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Masumura, anarchiste des passions

Parmi les auteurs et journalistes qui ont conquis une certaine crédibilité, à défaut d'une plus grande notoriété, Stéphane Du Mesnildot a toute notre sympathie. Journaliste pour les Cahiers du Cinéma et depuis quelques numéros pour la revue culturelle Chronic'art, il a attiré notre attention voici plusieurs années grâce à la rédaction de l'ouvrage Jess Franco, énergies du fantasme aux éditions Rouge Profond. Depuis, nous suivons son excellent blog Les Films libèrent la tête et traquons ses diverses interventions dont le texte ci-dessous écrit à l'occasion de la rétrospective Yasuzô Masumura (1924-1986) à la Cinémathèque de Paris en 2007.

Yazusô Masumura
Un anarchiste des passions

Dans l’interview qu’il accorda aux Cahiers du cinéma en 1970 (1), Yasuzô Masumura déclarait n’attacher que peu d’importance à l’image et se défier de l’esthétisme. Si la rigueur des compositions de Irezumi (Tatouage) ou Manji (Passion) semble contredire cette affirmation, il est vrai que souvent chez Masumura l’image se trouve entraînée vers une forme de raréfaction, voire un pur évanouissement. Dans Manji (Passion), l’éblouissement du couple vouant un culte à la déesse Kanon, transforme leur chambre en un monde sans contour ni consistance où vacille leur identité même ; l’héroïne de Seisaku no tsuma (La Femme de Seisaku), aveuglant son mari, parvient à le soustraire à la guerre et à l’oppression du village ; une semblable cécité est partagée par les amants de Môjû (La Bête aveugle) et leur fait rejeter le monde visible pour un univers tactile. Ce dernier film peut d’ailleurs valoir comme le manifeste d’un cinéma davantage sensitif que visuel et soumis à des forces de vitalité, d’intensité et de rythmique. Que ces énergies en viennent à se figer à l’intérieur d’une image, à se conformer à une esthétique, serait déjà en soit un signe d’aliénation. Quel que soit le genre qu’ils abordent (comédie, film noir, érotisme cruel), les films de Masumura sont traversés par un même conflit : l’oppression des forces vitales de l’homme dans une société où « ni l’individu ni la liberté n’existent » (2).

Le cinéma de Masumura naît à un tournant de la société et du cinéma japonais : le développement du capitalisme et le crépuscule des grands auteurs : Ozu, Naruse et Mizoguchi. Après avoir d’ailleurs assisté Mizoguchi sur ses dernières œuvres, Masumura passe trois années au Centro Sperimentale Cinematographico de Rome (où il se lie avec Antonioni). Masumura aura donc connu successivement la fin du cinéma classique japonais et la modernité européenne. Son premier film, Kuchizuke [Les Baisers] en 1957, s’inscrit alors presque naturellement dans un genre « moderniste » et d’inspiration occidentale : les films des taïo-zoku ou Saison du soleil, désignant les adolescents hédonistes ayant grandi dans l’après-guerre. Pour Oshima et ses pairs, ce courant, et particulièrement Kuchizuke [Les Baisers], ont représenté l’équivalent de Monika et, dans une moindre mesure, de Et Dieu créa la femme pour la nouvelle vague française (3). Les corps et le désir se dévoilaient avec une franchise inédite ; les courses en moto et les pistes de danses imprimaient des rythmes et des vitesses nouvelles aux personnages. Enfin, les cinéastes sortaient des studios pour plonger dans le chaos de la vie urbaine. Pourtant, cette libération contenait déjà les paradoxes de l’oeuvre à venir de Masumura. Ce tempo inédit et les postures calquées sur celles de James Dean ou Brando étaient naturels à une jeunesse ayant vécu dans le voisinage des bases militaires américaines. Si les adolescents japonais trouvaient dans l’Occident matière à s’extirper du carcan des traditions, cette modernité relevait d’une culture d’occupation. L’année suivante avec Kyojin to gangu [Le Géant et les Jouets], à travers la guerre que se livrent des sociétés de caramels, Masumura attaquera frontalement les nouveaux rythmes de vie imposés par le capitalisme.



Kyojin to gangu [Le Géant et les Jouets], reproduit le style euphorique des comédies de Frank Tashlin et Stanley Donen (il s’inspire d’ailleurs en partie de Funny Face). Rapide, saturé de couleurs, avec des personnages en mouvement perpétuel, le film paraît s’abandonner aux formes les plus extatiques du cinéma hollywoodien. Pourtant, les plans de machines d’usines et les presses à journaux révèlent l’inhumanité des forces motrices qui entraînent ce monde. Les personnages tentent de survivre à la folie du consumérisme et à la marche implacable de l’industrie. Kyoko, l’adolescente plébéienne choisie pour représenter la marque de caramels, perd son innocence lorsque le photographe lui demande de jouer la candeur. Désormais, mieux que personne, elle saura manier les codes de ce monde factice. Son parcours est absolument identique à celui de Otsuya dans Irezumi (Tatouage) qui retourne contre ses oppresseurs le monstrueux dessin d’araignée dont ils ont marqué sa peau. A l’inverse, le « créateur » de Kyoko, le chef de publicité Goda, s’éreinte à suivre le rendement de sa compagnie au fur et à mesure qu’elle « dévore » ses concurrents. Alors que Kyoko évolue cyniquement sur la scène scintillante du spectacle capitaliste, Goda se retrouve à l’agonie, crachant du sang dans des bureaux sombres et déserts. Au terme de la relation vampirique qui unie la plupart des couples du cinéaste, les personnages masculins achèvent souvent leur destin dans la répétition hystérique de leur aliénation.



