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Encore plus de Jonas Mekas

A défaut d'avoir vu le film de Robert Zemeckis, Forrest Gump, vous connaissez peut-être la maxime du film : " la vie c'est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber" et bien la filmographie de Jonas Mekas, aussi vaste que méconnue pour le néophyte, est une inépuisable source de ravissement. Voici deux nouveaux titres dans le catalogue Re:voir qui viennent compléter le magnifique coffret édité il y a quelques semaines (disponible sur theendstore.com).


GUNS OF THE TREES / Jonas Mekas / 1962 / 87mn
Grand prix (Najade d'oro), Mostra Internazionale del Cinema Libero di Porretta Terme, 1962.

Quatre jeunes essaient de comprendre pourquoi leur amie, une jeune femme, s’est suicidée. Un film fait de scènes disjointes oscillant entre le passé et le présent. Le titre vient d’un poème de Stuart Perkoff qui raconte comment quelques jeunes (vers 1960) sentait que tout allait contre eux, même les arbres dans les parcs et dans les rues leur semblaient tels des armes braquant leur existence même. JM
Guns of the Trees exprime les pensées, les sentiments, les efforts angoissés de ma génération, face à la perplexité morale de notre époque. Conçu comme un film épisodique, horizontal, il n'y a aucun lien apparent entre une scène et la suivante. Les scènes agissent comme des morceaux d'un plus grand mosaïque émotionnel. Là où le mot direct, ou l'image directe, échoue - quand on arrive à des choses plus essentielles - la façon indirecte du poète en saisira l'essence et la vérité. JM  
"Premier long-métrage de Jonas Mekas c'est un film vif, passionné, un enregistrement du New York des années 60. Jonas Mekas décrit ce film comme une tentative de dépeindre "l'intérieur" d'une génération à travers ses sentiments, pensées et attitudes. C'est une oeuvre amère mais lyrique. C'est révolutionnaire par la forme, en étant différent par la technique de tout ce que vous avez vu jusqu'alors. C'est un poster, une déclaration, un manifeste. Je tiens Guns of the Trees pour le film le plus important et de loin de la "Nouvelle vague" américaine.
Herman G. Weinberg, New York Film-Makers' Cooperative Catalogue n°6, 1975
THE SIXTIES QUARTET / Jonas Mekas / 129mn.

Mekas

Scenes from the life of Andy Warhol : Friendship and intersections / 1990 / 35mn
"Ce film est constitué d'images que Mekas a filmées pendant tout le temps où il a connu Andy Warhol. Ces images n'avaient pas été jusqu'alors montées, et par conséquent, pas montrées non plus. Le film s'ouvre sur l'un des premiers concerts du Velvet Underground au Dom alors que, sur scène, Edie Sedgwick et Gerard Malanga, muni de son fouet, dansent. Le son est strident, rauque, et accompagne admirablement les éclats de concert, puis sur ces images, la voix de Jonas Mekas se fait entendre : "So long Andy, see you again for sure". Ainsi, Jonas Mekas fait alterner des séquences qui mettent en scène le personnage public, l'artiste - la très belle séquence sur la rétrospective Warhol au Museum - avec des séquences intimistes, Warhol à la plage, ou avec des amis. A côté de ces images, Mekas recourt, comme à son habitude, à des intertitres qui peuvent être des évocations poétiques, ou des réflexions, sur le film que l'on voit. Le film devenant - comme c'est souvent le cas chez Mekas - d'une part un document sur des événements vécus et d'autres part une quête nostalgique d'un passé irrémédiablement perdu. Passé qui n'est pas forcément celui que nous proposent les images. Le film est ce qui permet de renouer avec les souvenirs, et par conséquent avec les émotions et qui sait, peut-être aussi, avec la fraicheur du regard pour les gens et pour le monde. Ce regard ne peut être que nostalgique. "So long Andy..." Yann Beauvais.
Zefiro Torna or scenes from the life of Georges Maciunas / 1992 / 35mn

