---------------------------------------------------------------------------------------------------

L'autre Visconti

Pour beaucoup le cinéma italien se résume à Federico Fellini, Roberto Rosselini et Luchino Visconti. Pour d'autre, c'est Sergio Leone, Dario Argento, Lucio Fulci. Entre les deux, des cinéastes aussi méconnus qu'indispensables ont réalisé des productions "classiques" traversés par des instants de transgression et d'insolence. Leurs noms ? Cesare Canevari, Romolo Guerrieri, Francesco Barilli, Alberto Cavallone et Eriprando Visconti.

Neveu de Federico Fellini et comte de Modrone, Eriprando Visconti (1932-1995), aristocrate, n'a nullement besoin de travailler pour subsister. Peut-être est-ce là, la force de son cinéma, celle de ne jamais rechercher le succès à tout prix mais de filmer ses écrits comme bon lui semble. Car, Eriprando Visconti est un véritable hauteur comme l'entend la nouvelle vague française. Auteur de ses scénarios, Visconti aura touché à tous les genres avec une maestria acquise au côté de son oncle ou encore de Michelangelo Antonioni.

Si on se fie à IMDB, seulement quatre long-métrages ont franchi les Alpes pour trouver une exploitation en salle et/ou en vhs. Aujourd'hui, deux de ses œuvres cinématographiques ont atteint le statut de film culte : La Orca (1976) et Oedepus Orca (1977). Nous y reviendrons par la suite car nous avons le plaisir de proposer à vente dans notre boutique theendstore.com pas moins de cinq films dont voici les titres :


Sorti en France sous le titre Manœuvres criminelles d'un procureur de la République, Il vero et il falso (1972) est le sixième films de Visconti mais c'est celui que le réalisateur apprécie le moins. Et pourtant le scénario, retors à souhait, laisse présager un certain suspens pour le moins haletant.

Une femme tue la maitresse de son mari. Accusée et condamnée, celle-ci est emprisonnée pendant 10 ans. A sa sortie, elle découvre que la femme assassiné n'est pas morte et vit toujours avec son mari. Elle l'a tue...

Manœuvres criminelles... n'est pas un film à thèse mais soulève l'épineuse question de savoir si la femme doit être de nouveau jugé pour un crime qu'elle a déjà commis. Et si oui doit-elle être condamné alors qu'elle a déjà purgé sa peine ? Au casting de ce film on retrouve Martin Balsam (Le Cercle Noir, Psychose, Catch 22), Paola Pitagora aperçu dans Le Serpent d'Henri Verneuil et surtout dans le premier film de Bellochio Les poings dans les poches (1965) depuis sa carrière semble voué au petit écran italien. Mais la tête d'affiche de ce film est un surprenant Terence Hill, de son vrai nom Mario Girotti. Tourné entre On continue à l'appeler Trinita (1971) et Et maintenant, on l'appelle El Magnifico (1972), Terence Hill trouve avec ce personnage d'avocat blasé un de ses meilleurs rôles.

Passons maintenant au diptyque qui rendit célèbre Eriprando Visconti en Europe. Avec La Orca et Oedipus Orca, Visconti réalise sans nul doute son travail le plus courageux, le plus controversé mais également le plus censuré. En racontant le kidnapping et la séquestration d'une jeune fille, le metteur en scène décrit de manière quasi phénoménologique les liens qui unissent victime et bourreau jusqu'à l'inévitable.




Puis avec Oedipus Orca, Visconti filme les séquelles de la séquestration chez la jeune femme mais révèle des parties obscures inexplorées dont Alice va apprendre à découvrir au cours de ce film. Si nous ne pouvons vous révéler de quoi il en retourne. Nous pouvons en revanche que vous conseillez de visionner les deux films comme si il s'agissait d'un seul et unique film car les révélations du second mettra en lumière certains comportement du premier.


Si par bien des aspects scénaristiques, on pourrait croire que nous sommes en plein film d'exploitation, ne vous y trompez, Oedipus Orca et La Orca sont des drames poignants évitant l'obscène au profit d'une analyse pertinente sur la famille comme noyau dure des réminiscences de tous les troubles actuels de la jeune fille.


Après ces films, Visconti enchaîne avec Caresses Bourgeoises, son long métrage le plus personnel. Encore une fois, il ne faut pas se fier aux apparences, la traduction française du titre original Una Spirale di Nebbia (1977) laisse présager un film léger. Certes le film va très loin dans l'érotisme réaliste(pornographie ?) jusqu'à une scène de fellation entre Marc Porel (La Longue nuit de l’exorcisme, L'emmuré vivante) et Carole Chauvet (vu dans une des nombreuses comédie de Philippe Clair, Le grand Fanfaron, 1976, avec Michel Galabru). Una Spirale di Nebbia est avant tout un film qui démystifie le couple. En déconstruisant les apparences d'un couple d'aristocrate, Visconti explose toute les relations qui unissaient l'homme et la femme. Film social, véritable attaque contre la bourgeoisie, cet avant dernier film de Visconti scelle les destins de divers personnages sur une musique d'Ivan Vndo (Tire encore si tu peux, Profession Reporter) faisant office de requiem à l'amour.



Malamore (1982), est le dernier film d'Eriprando Visconti avant qu'il se retire des plateaux de cinéma. Pour l'anecdote, il finira ses jours dans le château du précédent film. Continuant à explorer les affres de la bourgeoisie, Visconti nous offre une histoire dont lui seul à le secret. Durant la première guerre mondiale, un nain tombe amoureux d'une prostituée dans un bordel. Encore une fois, à partir d'un postulat digne d'un film d'exploitation, Visconti décrypte comment l'amour (bien souvent impossible) nait entre deux êtres et comment la vie entrave le désir.


Présenté à la Mostra de Venise, dans la section Vittorio De Sica (réservé aux films italiens), l’accueil fut pour le moins glacial aussi bien en salle que par les critiques qui humilièrent la dernière œuvre d'Eriprando Visconti.

Ces cinq films sont représentatifs de toute la palette du cinéaste, avec une direction artistique très aboutie et des scénarios originaux, Eriprando Visconti reste encore aujourd'hui un auteur secret dans le cinéma italien.

Aucun commentaire: