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Independenza ! Part 14 : Malavida


Une nouvelle année, un nouvel éditeur (indispensable). Crée en mars 2003, Malavida a pour objectif comme bon nombre de ses collègues d'offrir une seconde chance a des films oubliés ou jamais exploités ; des films cultes ou inconnus bref ce qu'on attend d'un éditeur : avoir du nez pour exhumer la rareté qui fera rêvé et fantasmé le cinéphile.

Avant d'évoquer quelques films suédois disponibles également chez l'éditeur, voici les différents titres de leur collection Cinéma Tchèque avec en premier lieu la sortie événement de Valérie au pays des merveilles, qui pour une fois ne démérite pas son titre : c'est une merveille ! (Attention édition limitée à 1000 exemplaires avec la bande originale du film).


Âgée de treize ans, orpheline, Valérie vit sagement avec sa grand-mère. Un mariage se prépare dans le village et on attend la visite de quelques missionnaires. Mais des événements étranges surviennent : un jeune homme, l'Aiglon, vole a Valérie ses boucles d'oreille. Et parmi les comédiens qui arrivent en ville, un personnage inquiétant, le Putois, semble très bien la connaître...

Conte de fées pour adultes, adaptation d'une œuvre du poète Vitezslav Nezval, figure majeure du surréalisme tchèque, c'est le LE film culte de cette décennie miraculeuse du cinéma tchèque. Crée sous la normalisation, le film n'est pas sans arrière pensée politique, s'échappant dans un onirisme libérateur et utopique.

Teinte d'érotisme, le film n'hésite pas a aborder des tabous(l'inceste, la pédophilie) mais sans vulgarité, sous le prisme d'un conte fantastico onirique débride et une forme allégorique. Croisant des nymphes coquines comme des vampires menaçants, le film tire même vers le fantastique gothique. L'image est sublimée a chaque instant par la musique enchanteresse de Lubos Fiser. A la fois d'orgue de cette nouvelle vague et chef d'œuvre décadent, le film est d'une créativité visuelle incroyable. Ancre dans un univers surréaliste,teinte de psychanalyse et de métaphores poétiques, ponctue de “tableaux” a la beauté surnaturelle, Jires raconte le passage de l'enfance a l'age adulte de Valérie, qui rappelle Alice, voire le petit chaperon rouge.



Henri Berankova est un chercheur un peu lunatique, alors que sa femme, Rose s'apprête a présenter une invention révolutionnaire, transformant les cauchemars en doux rêves. Mais un effet secondaire étrange apparaît bientôt : le cauchemar disparait... Mais pour se retrouver “pour de vrai” dans la réalité physique. Henri s'endort ce soir la en lisant une BD de science-fiction dont l'héroïne est une plantureuse jeune femme...

A la fois œuvre de genre et réflexion politique, le film réussit le prodige d'être simultanément inventif et très drôle, grâce a un rythme effréné et a un excellent sens comique. Bien superieur a ce qui faisait a l'époque des deux cotes du rideau de fer, le film reste un OVNI au charme inimitable.

La beauté plastique de l'actrice principale, Olga Schoberova, la “Brigitte Bardot tcheque”, la reussite de trucages sans prétention, un humour absurde et irrésistible et le generique en BD “animee”, par le dessinateur Kaja Saudek, en font une petite merveille dont les double-sens politiques ne sont pas pour rien dans la saveur truculente de cette indéniable réussite.



Marie 1 et Marie 2 s'ennuient fermement. Leur occupation favorite consiste à se faire inviter au restaurant par des hommes d'âge mûr, puis à les éconduire prestement. Fatiguées de trouver le monde vide de sens, elles décident de jouer le jeu à fond, semant désordres et scandales, crescendo, dans des lieux publics…

Incarnation éclatante de l’inventivité et du talent de la nouvelle vague tchèque. Ce film, censuré très rapidement après sa sortie, est devenu culte dans le monde entier. Vera Chytilova avait alors scandalisé la Nomenklatura à l’Est et époustouflé l’Ouest par sa liberté de ton et son insolence.




LA MORT DE M. BALTAZAR (J. Menzel) : Le père, la mère et l’oncle rencontrent un unijambiste lors d’une course motocycliste. Le handicapé soutient M. Baltazar qui, sous ses yeux, a un accident et se tue.

LES TRICHEURS (J. Nemec) : Dans une chambre d’hôpital, deux vieillards se vantent de leurs succès dans la vie. Peu après, ils se retrouvent, tous les deux, à la morgue. Un employé s’aperçoit que rien de ce qu’ils racontaient n’était vrai. C’était des tricheurs.

