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ZANZIBAR, Les films Zanzibar et les dandys de Mai 1968



PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR
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Réalisés autour de Mai 1968 par une douzaine d'enragés dont le chef de file incontesté est Philippe Garrel, les films Zanzibar relèvent d'une ''innocence sauvage'' qui frappe par sa violence comme par sa lucidité. L'auteure lève le voile sur l'une des expériences les plus surprenantes de l'histoire du cinéma français.

" Les films Zanzibar ont été pour moi l'une des plus grandes découvertes du cinéma français. Aucun cinéphile ne peut les manquer. Ils sont un lien passionnant entre la Nouvelle Vague et l'avant-garde, entre le film poème et le film narratif. Ces films n'ont rien perdu avec le temps, bien au contraire. Ils ont gagné en intensité dans leur vision personnelle, poétique et cinématographique. " Jonas Mekas (2000).


PRÉSENTATION DU GROUPE ZANZIBAR
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Pendant les années soixante, la tension sociale monta jusqu’à atteindre son paroxysme en 1968. Au mois d’avril se tenait le Festival du Jeune Cinéma d’Hyères. C’est à cette occasion que se sont rencontrés les membres qui formeront par la suite le groupe Zanzibar :

-Alain Jouffroy, poète et écrivain, mentor du groupe
-Philippe Garrel, jeune cinéaste prodige, le plus connu du groupe
-Daniel Pommereulle, peintre, membre du parti communiste, réalisateur de deux films et acteur dans des films de Godard et de Rohmer
-Bernadette Lafont, muse de la Nouvelle Vague et actrice des films de Garrel
-Patrick Deval, cinéaste et critique
-Jackie Raynal, très jeune scénariste des films de Rohmer, réalisatrice
-Michel Fournier, chef opérateur des films de Garrel et de presque tous les films Zanzibar

D’autres jeunes gens les ont rejoints à leur retour à Paris pour participer au tournage du premier film répondant à l’appellation Zanzibar. Il s’agissait de Détruisez-vous, de Serge Bard. Alors étudiant à Nanterre en ethnologie, S. Bard prend une caméra pour dénoncer le système universitaire. Ce film sera interprété par la suite comme extrêmement prémonitoire des événements de mai 68.

C’est surtout la rencontre avec Sylvina Boissonnas, qui permit au groupe de réaliser des films. Cette riche héritière séduite par l’esprit de mai 68 et par les projets du groupe Zanzibar finança tous les films (une trentaine entre 1968 et 1970) et même, en 1969, une expédition à travers l’Afrique, vers Zanzibar.
Grâce à ce mécénat, les films Zanzibar sont d’une très grande qualité matérielle : tournés en 35mm, bonne équipe technique…
Ces films, bien que réalisés par de très jeunes gens (entre vingt et trente ans) non professionnels, font tous preuve d’une esthétique très élaborée et très travaillée.

Nourris de la Nouvelle Vague, mais adoptant un rythme beaucoup plus contemplatif, ces films mettent en scène de beaux acteurs, jeunes et brillants pour la plupart issus des milieux de la mode (Zouzou, modèle de Jean Paul Goude, Caroline de Bendern…) ou détournent les acteurs de la Nouvelle Vague (Bernadette Lafont mais aussi Jean-Pierre Léaud, Pierre Clémenti, Laurent Terzieff). Mais l’un des principes de ce groupe était également de tenir des rôles interchangeables sur les tournages, les acteurs comme les techniciens passant à la réalisation et les réalisateurs jouant dans les films des autres au côté des écrivains ou des peintres proches de ce mouvement.
L’autre caractéristique de ces productions est de considérer le film comme un moyen de faire agir le spectateur. Il ne s’agit plus ni de divertissement, ni d’art, il s’agit de faire prendre conscience, de jouer un véritable rôle social. Ils rompent par là la notion de film d’auteur, l’individu s’effaçant derrière le nom du groupe.

La plupart de ces films n’ont existé que le temps d’une projection ou ont été “ perdus ” par les laboratoires. Ce caractère éphémère convenait tout à fait à l’esprit de ce groupe. Les films n’étaient pas faits pour durer, ils étaient en eux-mêmes des actes révolutionnaires. L’exemple le plus frappant est celui du film de Serge Bard : Ici et Maintenant. Il explique ce titre comme faisant référence au contraire du cinéma qui est toujours ailleurs et avant. Ce film par un grand plan-séquence de vingt minutes sur le visage de l’actrice fixant les spectateurs les invitent à (ré)agir.

Ce caractère éphémère a fait qu’après la dissolution du groupe en 1970, il ne restait presque plus de traces de leur travail. Il existe aujourd’hui très peu d’ouvrages sur eux. Après mai 68, beaucoup quittèrent la France, momentanément ou définitivement. Sylvina Boissonas s’engagea dans les mouvements féministes tandis que d’autres comme Caroline de Bendern ou Jackie Raynal allèrent aux Etats-Unis. Parmi les cinéastes seul Philippe Garrel atteint une certaine notoriété. Devenu le symbole du renouvellement de la Nouvelle Vague, il fut assez soutenu par les Cahiers du Cinéma, bien qu’étant à la limite du cinéma narratif.


source : Malavida pour le dvd Le révélateur.

LISTE DES FILMS "ZANZIBAR"
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MARIE POUR MÉMOIRE (Philippe Garrel, 1967)
LE LIT DE LA VIERGE (Philippe Garrel, 1968)
LE RÉVÉLATEUR (Philippe Garrel, 1968)
LA CONCENTRATION (Philippe Garrel, 1968)
DÉTRUISEZ-VOUS (Serge Bard, 1968)
DEUX FOIS (Jackie Raynal, 1968)
HOME MOVIE, AUTOUR DU ‘LIT DE LA VIERGE’ (Frédéric Pardo, 1968)
FUN AND GAMES FOR EVERYONE (Serge Bard, 1968)
ICI ET MAINTENANT (Serge Bard, 1968)
LA RÉVOLUTION N’EST QU’UN DÉBUT. CONTINUONS LE COMBAT (Pierre Clementi, 1968)
CHROMO SUD (Etienne O’Leary, 1968)
UN FILM PORNO (Olivier Mosset, 1968)
ONE MORE TIME (Daniel Pommereulle, 1968)
ÉMET (Claude Martin, 1969)
VITE (Daniel Pommereulle, 1969)
ACÉPHALE (Patrick Deval, 1969)
KEEPING BUSY (Michel Auder, 1969)
L’HOMOGRAPHE (Michel Fournier, 1969)
UN FILM (Sylvina Boissonnas, 1969)

Les films Zanzibar sont en vente sur theendstore.com
Acéphale
Détruisez -Vous
Deux fois
Fun and games for everyone
Le lit de la vierge
Le révélateur

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