Le yakuza de Karakkaze yarô [Le Gars des vents froids] interprété par Yukio Mishima (qui détourne d’ailleurs le film par une interprétation très camp) est ironiquement couplé à un petit singe mécanique joueur de cymbale. Dans un final dont s’est peut être souvenu Brian de Palma pour Carlito’s Way (L’Impasse), il succombe à la loi du clan : échouant à s’évader avec sa compagne enceinte, il meurt en remontant l’escalier mécanique d’une gare. Le héros de Nise daigakusei [Le Faux étudiant], séquestré par ses camarades activistes, devient lui-aussi un automate détraqué : arpentant un couloir d’asile, il déclame des slogans en un simulacre de manifestation. L’employé de Chijin no ai (La Chatte japonaise, d’après Tanizaki) ne peut échapper à la soumission, même dans ses jeux érotiques : chevauché par son épouse, il en est réduit à faire indéfiniment le tour de la table du salon. Pour Masumura, l’homme se construit avant tout par la négation de son individualité : « répression de soi, harmonie avec le groupe, tristesse, défaite, fuite » (4). Si Masumura aborde le milieu militaire, c’est évidemment pour en faire la matrice de la régulation des corps et de l’écrasement des esprits de la société japonaise. Dans Heitai yakuza [Le Soldat yakuza], le système de grades qui régit les prostituées établit un rapport entre le bordel et la caserne : les militaires sont eux aussi des corps déterminés par un usage, des pantins dociles, remplaçables à l’infini. Dans Akai Tenshi (L’Ange rouge), mutilés, réduits à des fragments de corps indifférenciés, ils perdront toute identité.

 Face à ces « ombres » sans corps ni conscience, la femme canalise les énergies vitales : « les actions dynamiques, les oppositions, les joies, les luttes à mort. (5) » Dans les premiers temps, elle est une créature du mouvement et de la vivacité, comme Nozoe Hitomi dans Kuchizuke [Les Baisers] et Kyojin to gangu [Le Géant et les Jouets], qui enchaîne à une vitesse folle les mimiques et les gestes. Elle peut aussi épouser la forme plus chimérique et inquiétante d’Ayako Wakao, la femme de toutes les métamorphoses, déesse autant qu’animal sanguinaire. Au cours des années 60, l’opposition du personnage féminin à tous les types de sociétés humaines va incliner les films de Masumura vers un érotisme archaïque et barbare.

Il adapte les romans de Tanizaki (Passion, Tatouage) et Edogawa Rampo (La Bête aveugle), posant ainsi les premiers jalons cinématographiques de l’ero-guro (érotique grotesque), érotisme sanglant auquel on peut rattacher de nos jours le très masumurien Ôdishon (Audition) de Takashi Miike. Ayako Wakao va incarner des créatures proches de Sacher-Masoch ou Pierre Louÿs ; une statue d’albâtre au contact de laquelle les hommes se disloquent. L’introduction de Irezumi (Tatouage) pourrait définir les personnages d’Ayako Wakao : « une superbe femme piétine des corps d’hommes exsangues. Elle se repaît de leur chair et de leur sang pour prospérer. » Comme chez Tod Browning (cinéaste ero-guro qui s’ignorait), les pulsions font dégringoler l’homme de sa stature et le condamnent à la reptation.

Les attractions irrépressibles, l’animalité primordiale ou encore le déterminisme des caractères féminins et masculins, inclinerait le monde de Masumura vers le Naturalisme. Cependant, bien que son action soit davantage nihiliste qu’émancipatrice, la violence de la femme relève également du choix. Dans Tsuma wa kokuhaku suru [Confession d’une épouse], au cours d’une escalade, la femme doit décider entre couper la corde qui la relie à son mari ou tomber dans le vide avec lui. Elle sera moins accusée du meurtre de son conjoint que d’avoir refusé le sacrifice. En crevant les yeux de son mari pour l’empêcher de retourner à la guerre, la femme de Seisaku choisit de s’opposer au village se cherchant un héros militaire. L’infirmière de Akai Tenshi (L’Ange rouge) pourrait n’être qu’une figure maudite, entraînant malgré elle les hommes vers la mort, pourtant c’est sa volonté qui délivre le médecin de l’impuissance et de la drogue. Même si Nagisa Oshima rejeta violemment Masumura à partir de Karakkaze yarô [Le Gars des vents froids], Abe Sada dans Ai no corrida (L’Empire des sens), vivant sa passion en marge du Japon militariste, est un personnage strictement masumurien.
 
Malgré ses affirmations péremptoires, Masumura aura su doter certains personnages masculins d’une individualité forte. Ainsi Omiya dans Heitai yakuza [Le Soldat yakuza], ou encore Hanzo dans Goyôkiba: kamisori hanzô jigoku zeme (L’Enfer des supplices), tous deux personnifiés par Shintaro Katsu. De fait, l’interprète de la série des Zatoïchi, représentant d’un anarchisme populaire typiquement japonais, ne pouvait entrer dans la lignée des hommes atrophiés de Masumura. Face aux soldats, tous taillés sur le modèle de la virilité japonaise (cheveux ras, corps sec), la rondeur burlesque de Katsu le désigne comme un corps absolument hors norme. Forgé au code d’honneur des yakuzas, son mépris absolu de la hiérarchie militaire lui permet de rester insensible aux pires châtiments corporels. Dans Goyôkiba: kamisori hanzô jigoku zeme (L’Enfer des supplices), Katsu interprète un inspecteur « tantrique » qui soutire des aveux aux femmes grâce à son pénis, fortifié par d’effarants exercices. Le personnage retient toute jouissance, émotions et pulsions et devient une force abstraite, presque immatérielle, circulant entre les corps féminins.