« Zefiro torna e di soavi accenti
L’aer fa grato e’l pie discoglie e l’onde,
é mormorando tra le verdi fronde… »
Monteverdi, Madrigaux, livre IX, 1651
« La vie de George Maciunas, ses parents, ses amis ; de 1952 à 1978, divers événements de Fluxus : rencontres, réunions d’amis (Yoko Ono, Peter Moore, John Lennon, Andy Warhol, Almus Salcius, etc.). Des images de son mariage et de lui à l’hôpital de Boston, trois jours avant sa mort. Bande-son : musique de Monteverdi (Zefiro Torna), moi-même lisant les parties de mon journal concernant la dernière année de la vie de Maciunas. Méditation sur la Mort et le Néant. » Jonas Mekas
« À l’opposé de la monumentalité froide et pétrifiée du tombeau, Zefiro Torna, le film comme le madrigal, nous enseigne qu’avec la dispersion des cendres, tout peut revenir, tout peut reverdir pour qui est capable de les disséminer, de les abandonner au caprice de la brise ou au fil inconstant de l’eau. […] Étrange histoire de cendres et de souffrance, de retour au pays natal, de flux et de reflux que cet ultime geste qui n’est pas sans m’évoquer, pour finir, une image qui hante, elle, depuis toujours l’écriture et le cinéma de Mekas […], celle, rémanente, d’une pluie d’infimes fragments de paradis qui retombent lentement sur terre. Un paradis jamais perdu pour qui sait les recueillir sous toutes leurs formes, ici et maintenant, au sein d’une communauté d’amis. »
Patrice Rollet, « Zefiro Torna de Jonas Mekas », Trafic n°80, hiver 2011

Happy Birthday to John / 1995 / 24mn / Avec John Lennon, Yoko Ono
Le 9 octobre 1972, la moitié du monde de la musique s’est réunie à Syracuse, N.Y., pour fêter l’ouverture du John Lennon / Yoko Ono Fluxus show, une création de George Maciunas. Le même jour, un groupe, plus petit, s’est réuni dans la chambre d’un hôtel pour fêter l’anniversaire de John. Ce film est un enregistrement de cet événement. La bande-son est composée de chansons d'anniversaires chantées par John, Yoko, Ringo Star, Allen Ginsberg, Phil Oaks etc. Le film montre des documents d'archives du concert de John Lennon / Yoko Ono à Madison Square, le 30 août 1972, du Vigil à Central Park le 8 décembe 1980 et d'autres documents rares ». Jonas Mekas
 This side of Paradise / 1999 / 35mn / Avec Jackie, Caroline et John Kennedy Jr
"De façon imprévue, comme ontpu l'être les moments clés de ma vie, j'ai eu la chance à la fin des années 1960, de pouvoir passer plusieurs étées en compagnie de Jackie Kennedy, de sa soeur Lee Radziwill, de leur famille et de leurs enfants. Le cinéma constituait une part intégrale, inséparable et à vrai dire un élément clé de notre amitié.
A cette époque, la mort tragique prématurée de John F. Kennedy était encore très proche. Jackie voulait donner quelque chose à "faire" à ses enfants afin d'adoucir la transition, la vie sans leur père. Elle pensait qu'une caméra pourrait amuser les enfants. Peter Beard, qui exerçait alors la fonction de tuteur de John Jr. et de Caroline pour leur enseigner l'histoire de l'art, suggéra à Jackie que j'étais l'homme qu'il lui fallait pour initier les enfants au cinéma. Jackie accepta. Et c'est ainsi que tout a commencé. Les images de ce film proviennent toutes, à quelques exceptions près, des étés que Caroline et John Jr. ont passé à Montauk, en compagnie de leurs cousins Anthony et Tina Radziwill, dans une maison que Lee avait louée à Andy Warhol pour quelques étés. Andy passa lui-même quelques week-ends là-bas, dans l'un des cottages, de même que Peter Beard, que les enfants avaient adopté colle leur grand frère ou comme le père qui leur manquait. Ce furent des étés de bonheur, de joie et une continuelle célébration de la vie et de l'amitié. Ces journées furent comment des "Petits fragments de Paradis" Jonas Mekas
Prix : 24 euro pièce.

Les pré-commandes sont ouvertes par mail à theendstore@gmail(POINT)com ou contact@theendstore(POINT)com et prochainement en vente sur theendstore.com

source : Re:voir / Centre Pompidou

La Chatte Japonaise / Masumura / roman photo

En ce 25 décembre 2012, voici notre cadeau : le roman photo du film La Chatte Japonaise (Chijin no Ai, aka A Fool's Love, 1967) de Yazuso Masumura, réalisateur de La Bête Aveugle, publié en septembre 1971 dans la revue Playfilm.

La Chatte japonaise / Yasuzô Masumura / 1967 / 92mn
D’après le roman de Junichiro Tanizaki L'Amour d'un idiot (disponible en France sous le titre Un amour insensé).
Joji Kawaï, ingénieur sans histoire et qu’on ne voit jamais accompagné d’une femme a un secret : il héberge chez lui une belle adolescente sortie du ruisseau dont il veut faire la femme de ses rêves.

Pour plus de confort lors de la lecture, il est recommandé de se mettre en plein écran.



En attendant un éventuel dvd français (le film est disponible au Japon), ceci reste en dehors de projection événementielle, le seul moyen pour revivre ce drame de l'amour. Pour ceux qui veulent un peu de couleur, voici la bande-annonce