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Robert Altman, une biographie orale

Lorsqu'on évoque Le Nouvel Hollywood (1969-1981), les premiers noms de films ou de cinéastes qui viennent à l'esprit sont ceux de Coppola, Scorsese, Malick ou De Palma et peut-être Robert Altman (1925-2006). Depuis le 18 janvier dernier, la cinémathèque de Paris rend hommage à celui qui signa peut-être les films les plus revendicatifs et inventifs au sein du système Hollywoodien. On pense à M.A.S.H (palme d'or à Cannes en 1970, John McCabe (1971) ou à son adaptation de Chandler, Le Privé (1973). En marge de cette rétrospective, l'éditeur G3L a publié en novembre 2011, un ouvrage retraçant ce parcours si singulier. Pour en juger par vous-même, voici ce qu'écrit Peter Biskind dans son livre Le Nouvel Hollywood :

Catholique défroqué, Altman avait toujours été un rebelle. Ainé de trois enfants, il vit le jour dans une éminente famille du Kansas, le 20 février 1925. Courtier en assurances, son père avait des penchants pour le jeu, les filles et l'alcool. En dépit de cela, la vie familiale était plutot équilibrée. Engagé volontaire dans l'armée de l'Air à dix-neuf ans, Robert servit en tant que copilote dans un B624 au Japon durant les derniers combats de la Seconde Guerre Mondiale. A son retour, il épousa Lavonne Elmer. Quelques jours avant le mariage, les tourtereaux eurent un grave accident de voiture et c'est les mâchoires fermées que Lavonne murmura tant bien que mal devant le maire le "oui" décisif. "Miraculeusement indemne" : voici en deux mot résumée la vie d'Altman. Le couple s'envola pour Los Angeles, où ils essayèrent de gagner leur vie du mieux qu'ils purent. Bob fit de nombreux petits boulots, tatoueur de chiens par exemple. Sa seule détente était le cinéma. Le Voleur de Bicyclette de Vittorio De Sica et Brève Rencontre de David Lean furent à l'origine de sa vocation. Il commença à écrire quelques scénarios. Mais, foncièrement instable, il ne tarda pas à quitter Lavonne et revint s'installer à Kansas City, où il trouva un boulot dans l'industrie.
Mais il avait attrapé le virus du cinéma à Los Angeles et pour commencer, il avait décidé de vivre à hollywoodienne, ce qui revenait principalement à fréquenter les filles, à jouer et à se saouler. A l'hollywoodienne, bien sûr. Au beau milieu du déjeuner, il quittait la table et allait rejoindre une prostituée dans la rue d'à côté pour une pipe à deux dollars. "Se faire sucer à l'heure du déjeuner, pour lui, c'était tout particulièrement Hollywoodien", se souvient Richard Peabody, son copain de l'époque.
En 1954, [...] il fit alors ses débuts dans le documentaire en tournant un film au budget ridicule, The Delinquants, financé par un petit industriel de la région. Altman décida de monter son film à Los Angeles. L'industriel en question refusant catégoriquement de lui payer son billet d'avion, un beau soir d'aout 1956, il vola les rushes, les mit dans le coffre de la voiture prêtée par la production et démarra, direction Los Angeles, laissant une fois pour toutes derrière lui sa (seconde) femme, ses enfants et toute sa famille.



Robert Altman a fait irruption sur la scène cinématographique en 1970 avec le film M*A*S*H. Il a révolutionné le cinéma américain et en une décennie a réalisé des chefs-d’oeuvre tels que John McCabe, Nous sommes tous des voleurs, Le Privé,Trois Femmes et, bien entendu, Nashville. Puis, après une période de désillusion, il s’est réinventé à travers une série de films audacieux : The Player, Short Cuts et Gosford Park. Juste avant la sortie de son quarantième et dernier film The Last Show, il a reçu un Oscar d’honneur remis par une Académie qui l’avait longtemps ignoré. Sa carrière unique et singulière est racontée à travers les mots de sa famille et de ses amis, des agents, scénaristes, coéquipiers, producteurs et vedettes avec qui il a travaillé. On y retrouve Meryl Streep, Warren Beatty, Julianne Moore, Paul Newman, Martin Scorsese et tant d’autres. Robert Altman – réalisateur visionnaire, fêtard invétéré, homme de famille excentrique et légende hollywoodienne – reprend vie dans cette biographie cinématographique.

Mitchell Zuckoff, professeur de journalisme à l’université de Boston, travaillait avec Robert Altman à ses mémoires peu avant sa mort. Il tisse ici les derniers entretiens où se mêlent histoires et articles de journaux, dressant le tableau d’une vie en tous points extraordinaire.

594 pages - 40 euro

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