C’est logiquement par l’évanouissement dans le féminin que l’homme peut se soustraire à l’aliénation. Yonosuke, le libertin de Koshoku ichidai otoko [L’homme qui ne vécut que pour aimer], interprété par le génial Raizo Ichikawa, fait passer son amour des femmes avant toutes les conventions sociales. Bravant le pouvoir du Shogun, Yonosuke dilapide en orgies la fortune familiale. Proche du Casanova de Fellini, il traverse des mondes dégradés ou parodiques : un bordel pour travestis, une forêt de vieilles prostituées, un cimetière où l’attend une fiancée morte. Mais à la différence de Casanova, jamais le personnage, sans doute le plus optimiste créé par Masumura, n’atteint le territoire des passions glacées et mécaniques. A bord d’un navire dont les cordages sont tissés de cheveux de femmes, il s’embarque pour une île merveilleuse bordée de sirènes. Dans Môjû (La Bête aveugle), l’oeuvre la plus transgressive du cinéaste, l’atelier du sculpteur sert également à une mythification du corps féminin. Rampant sur le corps d’une géante de pierre, les amants aveugles explorent l’« art tactile ». De mutilations en mutilations, ils s’éloignent du monde des hommes pour atteindre un autre territoire, n’ayant pour règle et superficie que l’intensité des sensations. Même si leur destination se révèle les ténèbres et la mort, par la seule force de leur désir, ils incarnent le nihilisme forcené de Masumura, dirigé vers l’abolition de toutes les formes de sociétés. 

Remerciements à Tomoko Hashimoto et Dimitri Ianni

(1) Les Cahiers du Cinéma n° 224, octobre 1970
(2) ibid
(3) Nagisa Oshima, « Cela constitue-t-il une brèche » (1958) in Ecrits 1967-1978 (Cahiers du Cinéma/Gallimard, 1980)
(4) Yasuzô Masumura, texte paru dans Eiga Hyoron, février 1958, cité par Max Tessier in « Yasuro Masumura et les modernistes du Taiyozoku » (« Le Cinéma japonais au présent », Cinéma d’Aujourd’hui, 1980) 
(5) ibid

Parmi la soixantaine de films réalisés, seulement quelques uns sont disponibles en France, encore une fois il faudra se tourner vers l'étranger afin de trouver quelques bobines oubliées. Voici les titres en vente sur theendstore.com

France
Passion / La Femme de Seisaku | 30 euro (ancienne édition digipack cartonné)
Tatouage / La Bête aveugle | 25 euro (nouvelle édition)

UK
Manji aka Passion | 15 euro
L'ange rouge aka Red Angel | 15 euro

USA
Black test car | 25 euro

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La reproduction du texte est à des fins informative. Si l'auteur ou la cinémathèque souhaite son retrait merci d'envoyer un mail à contact@theendstore(POINT)com

L'apocalypse cinéma

Cette fin d'année sera marquée par l’apocalypse tant redoutée par bon nombre d'illuminé. Tous les journaux vont saisir l'opportunité pour faire des reportages, des dossiers. Les magazines seront le lieu de rencontre pour toutes les hypothèses les plus farfelues. L'apocalypse s'invite même au cinéma au Forum des images avec une rétrospective à venir en fin d'année.

Suivant le mouvement marketing, les éditions Capricci ont décidé d'y aller de leur ouvrage apocalyptique au cas ou ceux qui sont angoissés ne le soit pas davantage.



L’apocalypse-cinéma, ce n’est pas seulement la fin des temps si souvent donnée à voir récemment, à grand renfort d’effets spéciaux. Le philosophe Peter Szendy avance l’hypothèse que c’est aussi sa propre limite que le cinéma travaille et affronte là : l’apocalypse-cinéma, c’est à la fois, d’un même et terrible coup double, la fin du monde et la fin du film. Il décrit les figures de ces deux fins en une : le compte à rebours, l’aveuglement, la radiation, le gel, la fêlure, la déchirure sismique… Autant de prétextes pour mettre en scène le cinéma lui-même, avec ses décomptes ou ses rewinds, ses images surexposées et ses fondus au blanc, ses retouches numériques, ses arrêts sur image ou ses raccords.
Allant et venant entre le cinéma et la philosophie, Steven Spielberg, Lars Von Trier et Martin Heidegger, empruntant ses exemples à des superproductions récentes comme 2012, Le Jour d’après, Watchmen ou Terminator 3, mais aussi à des films plus singuliers comme Blade Runner, Melancholia, Cloverfield, L’Armée des douze singes ou A.I., il montre que ce que ses fans surnomment « apo » n’est pas un simple genre parmi d’autres. Il s’agit à chaque fois, pour le cinéma, de s’exposer.
Penser la fin du monde, c’est donc toujours aussi porter le cinéma au bord de sa disparition. Au bout du compte, à la fin du décompte, le cinéma rêve de se reconstituer en se perdant. Tel est le propos de ce livre à la fois érudit et passionné, aussi brûlant et actuel que le sujet qu’il aborde.

L'auteur 
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Peter Szendy est maître de conférences au département de philosophie de l’université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense et conseiller musicologique pour les programmes de la Cité de la musique. Visiting Professor à l’université de Princeton en 2012, il a aussi enseigné au département de musique de l’université Marc-Bloch de Strasbourg de 1998 à 2005. Il a également été rédacteur en chef des publications de l’Ircam, de 1996 à 2001. Ses travaux portent notamment sur l’histoire de l’écoute et ses rapports avec le pouvoir, sur la lecture ainsi que sur la fabrique des corps ou du regard. Il est notamment l’auteur de Kant chez les extraterrestres. Philosofictions cosmopolitiques (Minuit, 2011) et de Tubes. La philosophie dans le juke-box (Minuit, 2008).