LA MAISON DE JOIE (E. Schorm) : Deux agents d’assurance démarchent pour leur compagnie et arrivent dans la maison d’un peintre très curieux. Chaque recoin est entièrement recouvert de peintures et la mère du peintre explique…Les placiers n’arrivent à rien…

SELF-SERVICE UNIVERS (V. Chytilova) : C’est un repas de mariage dans un restaurant de banlieue. Le serveur découvre une fille perdue dans les toilettes. La police arrête le marié. La mariée ne veut pas rester seule. Elle part avec un jeune homme, probablement le fiancé de la fille perdue.

ROMANCE (J. Jires) : Un jeune plombier rencontre une jeune gitane et l’invite chez lui. La gitane se met à planifier leur vie future et le plombier l’écoute sans aucun enthousiasme.

LA MORT DE M. BALTAZAR de Jiri. Menzel LES IMPOSTEURS de Jan. Nemec LA MAISON DE LA JOIE d’Evald Schorm BISTROT « LE MONDE » de Vera Chytilova ROMANCE de Jaromil Jires

Film manifeste des réalisateurs de la nouvelle génération, celle qui commence à tourner au début des années 60, ces adaptations de nouvelles de Bohumir Hrabal marquent la reconnaissance de ce que les tchèque vont appeler la jeune vague, à la fois en référence et en opposition à la Nouvelle vague française. Il rassemble la fine fleur des nouveaux talents tchèques, exprimant des personnalités différentes mais un même ton doux-amer, un même regard bienveillant, une critique sous-jacente d’une société sous surveillance.



En Bohême, au XIIIème siècle. Christianisme et paganisme s’affrontent. Des brigands, mené par Mikolas, aux ordres du Seigneur Bouc, attaquent une caravane de chevaliers allemands qu’ils tuent sans pitié, excepté le jeune prince Kristian, qu’ils ramènent à leur camp. C’est le début d’un affrontement violent avec Lazar, allié des allemands, seigneur voisin et voleur, qui destine sa fille, la belle Marketa, au service de Dieu.

Adapté du roman éponyme de Vladislav Vancura, considéré comme un sommet (inadaptable) de la littérature tchèque, Marketa Lazarova est une réussite unique, fresque épique et sauvage, splendeur visuelle, conte tragique et chronique historique réaliste. Le récit porte un souffle élégiaque, entrecroisant deux histoires d’amour fou au milieu des batailles.



La tranquille vie d’un petit village tchèque dans les années 80. Tous les matins, Pavek, un brave type qui conduit le camion de la coopérative, part au travail, accompagné par son assistant, Otik, le simple d’esprit. Pavek, fatigué des gaffes incessantes de son coéquipier, aimerait s'en débarrasser mais sans succès.

Mon cher petit village montre un humour en demi teinte mais décapant, une vision insolente et cocasse, dénonçant toujours en filigrane les travers de la société tchécoslovaque. Ici très inspiré par une esthétique burlesque issue du cinéma muet, un jeu subtil avec les corps, proche du pantomime (une influence de Tati ?), il fait montre des mêmes qualités qu’à ses débuts: subtilité des notations psychologiques et sociales, humour décalé, tendresse pour ses personnages.



Dans un petit village, Robert, instituteur, apprend à ses élèves à respecter la nature et à résister au conformisme ambiant. Un magicien arrive dans la bourgade, accompagné de la belle Diana et d’un chat. L’animal a la faculté de révéler les vertus et les vices cachés des hommes : d’un simple regard, les hommes changent de couleur…

Fable philosophique, teinté d’un humour malicieux, Un jour un chat donne le coup d’envoi des reconnaissances internationales du cinéma tchèque avec ses prix cannois (Prix spécial du Jury, Prix de la Commission technique, …). Traité sur un mode léger, abordant des genres divers, (ballet, comédie musicale, fantaisie visuelle), le sujet n’est pourtant pas innocent : la vrai nature des gens dans un pays cadenassé où chacun est surveillé…



Vaut-il mieux vivre dans une heureuse ignorance ou faut-il choisir la vérité et subir les conséquences de la connaissance? Les époux Eva et Josef se trouvent dans une pension de famille. Eva, intriguée par Robert, un mystérieux étranger, visite sa chambre en cachette. Elle comprend qu’il s’agit de l’assassin de femmes recherché par la police. Josef ne veut pas y croire…

Le film suit immédiatement Les petites marguerites dans la filmographie de Chytilova avec la même équipe : Jaroslav Kucera à la photo et Ester Krumbachova en co-scénariste et « art designer ». Le film, faisant preuve d’une trop grande liberté esthétique et scénaristique, est directement censuré en 1969. Audacieux dans son utilisation de la couleur et de la mise en espace, la construction scénaristique et les dialogues surréalistes ne pouvaient que choquer les tenants du réalisme socialiste. Un film avant-gardiste.



