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La Cicatrice intérieure, le film culte de Philippe Garrel en dvd

Dans le sillage du mouvement Zanzibar, La Cicatrice intérieure (1972) fait figure d'oraison funèbre pour toute une génération d'artiste. Venant clore les utopies de Mai 68, ce film culte de Philippe Garrel (re)trouve enfin la lumière grâce à la sortie d'un dvd comprenant deux films du cinéaste français.


Un homme et une femme marchent dans le désert de Californie. Une famille traverse le désert d’Egypte. Un amant vient à la rencontre de la femme sur les terres volcaniques d’Islande. Un film dont les plans riment comme dans un poème.


J'avais 17 ans quand je vis avec ma mère La Cicatrice Intérieure, cette étrange tragédie musicale où il semble que parfois la musique porte le film. Lorsque je le revis il y a quelques années, je compris, à travers ses monologues, que Nico aimait Goethe, le romantisme allemand, les Niebelungen. Je savais que Clémenti avait également écrit son texte. J'avais aimé ce titre, si curieux, que je croyais extrait d'un poème d'André Breton, jusqu'au jour où Garrel en révéla l'origine. Ce titre lui était venu au cours d'une nuit passée à refaire le monde avec un ami qui avait commencé à lui parler de cicatrice intérieure. Garrel avait trouvé l'image d'une force incroyable.
Aux antipodes des mégalos du cinéma, Garrel était plutôt du genre minimaniaque, un bricoleur qui, avec Le Berceau de cristal, avait inventé une esthétique onirique où la drogue avait son mot à dire. j'allai l'écouter lors de l'hommage que lui rendit la cinémathèque. Il se demandait face au public ce qu'il faudrait faire pour que le cinéma retourne dans nos vies. [...] Puis Garrel avait évoqué Nico, dont il ne savait jamais ce qu'elle allait dire dans ses films. Il attendait qu'elle joue sa partition. "Si La Cicatrice intérieur est supportable, ajoutait-il, c'est parce que le son prend le relais de l'image et que Nico chante très bien. Il n'y avait pas de scénario, juste l'idée d'une marche à travers l'Islande. Une marche qui n'en finit jamais. Avec l'idée d'essayer d'aller là où la Nouvelle Vague n'avait pas osé aller.". Garrel essayait ainsi de faire quelque chose de moderne. [...]L'univers de La Cicatrice intérieure est rattaché à l'onirisme d'Outre-Rhin. Les références picturales appartiennent au romantisme, à Casper Friedrich, et à Arnold Böcklin [...]
Fabrice Gaignault in Egeries Sixties - Éditions Arthème Fayard / J'ai Lu(2006) - p.267


La Cicatrice Intérieure ne faisant qu'une heure, l'éditeur Why not accompagne ce film de Liberté, la nuit. Datant de 1984, ce long métrage se déroule à Paris durant la guerre d'Algérie était également inédit sur support numérique.

Pour tout savoir sur le film, nous vous conseillons la lecture de l'article d'Olivier Père sur le site internet des Inrockuptibles dont voici un extrait :

La Cicatrice intérieure, avec ses faux airs d'heroic-fantasy sous acides (Clémenti nu sur son cheval, avec carquois et flèches, dans des paysages de planète sauvage), montre la détresse d'une génération et la vie d'un couple, entre incompréhension, fusion et expérience des limites. C'est aussi un film de bande, de communauté impossible, où Garrel filme femme, amis et enfants (celui de Nico et d'Alain Delon, jamais reconnu par son père, le petit Ari Boulogne ; le fils de Clémenti, Balthazar). Et bien sûr la rencontre avec des paysages arides et grandioses. Garrel, peintre des visages de femmes, signe avec La Cicatrice intérieure un grand film tellurique, un chef-d'œuvre en liberté capable d'envoûter chaque nouvelle génération de cinéphiles, un précurseur en errance et en angoisse des expériences contemporaines de Gerry ou The Brown Bunny. Il semblerait que les cinéastes qui veulent vraiment filmer l'homme dans sa dimension essentielle, mystique ou archaïque, ne trouvent meilleur paysage que le désert, de Simon du désert de Luis Buñuel à La Cicatrice intérieure de Philippe Garrel, d'un repli vers les origines aux visions d'Apocalypse, d'un âge biblique aux guerres modernes.

Pour rappel, le dernier film de Philippe Garrel, Un été brulant, est en salle depuis le 28 septembre dernier. A cette occasion, le numéro du mois d'octobre des Cahiers du Cinéma propose une belle rencontre avec le réalisateur revenant sur de nombreux sujets et notamment sur le peintre Frédéric Pardo, électron de la constellation Zanzibar.

Prix : 30 euro (prix de vente éditeur)

Pour commander envoyer un mail à theendstore@gmail(point)com

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