Sommaire
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Melancholia, l’après-tout
The Last Man On Earth, le cinéma comme décompte 
Cloverfield, l’holocauste de la date 
Terminator, l’archi-travelling 
2012, la pyrotechnie 
A. I., le gel 
Pause pour inventaire (l’« apo ») 
Watchmen, le feuilleté du cinémonde 
Sunshine, la radiographie en blanc et noir 
Blade Runner, les intermondes 
L’Armée des douze singes, les tubes de l’apocalypse 
La Route, la langue d’une ère engloutie 
Blob, la bulle.

160 pages | 15 euro

A commander auprès de THE END par mail à theendstore@gmail(POINT)com ou contact@theendstore(POINT)com

Stephen Dwoskin, la douleur du désir

Décédé en juin dernier à l'âge de 73 ans, le nom de Stephen Dwoskin est remonté jusqu'à nos oreilles grâce à l'auteur Philippe Robert, et à ses conseils toujours avisés. Si Dwoskin nous évoquait peu de choses, le visuel du film Central Bazaar en dvd (BFI) avait particulièrement retenu notre attention mais sans jamais approfondir sur l'auteur de cette œuvre.
En 2004, à occasion de la rétrospective Dwoskin au festival Côté Court de Pantin, Philippe Azoury avait fini son article dans Libération avec cette phrase "Passez à côté de ça, et vous aurez l'air con dans dix ans". Moins de dix ans après,le réalisateur est parti et nous regrettons de ne pas avoir connu son cinéma plus tôt.

Honte à nous d'avoir manqué ce rendez-vous avec cette grande figure du cinéma expérimental, quelque part entre Andy Warhol et John Cassavetes. Mais nous allons rattraper le temps perdu avec un coffret exceptionnel, deux films cultes et un documentaire accompagné de court-métrages. Bref un beau panorama de tout ce que Stephen Dwoskin a pu offrir au cinéma, du désir et de la douleur.




Dvd 1
Take me 

Une femme chantonne en déambulant tranquillement en robe de chambre. Cette scène tranquille, se transforme peu à peu en une magnifique peinture mobile. Dwoskin, peintre et cinéaste, prend son modèle comme support, tout en semblant masquer son corps avec des couches de peinture, il réussit à capter, grâce à la caméra, l'être intérieur.

Dirty
(...) Nous apercevons deux femmes à moitié nues dans un lit, buvant d'abord à même une bouteille, puis jouant avant d'entamer un jeu érotique. Les saletés, le grain de l'image et les ruptures de continuité dans l'action confèrent au film la qualité d'un souvenir fortement chargé en érotisme. Le film donne l'effet d'une remémoration onirique d'une scène où le rêveur est libre de revoir ou de faire une pause sur un geste particulier, figer certains moments privilégiés comme la caresse d'une main, le rebondissement d'un sein, un regard, etc... Le film devient un rêve érotique éveillé, un jeu d'images sensuelles tirées d'une scène dont on aurait été témoins dans le passé."  

Girl
"ll est tout à fait intéressant de constater la complexité de la forme simple. Une jeune fille n'est confrontée à rien d'autre qu'à ses pensées. Tout au long de la période d'observation (alors qu'elle vous regarde), ses expressions et ses mouvements, se transforment en un miroir permettant au spectateur de se vivre. L'expérience est uniquement émotive entre vous et elle et se produit en temps réel."

Dad
"Ode à mon père et, peut-être, à tous les pères. Ce film, que ma sœur a qualifié de peinture en mouvement , mélange d'anciennes archives familiales que j'ai retrouvées et qui montrent mon père jeune, puis vieillissant. " (Stephen Dwoskin)

Grandpère’pear
"Mon grand-père était un artiste plein de charme et il aurait joué la comédie s'il avait eu un public. Dans ce film, extrait d'images familiales, c'est une simple poire qui fait l'objet de son panache." (Stephen Dwoskin)

Dear Frances (in memoriam)

"Ma chère amie Frances est morte, soudainement et tristement. J'ai eu besoin de m'accrocher à elle pour vivre cette perte. Et j'ai fait ce film." (Stephen Dwoskin)


Dvd 2
Pain is…
Depuis sa chaise roulante, Stephen Dwoskin enquête sur l'essence de la douleur. A partir d'expériences individuelles, il élabore sa recherche et questionne à son tour son propre rapport à la douleur, celle de l'esprit, du cœur, de l'âme et du corps. Un film au ton humble et bouleversant en quête de compréhension de la condition humaine, complexe et fragile. Auteur d'une trentaine de films expérimentaux d'inspiration autobiographique, Dwoskin voit en la douleur une des expériences fondatrices de l'humain. 

Intoxicated by my illness 
Faits de multiples images en surimpression, ces films suivent Dwoskin, de loin, comme dans un rêve, au cours d'une période récente de sa vie qui l'a mené d'examens médicaux en soins intensifs. C'est, principalement, une rêverie sur les fantasmes érotique et surtout sur l'ambiguïté atroce et poignante des sensations physiques d'un corps tiraillé entre une douleur intense et un plaisir exquis. Parallèle entre le personnage de l'infirmière qu'on pourrait voir comme une maîtresse SM et celui de la maîtresse SM qui touche le corps "dominé" le plus tendrement du monde. Dwoskin accompagne parfois ces images de musiques de films connues pour mettre en avant, de façon ironique, sa propre dramatisation et, ce faisant, nous attirer finalement dans une intimité rare et précieuse. 

