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Bela Tarr / livre // retrospective /// dvd

Nous aurions pu faire un jeu de mot avec le nom de famille du réalisateur : "vaut mieux Tarr que jamais" mais sans doute celui-ci a déjà été fait par d'autre mais surtout l’œuvre du cinéaste hongrois ne mérite aucun trait d'humour. A The End nous aimons les marges, toutes les marges même celles d'un cinéma d'auteur pouvant paraitre de prime à bord abscons, ennuyeux et pompeux. L'objectif du blog est de modestement porté un regard sur des films, des cinéastes qui n'ont pas la lumière qu'il mérite.

La lumière est au centre de l’œuvre de Tarr, d'un magnifique noir et blanc (pour une grande partie de ses films) à la couleur éblouissante (Almanach d'automne), Bela Tarr a crée une œuvre à part, comme en suspension, emprunt d'une étrangeté forgé par une mise en scène construite sur des mouvements de caméra précis au durée hors normes,. A l'heure d'un cinéma MTV, certes jouissif par moment, découvrir un film de Bela Tarr c'est comme découvrir une réalité suspendue, fragile, magique mais parfois déroutante.

A partir du 3 décembre le Centre Pompidou entame une rétrospective intégrale (courts-métrages compris) du cinéaste intitulé Bela Tarr, l’alchimiste. Présentation du Président du centre Pompidou :
L’oeuvre du hongrois Béla Tarr est un fascinant paradoxe, qui défie les catégorisations esthétiques. Poursuivant et radicalisant la modernité de cinéastes tels que Miklós Jancsó ou Andreï Tarkovski, elle dévoile un style hautement personnel, une sincérité rageuse. Par leur durée, par leur précision, les plans qui composent ses films rendent presque douloureusement présents les fragments de monde qu’ils figurent. Mais loin de se contenter de cette plénitude de l’image, Béla Tarr joue tout autant de ce que la représentation retire au monde et lui ajoute : souvent dépouillées de leurs couleurs, les choses y acquièrent une qualité plastique sidérante. Les images s’entrechoquent pour construire ensemble un univers factice, tout en ménageant entre elles des intervalles propices au déploiement de l’imagination du spectateur.
Il y a quelque chose de documentaire dans cette oeuvre qui exalte la capacité du cinéma à enregistrer et restituer le mouvement - les sept heures de Satantango en sont le plus saisissant témoignage. Elle ne renie pourtant jamais la fiction et l’artifice, car ce qu’elle cherche à documenter en fin de compte est impalpable : un paradoxe primitif qui se loge au coeur de l’humain ; une contingence, une fragilité, et, malgré tout, une dignité imprescriptible. Comme chez l’écrivain László Krasznahorkai, avec qui il entretient une relation artistique soutenue depuis Damnation, la forme chez Béla Tarr ne se suffit jamais à elle-même mais se fait le véhicule de cette vision du monde.
Si l’art a pour fonction de sublimer nos passions et de nous aider ainsi à vivre avec elles, alors cette oeuvre en est l’une des plus précieuses expressions. La nouvelle confirmation que nous en apporte aujourd’hui Le Cheval de Turin est l’occasion pour le Centre Pompidou et le Festival d’Automne de mettre en lumière un travail unique en son genre, en compagnie de son auteur
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Alain Seban
Président du Centre Pompidou


Bela Tarr, l'Alchimiste

Capricci a la très bonne idée d'accompagner cette rétrospective en éditant un (petit) livre signé Jacques Rancière revenant sur le parcours méconnu de Bela Tarr.


Présentation de l'éditeur :
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Bela Tarr, né en 1955 en Hongrie, a commencé à filmer à la fin des années 1970. Ses films les plus marquants sont Damnation (1988), Les Harmonies Werkmeister (2000), et plus récemment L’homme de Londres (2007), adaptation de Georges Simenon. D’Almanach d’automne (1984) au Cheval de Turin qui sort cet automne, les films de Bela Tarr ont suivi la faillite de la promesse communiste. Mais le temps d’après n’est pas le temps uniforme et morose de ceux qui ne croient plus à rien. C’est le temps où l’on s’intéresse moins aux histoires, à leurs succès et à leurs échecs qu’à l’étoffe sensible du temps où elles sont taillées. Loin de tout formalisme, la splendeur des plans-séquence de Satantango ou de Werckmeister Harmonies est faite d’une attention passionnée à la façon dont la croyance en une vie meilleure vient trouer le temps de la répétition, au courage avec lequel les individus en poursuivent le rêve et en supportent la déception. Pour Jacques Rancière, le temps d’après est notre temps et Bela Tarr est l’un de ses artistes majeurs.

Jacques Rancière est l’un des philosophes français les plus importants et les plus lus. Il a été professeur émérite au département de Philosophie de l’Université Paris VIII, où il a enseigné de 1969 à 2000, et est aujourd’hui professeur visitant dans diverses universités américaines. Il est l’auteur de nombreux livres consacrés à la politique, à la littérature, à l’esthétique et à leurs rapports. Il a consacré au cinéma de nombreux articles publiés notamment dans Trafic et dans les Cahiers du cinéma et deux livres, La Fable cinématographique (Le Seuil, 2001) et Les Ecarts du cinéma (La Fabrique, 2011). Son dernier ouvrage Aisthesis. Scènes du régime esthétique de l’art paraît en Octobre 2011 aux éditions Galilée.
Prix : 7,50 euro | 96 pages

Si vous souhaitez découvrir les longs-métrages de Bela Tarr, sachez que THE END propose :
> SÁTÁNTANGÓ (1994) 450 mn / 32 euro
> DAMNATION (1987) 115 mn / 20 euro
> ALMANACH D'AUTOMNE (1985) 115 mn / 20 euro
> LE NID FAMILIAL (1977) 100 mn / 20 euro

Plus d'infos en envoyant un mail à theendstore@gmail(POINT)com

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