enseigné aux Beaux-Arts. Il est surtout pour nous à la fois un photographe, un vidéaste, et un cinéaste – l’un des plus importants qui soit, ici comme ailleurs – au point que le philosophe Jacques Rancière voit en lui un de ces « géographes » qui ont réinventé le cinéma politique. Ces deux premiers long-métrages, Rome plutôt que vous et Inland, ont documenté le présent hasardeux de toute une génération, dessinant des corps politiques en l’état, irréductibles, fermes, visionnaires. « Alger oui, mais vu de dos » disait-il au moment de la sortie de Rome plutôt que vous, lorsqu’on l’interrogerait sur la représentation graphique, mentale, de sa ville. Plus tard, pour Inland, il aura lui-même trouvé les mots qui définissent l’argile particulier de son cinéma : « Je manipule des sons, des matières et des trajectoires. »
Aussi trouve-t-on chez lui un désir de se trouver des lignes de fuite, de déplacer sa propre frontière, de se perdre et de ne pas abdiquer. Autant de digues à creuser avec lui puisque Tariq Teguia sera durant trois jours l’invité de l’Eclat à la Villa Arson –comme cela été avait le cas la saison passée avec Elia Suleiman et Joana Hadjithomas & Khalil Joreige.
En parallèle, nous présenterons une sélection de jeunes films récoltés de part et d’autre de la Méditerranée : films algériens découverts à Bejaïa Doc en dialogue avec des films réalisés dans le sud de la France.
Espérez du café, du raisin et de la colère.
Philippe Azoury

ROME PLUTOT QUE VOUS / 2006
L’Algérie depuis 10 ans vit une guerre qui a causé plus de 100 000 morts, une guerre qui ne dit pas son nom. Dans Alger encore désolée par la guerre, Tariq Teguia met en scène Zina et Kamel qui arpentent encore une fois leur ville avant de (peut-être ?) la quitter. « Road movie en vase clos, lente dérive étirée à l’échelle d’une ville et de sa périphérie », le film met en scène l’Alger d’aujourd’hui (même si l’action se passe dans les années 90), l’ennui profond, la désespérance, qui imprègnent les lieux et les gens et auxquels tentent d’échapper, les deux jeunes amants. Alger, plus grise que blanche, n’a jamais été aussi belle et vraie au cinéma.

« Comment filmer une guerre qui prétend à la discrétion ? En filmant le ténu, c’est à dire en filmant moins ce qui se joue derrière le mur, mais le mur lui-même. [...] non, toutes les filles ne baissent pas les yeux dans la rue, oui, beaucoup de jeunes algérois veulent fuir ! Pas seulement pour des raisons matérielles -travail, logement- mais par refus, même inconscient, d’une société de l’enfermement »
Tariq Teguia
 > Mercredi 7 novembre 2012 à 20h00


INLAND / 2008
Alors qu’il vit en quasi reclus, Malek, un topographe d’une quarantaine d’années, accepte, sur l’insistance de son ami Lakhdar, une mission dans une région de l’Ouest algérien. Le bureau d’études oranais, pour lequel il travaillait il y a encore peu, le charge des tracés d’une nouvelle ligne électrique devant alimenter des hameaux enclavés des monts Daïa, une zone terrorisée il y a à peine une décennie par l’islamisme. Arrivé sur le site après plusieurs heures de route, Malek commence par remettre en état le camp de base – une cabine saharienne délabrée ayant déjà abrité une précédente équipe, venue à la fin des années 90, mais décimée lors d’une attaque des intégristes. Dès les premières lueurs du jour, Malek se met au travail. Il procède aux premiers relevés topographiques, arpente les étendues autour du camp de base. Dans la nuit, son sommeil est perturbé par de puissantes déflagrations…

> jeudi 8 novembre 2012 à 20h00.

La séance sera précédée d'une Master Class du réalisateur en dialogue avec Philippe Azoury (18h00)

Les autres films du cycle :
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AVOIR 20 ANS DANS LES AURES / 1972 / René Vautier
> Vendredi 9 novembre 2012 à 18h00
DEMANDE A TON OMBRE / 2012 / Lamine Ammar-Khodja
> Vendredi 9 novembre 2012 à 20h00
ART SESSION Nous, dehors / Bahïa Bencheikh El Fegoun et Meriem Achour Bouakkaz
BIR D'EAU, A WALKMOVIE / 2010 / Djamil Beloucif
RISACCA NON ERRA / 2011 / Pierre Michelon
LES TRACES ALGERIENNES : UNE PARTIE DE MOI, D4AUTREFOIS /2011 / Natacha Cyrulnik
> Samedi 10 novembre 2012 de 11h00 à 17h00

source : L’Éclat

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