Dvd 3 
Tod und Teufel 
L'action se déroule dans différentes pièces d'une grande maison, et traite des confrontations vécues par les personnages. Tod und Teufel est basé sur la pièce de Wedekind, écrite en pleine période expressionniste en Allemagne. Il s'agit d'un essai sur la libéralisation des hommes et des femmes. La belle Lisika semble être une femme réellement libérée. Sa "liberté" est rapidement dissoute par l'action persistante de la caméra. Casti Piani manipule et domine sa relation avec Elfriede, en se moquant de son manque de sensualité. 

Face Anthea 
Que le visage soit naturel ou qu'il soit embelli grâce au maquillage, à la coiffure et aux bijoux, rien ne peut empêcher l'imagination de se livrer à toutes sortes de spéculations. Tous les sens sont concentrés sur cette tête : les yeux, les oreilles, le nez, la langue et la peau qui les recouvre tous de son réseau vibrant de nerfs. On peut imaginer les sens, cette contrepartie de nous-mêmes, prêts à réagir avec nos humeurs, nos suggestions et nos accords. Rien que par le regard, quand les yeux entrent en contact avec les notres, c'est un dialogue visuel et une intéraction qui s'engagent. Et quand les lèvres, jointes dans une parfaite harmonie, s'écartent pour sourire, elles invitent à la découverte. Alors, avec le temps, ce dialogue nous transporte de la spéculation à la réalisation. Le visage passe de la suggestion abstraite à la projection singulière de la séduction. Ce n'est plus un visage anonyme, c'est celui d'une personne bien précise. 

Dvd 4 
Behindert 
"Stephen Dwoskin, qui a contracté la poliomyélite à l'âge de neuf ans, montre ici sans complaisance le rapport socio-personnel dans une relation amoureuse du point de vue de la personne handicapée. Au terme d'une soirée entre amis, la voix d'un homme propose à Carola de la raccompagner, mais elle ne voit pas son interlocuteur. Ayant aperçu des béquilles, elle pense qu'il est infirme. Plus tard, elle accepte de le revoir ; il s'agit de Stephen Dwoskin, qui nous raconte deux jours de la vie de Steve et Carola. (...) Un visage de femme, longuement filmé en gros plan, sourit à la caméra, mais quelques-unes de ses expressions révèlent parfois un certain désarroi. Les plans sont brefs, le montage saccadé, la prise de vues "tremblée". Le malaise provoqué est visiblement voulu. Autrement dit, la technique - très voisine de celle du cinéma d'amateur - se réclame de l'avant-garde. C'est donc un effet de l'art, un parti pris." (Stanislas Gregeois, Télérama, 1977) 

Outside in 
"Dwoskin filme son environnement quotidien et propose un journal filmé, une chronique qu'il aurait en permanence à portée de la main. La plupart du temps, il passe devant la caméra (in) et tout en se faisant filmer par un tiers (outside), dirige la scène. Il ne montre pas son corps handicapé puisqu'il joue avec en permanence. Un corps souvent muet qui, par son inertie, sa lenteur et sa difficulté à se déplacer dans un plan, son instabilité et ses maladresses, est en fait un vrai corps burlesque. Outside in, à partir de saynètes très courtes, est la fiction d'un corps en déséquilibre qui menace ou bouscule joyeusement l'ordonnance d'une scène." (Charles Tesson, Cahier du cinéma n°333)

Dvd 5 
Trying to kiss the moon 
"Cette autobiographie d'un cinéaste ne ressemble à aucune autre. Le film n'est pourtant pas un exercice d'auto-apitoiement. Rapidement, c'est la vitalité du héros après son accident, de cet homme au sourire narquois qui s'impose et semble montrer qu'entravé par le destin, Dwoskin n'en a que plus d'ambition, de rage, de désir (de cinéma, de peinture, des femmes), de sens de l'utopie. Jusqu'à essayer d'embrasser la lune." (Edouard Waintrop, Libération)

Lost dreams 
"Lost Dreams" est fait de ces petits vestiges d'images, regards fugaces ou moments précis, de ces femmes du temps de leurs premières amours et de leurs rêves de jeunesse. Elles sont tissées ensemble, comme des fragments de la pensée et se font souvenir d'elles, des confins du film aux coins du cadre. Elles sont de nouveau embrassées et reçoivent, même s'il est fugitif, un hommage poétique.



Egalement disponible, Dyn amo (1973) et Central Bazaar (1976)

Présentation de Dyn Amo par Philippe Azoury
"Chaque film de Dwoskin pourrait se décrire ainsi : un homme regarde une femme qui lui rend ce regard. Cet échange bras de fer durera le temps qu'il faut, ce sera parfois doux comme une caresse, aussi intense qu'une demande. Parfois,la peur, le refus, la fierté blessée, l'abandon traversera ce cinéma tendu et paralysé par les regards caméra. Comme au peep-show, ses films se regardent isolé de tout. Ils s'adressent à la solitude de chacun."

A l'instar d'un Coming Apart (1969) ou du français What a Flash (1972), Central Bazaar fait partie des films annonciateurs de la télé-réalité. Inspiré par les groupes post hippy, Dwoskin enferme des femmes et des hommes dans une pièce et filme leurs réactions comme leurs créations les poussant jusque dans leurs limites.
Aussi beau que dérangeant, Central Bazaar est une analyse poétique de nos relations communicationnelles par rapport à l'autre.

