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David Fincher ou l'heure numérique

Les excellentes éditions Capricci, que l'on ne présente plus sur ce blog, éditent de manière régulière des "petits" livres d'analyse, un regard critique venant en amont ou en aval de ce qui fait l'actualité cinéma. Le volume 5 de leur collection "Actualité critique" est consacré à David Fincher dont le remake de Millenium (adaptation du best seller suédois) sortira le 18 janvier 2012.


Le premier grand succès public de David Fincher date de 1996 : Seven. Trois ans plus tard, Fight Club fait scandale et devient culte. En 2007, les deux heures et demi sans résolution de Zodiac changent la donne : Fincher s'est apaisé, il prend désormais son temps. Suivront L'Étrange Histoire de Benjamin Button (2009), et The Social Network (2010) qui relate les débuts de Facebook et de Mark Zuckerberg. Trois films racontant la même histoire d’un homme seul perdu dans une tempête de signes et se demandant comment interpréter ou maîtriser les signes qui constituent le monde.

En quinze ans, le statut du jeune cinéaste américain a donc changé : le faiseur est devenu un maître, le réalisateur de clips et de publicités un cinéaste comptant parmi les plus respectés de l'industrie et les plus admirés des cinéphiles. Son obsession est toutefois restée la même : reformuler pour notre époque les obsessions et les paranoïas propres au Nouvel Hollywood des années 1970 ; montrer les puissances et les cauchemars d’un monde toujours plus livré aux forces du numérique ; être à la fois un réformateur et un pionnier. C'est donc la continuité et la nouveauté d’une œuvre que met en valeur cet essai, trois mois avant la sortie de son nouveau film, The Girl With the Dragon Tattoo, d'après la trilogie Millenium.

EXTRAIT
Jouer à résoudre des énigmes (The Game, Seven, Zodiac), à gagner au Monopoly (The Social Network), à se cacher (Panic Room, Alien 3), à se battre (Fight Club) ou à explorer des vies différentes en changeant de costumes (Benjamin Button). Entraînés dans le jeu, provoqués par les signes miroitant sous leur regard, les personnages de Fincher veulent leur donner sens ou bien les maîtriser. Dans les thrillers, les questions morales n’ont finalement que peu d’importance, évacuées au profit d’enjeux cognitifs : quelle signification dégager de ce rouillard d’informations ? Y répondre, c’est se définir, comme l’expérimente Benjamin Button dont l’exploration du monde éprouve la liberté et défie l’étrange pliure du destin sur son corps. Comprendre les signes, en évaluer le sens et la direction, c’est avant tout trouver quelle est sa place sur ce vaste terrain de jeu.

96 pages
Prix : 7,95 euro

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