Deuxième guerre mondiale. Deux jeunes hommes sautent d’un train de déportés. Par miracle, ils gagnent la forêt où ils tentent de survivre. Au cours de leur course éperdue, ils revivent encore et encore des scènes de leur vie d’avant, au milieu d’hallucinations causées par la faim, la fatigue et la peur de mourir. Ils sont bientôt pourchassés par un groupe de vieillards armés…

Adaptation d’une nouvelle d’Arnošt Lustig, le 1erlong -métrage de Nemec, est une des œuvres qui pointent la naissance d’un nouveau cinéma tchèque, en liberté . S’y affirment un talent et une sensibilité originale au travers d’une recherche plastique et scénaristique. Le film a marqué les esprits, avec un parti pris de mise en scène courageux, à la limite de l’abstraction, influencé par le surréalisme et Resnais., et s’attaquant à la monstruosité du nazisme.


Ludvik Jahn, responsable d'un service hospitalier, découvre qu’Helena, une journaliste radio, est l'épouse d'un ancien camarade d'études, Pavel, responsable de son exclusion de l’Université et des jeunesses communistes. Pour une plaisanterie anodine, il est incorporé dans un bataillon militaire 2 ans et demi, écope d’un an de prison disciplinaire et de 3 ans dans les mines. 15 ans après, l’occasion est trop belle de se venger…

Le scénario de Jaromil Jires et Milan Kundera est tiré du roman éponyme de ce dernier, le 1er de ses romans au succès mondial. Cette adaptation, où ils n’hésitent pas à couper ou à transformer certaines scènes, aujourd’hui considérée comme la meilleure d’après l’oeuvre de kundera, se fait en 1967, avant–même la parution du livre. Le film finit de se tourner après l’arrivée des chars soviétiques. La sortie, en 1969, est un triomphe public, paradoxal et amer, vécu par les tchèques comme un acte de résistance.



Pierre, un adolescent de 16 ans un peu perdu, timide et gauche, rentre dans la vie. Tout se télescope: le manque d'expérience avec les filles, un père moraliste et sentencieux, l'arrivée dans le monde du travail. Il sort bien avec une fille, mais sans réussir à construire une relation forte. Et puis il croise d'autres jeunes, comme lui inadaptés à cette société en faillite….

Une trame fictionnelle minimaliste, des instants de vie de gens ordinaires : fortement influencé par le cinéma vérité, Forman vise un cinéma au quotidien et authentique. Avec un regard à la fois tendre et lucide, il mêle humour et mélancolie, rire et désespoir, avec une fascination pour le grotesque, le comique de situation et les films muets. Son goût pour l’improvisation contrôlée induit une satire sociale corrosive: derrière l’ironie, Forman dénonce un système qui court à sa perte.



Petr et Bambas sont d’anciens camarades de conservatoire. Petr, aujourd’hui soliste violoncelliste à Prague, vient donner un concert dans la ville de province où Bambas, directeur d’une école de musique, l’a invité pour compléter l’orchestre local. Petr est accompagné de sa jeune amie. Bambas les accueille dans sa maison, où il vit avec sa femme, ses enfants et … ses beaux-parents.

Dans cette comédie douce-amère, pas d’intrigue, pas de drame, juste la vie comme elle va. La vie d’une galerie de personnages savoureux et attachants, servie par des acteurs habités, des dialogues d’une absolue fluidité et d’une drôlerie constante, grâce à une construction subtile et éclatée. Réussissant à être juste et émouvant, par petites touches sensibles et pittoresques, Ivan Passer nous livre ici une délicieuse tranche de vie.



Bien éméchés, un vice-ministre du régime communiste et sa femme rentrent chez eux après une grande réception officielle, au cours de laquelle ils apprennent la déchéance de son ministre de tutelle. La porte de leur maison est ouverte, il n’y a plus d’électricité chez eux et des ombres errent autour de l’habitation.

Huis–clos sidérant de violence psychologique et d’attaque directe du régime (police politique, écoutes permanentes, etc…), Kachyna réussit à mêler crise conjugale d’un couple aux abois et dénonciation d’une société cadenassée, en jouant sur un point commun : l’écroulement moral. Interdit à sa sortie. Ce fut le point d’orgue de la collaboration sur plusieurs films dans les années 60 de Kachyna et du scénariste et écrivain Jan Prochazka, qui ne craignent pas d’aborder des problèmes sociaux et politiques.


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