Enfin finissons par le documentaire de la collection Cinexperimentaux consacré à Stephen Dwoskin par Frédérique Devaux et Michel Amarger.


La vigueur du cinéma expérimental contemporain nous a incités à rencontrer et à filmer depuis le début des années 2000, des réalisateurs, diffuseurs, responsables de structures, particulièrement actifs dans cet art. Ainsi est née une série de portraits, autonomes, composant un ensemble signifiant de la pluralité d'approches, de pratiques du cinéma expérimental. Nous la réalisons de manière indépendante, en guise d'introduction ou de complément de travail des artistes, des techniciens, des diffuseurs qui participent à la vie du cinéma de recherche contemporain.
En complément, l'éditeur Re:voir à la riche idée de proposer deux films de Dwoskin (Naissant, 1964 et Phone Strip, 2007) ainsi que des bonus dont les détails sont sur theendstore.com.

Cet ensemble, le plus riche à disposition, permet d'avoir un corpus conséquent pour appréhender une œuvre méconnue et passionnante car repoussant les limites du spectateur, le projetant entre voyeurisme et douleur.

> Stephen Dwoskin, 14 films | 99 euro
> Dyn amo | 31 euro
> Central Bazaar | 22 euro
> Cinexperimentaux 9 : Stephen Dwoskin | 25 euro

Coming soon : Cinema Retro #24


40ième anniversaire du film L'aventure du Poséidon (1972) inclus des photos rares, les affiches intertionales et des interviews de Carol Lynley et Mort Kunstler, le légendaire artiste qui réalisé l'affiche (en bonus Kunstler proposera les esquisses publiées pour la première fois) | 40ième anniversaire du film Délivrance de John Boorman avec interview exclusive du réalisateur | 40ième anniversaire du dernier film d'Hitchcock, Frenzy avec des photos rares du master de la version finale | Nemesis Blofeld dans la saga James Bond | Hommage à Ernest Borgnine | Les meilleurs films de l'année1983 par Raymond Benson | Retour sur le film culte Grizzly avec Christopher George, Richard Jaeckel et Andrew Prine | Les premiers films de Michael Winner (Death Wish / Justicier dans la ville) | Retour sur Seconds (John Frankenheimer), The Swimmer (Frank Perry) et Le Shérif de New-York (Don Siegel) | Deuxième partie sur l'histoire de la Sexploitation en Angleterre | Analyse des classiques des films criminels anglais Get Carter (La loi du milieu), Payroll (Les gangsters), Robbery (Trois milliards d'un coup) , The Long Good Friday (Racket / Vendredi Rouge), Villain (Salaud) et Sitting Target (La cible hurlante) | Plus les critiques de livres, de dvd...

Retrouvez les anciens numéros sur theendstore.com

Technicolor Skull












Kenneth Anger + Brian Butler | L'Étrange Festival / L'Étrange Musique - 8 sept 2012

Masao Adachi, cinéaste révolutionaire

En 1998, L'étrange Festival permettait à toute une génération de découvrir Koji Wakamatsu alors connu par une poignée de cinéphile biberonné à la revue Midi Minuit Fantastique. Par cette exhumation fondamentale pour la compréhension d'un certain cinéma indépendant japonais, le nom de Masao Adachi (scénariste sur de nombreuses oeuvres de Wakamatsu) refaisait également surface. Depuis, Wakamatsu a retrouvé une visibilité en France à travers la réédition de ces principaux films des années 60 et 70 (en vente sur theendstore.com) ainsi que ces derniers longs qui ont connu une distribution salle (United Red Army, Le Soldat Dieu et on espère celui sur Mishima). Mieux en 2010, le cinéaste révolté a connu une rétrospective à la Cinémathèque de Paris. En parallèle un focus de douze longs-métrage de Masao Adachi était proposé.

Présentation du cycle Adachi à la Cinémathèque de Paris par Nicole Brenez

Expérimentation plastique et formelle, travail sur les dispositifs de création et de diffusion, réflexions théoriques sur les styles et fonctions du cinéma, pratique révolutionnaire de terrain, défense de ses pairs contre leur licenciement ou leur censure (Seijun Suzuki), analyses du travail de ses compagnons (Kôji Wakamatsu, Nagisa Oshima...) ou sources d'inspiration (Jean-Luc Godard, Glauber Rocha, Billie Holiday...), il est peu de sens du terme avant-garde dont le trajet de Masao Adachi ne rende compte. Son biographe, l'historien Go Hirasawa, résume ce parcours exceptionnel et méconnu : "Né à Fukuoka en 1939, Masao Adachi entre au Département des Beaux-Arts de la Nihon University en 1959, où il suit le cursus d'Etudes cinématographiques. Il participe à la restructuration du Nihon University Film Study Group – groupe en pointe non seulement dans le champ du cinéma universitaire mais dans le cinéma expérimental en général – et réalise dans ce cadre des films très remarqués à l'époque, Wan [Bowl, 1961] et Sain [Closed Vagina, 1963]. Simultanément, en association avec le VAN Institute for Cinematic Science, Masao Adachi travaille avec un grand nombre d'artistes et organise une performance intitulée Sa-in no Gi [The Ceremony of Closed Vagina]. Il collabore au Film Independent, projections collectives des travaux de cinéastes indépendants, puis rejoint Wakamatsu Production.

Tout en réalisant ses propres films, Masao Adachi écrit plusieurs scénarios pour Kôji Wakamatsu et produit aussi de façon indépendante son Galaxy (1967). En 1968, il joue dans deux films de Nagisa Oshima : La Pendaison et Le Retour des trois soûlards. En 1971, avec Oshima et Wakamatsu, Adachi est invité par la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes. En rentrant au Japon, il décide de faire un détour par la Palestine et y produit un film de contre-information internationaliste, The Red Army/PFLP: Declaration of World War, coproduit par le FPLP et des membres de l'Armée Rouge Japonaise, parmi lesquels Shigenobu Fusako. En tant qu'activiste, Adachi a conçu et pratiqué plusieurs théories du cinéma, au sujet tant de l'esthétique que de la forme des projections. En 1974, il quitte le Japon et se consacre à la Révolution palestinienne. Ses activités restent alors clandestines, jusqu'à ce qu'en 1997, il soit arrêté et incarcéré au Liban. En 2001, Adachi est extradé au Japon où, après deux ans d'emprisonnement, il est libéré mais reste toujours interdit de sortie de territoire. À présent, Adachi prépare un nouveau film intitulé Thirteenth Month of the Year et élabore une nouvelle théorie du cinéma."

Tout au long de sa vie, Masao Adachi a rédigé de nombreux articles et manifestes consacrés au cinéma et à la politique et a publié trois ouvrages : Stratégie, Cinéma/Révolution et un recueil de ses dessins de prison. Un choix de ses textes sera publié en français par les éditions Rouge profond en 2011.


Finalement, l'ouvrage sortira le mois prochain et sera prochainement disponible sur theendstore.com



« En tant que créateurs, nous possédons d’une part la fermeté, la ténacité et l’hétérogénéité du corail et, de l’autre, la capacité de croissance des plantes héliotropes. » (1967).

Cinéaste révolutionnaire en lutte contre l’impérialisme, Masao Adachi a rédigé de nombreux écrits accompagnant son trajet engagé, dont presque trois décennies se déroulèrent dans la clandestinité et une part en prison : manifestes, chroniques, journaux, analyses de films « frères » (Kôji Wakamatsu, Nagisa Ôshima, Jean-Luc Godard, Glauber Rocha, R. W. Fassbinder…). Il s’y déploie une théorie de l’art comme action et une théorie de l’activisme soucieuse d’expérimenter en toutes choses et en tous lieux, dans les rapports avec autrui, dans les gestes de luttes, dans les usages de la langue. Rarement trajet de cinéaste fut plus radical, inventif et fidèle à ses idéaux d’émancipation. Auteur de chefs-d’œuvre (A.k.a Serial Killer, Prière d’éjaculation, Armée Rouge/FPLP : Déclaration de guerre mondiale…), Masao Adachi reste à ce jour interdit de sortie de territoire au Japon.
« Je ne me considère pas moi-même comme un hérétique. Mais si l’on observe objectivement la place de mes œuvres, du point de vue de leur contenu, on peut les situer dans les extrêmes. » (2010)


Maintenant, il ne reste plus qu'un éditeur courageux se décide à sortir ses réalisations.

256 pages | 23 euro

Black Mass Rising

Découvert il y a quelques mois par une déambulation sur Internet, nous avions pensé alors faire les démarches pour proposer le film sur theendstore.com. Entre temps, des nouveaux films, livres et bien d'autres idées ont repoussé ce projet de promouvoir une oeuvre unique.

Depuis, un concert a été programmé dans le cadre de l’Étrange Festival (première française le vendredi 7 septembre 2012 à 21h00 avec Ernesto membre de Sylvester Anfang II). Et si cela a ravivé notre intérêt à l'égard de Shazzula Nebula, réalisatrice et musicienne, nous avons décidé de vous proposer le film et la bande-son de ce long-métrage expérimental.

Tourné dans la plus grande indépendance (lire avec peu de moyen), le long-métrage est une réussite plastique impressionnante. Cette réponse contemporaine à l'univers de Kenneth Anger ou Jodorowsky, flirte avec l’ésotérisme, l'occultisme avec en bande sonore toute la seine musicale expérimentale.





Tracklisting :

01. Master Musicians of Bukkake - Durga
02. The Entrance Band - Juicy's last Dance
03. Bobby Beausoleil - Hellion Rebellion
04. Shazzula - Apocalyptic Dream
05. Makoto Kawabata ( Acid Mother Temple) - Black Lucifer Rising
06. Sylverster Anfang II - Embryo's Dochter II
07. In Zaire - Owl's Path
08. Mourning Ring - Chant of the Invisible Builders
09. Rose Croix - Towers of Deimos
10. Ga'an - living Tribunal
11. Mater Suspiria Vision - Four Horsement of the Apocalypse
12. Horror Illogium (Portal / Australia) - Luxus Magus
13 L'acasphale - Passing into sleep
14. Cultus Sabbati - Mouth of the beast
15. Sum of R - Without Erika
16. Sayona - First Element
17. Kinit Her - His Traces in Us
18. Yoga - Greys
19. Aluk Todolo - Schwarzesonne
20. Burial Hex - Backwards Curse
21. Menace Ruine - Feu bon
22. Demonologists - Mistress of decay

Présentation de l’Étrange Festival

Fan de délires occultes et de messes noires, Shazzula rend hommage à Kenneth Anger dans ce délire visuel et sonore fourmillant d’éruptions volcaniques, d’oiseaux de nuit, de temples, de pyramides et de rites. À noter une bande-son exceptionnelle, compilation de musiques expérimentales et psychédéliques signées par une vingtaine de formations de dark métal allant de Makoto Kawabata à The Entrance Band, d’Horror Illogium à Bobby Beausoleil. À découvrir, si possible avant la fin du monde.

Tour à tour animatrice (diplômée de L’école de La Cambre), DJ, cinéaste, musicienne (elle fut membre du groupe Aqua Nebula Oscillator jusqu’en 2010 et a collaboré, entre autres, avec les Américains de White Hills, Ogod ou Farflung, ainsi que les Afghans du Mater Suspiria Vision), la Belge Shazzula Nebula termine en 2011 son premier long métrage, Black Mass Rising. Un hommage déclaré à la flamme du cinéaste Kenneth Anger (Bobby Beausoleil participe lui-même à la bande son), accompagné par la crème des musiciens de l’underground des ténèbres. Pour cette Première Française, elle est accompagnée d’Ernesto, membre des non moins célèbres Sylvester Anfang II, pour un nouveau duo répondant au nom de Sayona.

Ambiance magique et fureur tout en retenue seront au rendez-vous pour un concert forcément majestueux.


Cette première française après une belle tournée internationale permettra enfin à la France de découvrir l'univers aussi mystérieux que onirique de Shazzula.

Quelques extraits de concert :







> Black Mass Rising, le film en vente à 25 euro (édition limitée à 666 copies)
>> Black Mass Rising, le triple vinyle à 50 euro (édition limitée à 333 copies)
>>> Black Mass Rising (vinyle+dvd) à 65 euro (édition limitée à 66 copies)

Enfin sachez qu'une quatrième édition existe, proposant les troix vinyles plus le film en dvd et une série de six images pour 70 euro. Disponible auprès de THE END seulement sur commande par mail (paiment paypal ou chèque) à theendstore@gmail(POINT)com ou contact@theendstore(POINT)com

The Proposition, enfin en dvd !


The Proposition (2005) est l'un des plus beaux films vu ces dernières années, également l'une des plus belles bande originale signée Nick Cave. Découvert à Lyon durant l'étrange festival 2009, revu à la Cinémathèque de Nice, le charme agit toujours. Ne passez pas à côté de ce joyau qui sort enfin en dvd en France. L'année dernière nous déplorions les difficultés (ou presque, plus d'infos ici) pour revoir le film chez soi, 365 jours de patience plus tard, l'attente aura été longue mais le film est annoncé pour le 12 septembre prochain.



Dans l'arrière-pays australien, à la fin du XIXème siècle, deux hommes situés aux deux extrémités de la loi passent un marché secret et décisif...
Le Capitaine Stanley s’est juré de « civiliser » le pays sauvage australien. Ses hommes ont capturé deux des quatre frères du gang Burns : Charlie et Mike. Les bandits ont été jugés responsables de l'attaque de la ferme Hopkins et de l'assassinat de toute une famille. Arthur, le plus âgé des frères Burns et chef du gang, s'est réfugié dans la montagne. Le Capitaine Stanley propose alors un marché à Charlie : retrouver son frère aîné en échange de son pardon, et de la vie sauve pour le jeune Mike. Charlie n'a que neuf jours pour s'exécuter...

L'Étrange Festival 2012

Le 6 septembre prochain marque le début de la 18ième édition de l’Étrange Festival. La manifestation acquiert la majorité et rentre dans la cour des festivals qui durent et ce malgré une interruption de deux années en 2007 et 2008. Notre premier Étrange avait été une déception. Faut dire que nous en attendions tant que nous ne pouvions qu'être déçu mais le cru 2012 s'annonce (oc)culte !



Si depuis de nombreuses années la concurrence sévit en province (Extrême Cinéma, Hallucinations collectives, Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg), le festival parisien a toujours une longueur d'avance, non seulement grâce à une programmation débusquant les longs-métrages qui n'ont pas encore été vu dans quantités de festivals mais par sa situation géographique, point capital(e) à sa réussite. L’Étrange Festival réunit comme chaque année une série d'invité exceptionnelle. Et cette année ne déroge pas à la règle.

Outre la présence de Kenneth Anger (qui justifie à lui seul notre présence), Jan Kounen,Mathieu Seiler, Ben Wheatley, Juan Carlos Medina, Ciaran Foy, Peter Strickland, Crispian Mills, Bruno Sampe, Alexander Vartanov, Juan Martinez Moreno,... et bien d'autres seront présents.

Si certains noms ne vous disent pas grand chose, ne vous inquiétez pas, depuis plusieurs éditions la place accordée aux jeunes pousses du cinéma de "l'étrange" occupe plus d'espace dans la programmation. Pour autant le festival conserve une de ses missions (qui nous passionne davantage que la sélection d'avant-premières que l'on retrouvera pour la plupart dans les salles ou en dvd quelques semaines après) de fossoyeur. Rappelons que c'est l’Étrange Festival qui a contribué à sortir de l'oubli des cinéastes d'envergure comme Koji Wakamatsu, Seijun Suzuki ou José Mojica Marins.

Cette année l'hommage rendu à Kenneth Anger au cours d'une soirée exceptionnelle (projection des films Inauguration of the Pleasure Dome (1954), Brush of Baphomet (2009) et les films Night of Pan (2009) et Union of Opposites de Brian Butler qui l'accompagnera sur scène pour un ciné-concert) ainsi qu'au travers d'une carte blanche impeccable (à l'exception du film Le Banni de Howard Hugues) sera nul doute l'acmé de la quinzaine.

Passons aux trois films que nous attendons le plus de cette édition. Trois films sur 90, difficile, me direz-vous ? Non, il s'agit juste de ceux qui nous mettent (le plus) en éveil et dont l'auteur de ces lignes espère le plus mais comme chaque année, l’Étrange réservera son lot de surprise.

Nous avons délibérément omis de mettre les synopsis des films afin de vous obliger à découvrir les bande-annonces ci-dessous.